Inscription au cours : Wicca fondation
Déesse, accorde-moi la grâce d’accepter avec sérénité les choses que je ne peux changer,
le courage de changer celles qui peuvent l’être,
Et la sagesse pour les distinguer.
J’ai récemment traduit un sortilège de Phyllis Curott qui utilise la prière de la sérénité. Attribuée au théologien américain Reinhold Niebuhr, cette prière aurait été rédigée dans les années 1930 avant d’être popularisée par les Alcooliques anonymes dans leur Big Book paru en 1939. J’ai souhaité ajouter une note à cette traduction, mais finalement elle était bien trop longue et j’ai préféré en faire un article, dans la section « partage d’expérience ». Peut-être que cela sera utile à quelqu’un, à un moment particulier de la vie, lorsque tout paraît sombre.
Cette prière, que j’ai redécouverte en début d’année au détour d’un livre de psychologie, m’a frappée d’une manière nouvelle. Je me suis alors amusée à la traduire et à substituer le mot « Dieu » par « Déesse ». Elle a résonné en moi avec une force singulière, à cet instant précis. Après une longue période éprouvante, marquée par la maladie de proches, de deuils, de tensions familiales, j’éprouvais une forme de ‘dé-s-espoir’, j’avais perdu l’espoir, pas nécessairement d’une chose en particulier, c’était une sensation bizarre, informe (rien à voir avec des détraqueurs, j’ai mangé pas mal de chocolat, rien n’y faisait ;o)). J’avais aussi perdu mes illusions, et même si je trouvais la leçon rude, elle était nécessaire et saine. Mais je sentais que je m’éloignais toujours un peu plus de ma spiritualité, de moi-même, de la vie.
Elle a d’abord été comme une lumière diffuse dans l’obscurité. Ses mots m’ont alors rappelé l’importance de l’humilité : je ne peux pas tout contrôler, car je ne suis pas surhumaine, je ne peux faire que de mon mieux, même si cela n’est pas suffisant. Cette humilité m’a permis de lâcher prise et d’accepter que parfois, la vie, ce soit le chaos. Cela m’a permis également de prendre du recul et de m’ouvrir à une nouvelle compréhension du monde et de moi-même, apportant plus de souplesse et de fluidité dans ma manière d’aborder la vie.
Elle invoque le courage de changer ce qui peut et doit l’être. Bien que plusieurs mois aient passé, j’éprouve toujours un certain étonnement par rapport à ces changements. Ils ont concerné des choix difficiles, car très inconfortables sur le moment et après, même s’ils étaient nécessaires. Il ne s’agissait pas de peser des points positifs et négatifs dans une liste, mais de trancher entre des options imparfaites, choisir le moindre mal, même si aucune alternative ne semble idéale. Ce courage invoqué m’a aussi permis de poser des limites essentielles, à la fois pour moi et dans mes relations aux autres.
Cette prière m’a également offert une source de réconfort. Je me sentais « seule » dans ces épreuves et j’ai alors eu le sentiment de pouvoir me tourner vers une force plus grande que moi, qui me dépasse, et enfin déposer le fardeau de mes épaules. Je m’ouvrais à nouveau à la présence de la Dame dans ma vie.
Enfin, ces paroles m’ont rappelé que, malgré l’irréversibilité de certaines choses, des miracles demeurent possibles. Cette perspective a ravivé l’espoir que j’avais perdu et cela a tout changé. J’ai eu le sentiment de me reconnecter à la vie, sa beauté et sa magie.
Et ainsi, elle a amorcé ma reconnexion à la spiritualité qui a été un moment charnière. Pourtant, étrangement, j’ai accueilli cette prière et puis je l’ai oubliée. Lorsque j’ai ressenti la nécessité de réécrire la Neuvaine à la Déesse qui défait les nœuds, je l’ai intégrée inconsciemment à l’acte de contrition qui doit être dit pendant les 9 jours consécutifs. Je m’en suis aperçue une fois la réécriture achevée. Ce phénomène d’intégration inconsciente et de résurgence spontanée est sans doute habituel, mais je ne peux pas m’empêcher d’y voir un peu de magie. Ces paroles simples, bien qu’oubliées, ont continué à exercer leur influence souterraine, attendant le bon moment pour ressurgir de manière spontanée et naturelle. Agissant comme un catalyseur de transformation intérieure qui ne s’est pas imposée brutalement, mais naturellement.
Je ne saurais dire avec certitude si cette prière m’a permis d’exprimer des émotions profondes, inconfortables et douloureuses durant cette période d’épreuves. C’est probable. Ce dont je suis sûre, c’est qu’elle a eu un effet profondément cathartique, m’apportant un certain apaisement. Elle m’a ramenée à moi-même, à cette façon d’envisager le monde avec poésie, à l’envie de contempler les beautés de la nature, de créer, de peindre, de partager, de célébrer… Malgré tout !
Lune.
Photo (gauche) : Solitude in the field, Daniel Norin.
Photos (droite) : Lune.