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J’ai récemment terminé Weaving Fate (en anglais uniquement), un livre d’Aidan Wachter, et j’en avais parlé sur notre groupe privé Facebook. Comme depuis, je l’ai mis en pratique avec des résultats qui vont au-delà de mes attentes, j’ai voulu en faire un petit article. Rien de trop formel, juste une envie de partager. D’ailleurs, plutôt que de réécrire tout mon post (et vu que la motivation fait un peu la sieste), je préfère le copier-coller ici tel quel : au moins, ça circulera.
Aidan Wachter est un praticien éclectique de la magie depuis les années 1980. Il se définit comme un animiste, et son approche est profondément spirituelle, intuitive et non dogmatique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages devenus des références dans les cercles occultes, notamment Six Ways, Changeling et Weaving Fate donc. Son travail mêle sorcellerie, magie du chaos, traditions populaires, psychologie et techniques de transformation personnelle.
Comme le concept d’hypersigil reste assez méconnu, je vous invite à jeter un œil à l’article que j’ai récemment rédigé sur le sujet : Hypersigils, hackez la réalité par la magie narrative. Et pour celles et ceux qui ont la flemme (ça arrive !), voici un petit résumé pour poser les bases.
Qu’est-ce qu’un hypersigil ?
Contrairement au sigil « classique » (procédé d’Austin Osman Spare) qui est généralement un symbole graphique statique condensant une intention magique à oublier ensuite, l’hypersigil est une œuvre narrative prolongée qui agit comme un sortilège vivant et transforme la réalité de son créateur au fur et à mesure qu’elle se déploie. Elle peut agir également sur le monde, la culture…
Le concept d’hyper ou supersigil a été développé par l’occultiste et scénariste de comics Grant Morrison. Celui-ci a d’ailleurs utilisé sa série The Invisibles comme un hypersigil. À la suite de quoi, les événements de sa vie ont commencé à refléter ceux de son personnage King Mob, jusqu’à des synchronicités troublantes.
L’hypersigil peut être une série de BD, de peintures, de romans, de films, de danses, d’albums de musique et autres performances artistiques.
Explorer…
J’avais très envie d’expérimenter les hypersigils depuis des années et je sentais que c’était le bon moment, je me suis donc replongée dans la lecture de Weaving Fate, laissée en plan depuis des années.
Si Wachter déclare utiliser le concept d’hypersigil dans la technique du black book présentée dans son livre, sa démarche est tout de même différente. Et elle plaira sans doute davantage aux personnes discrètes ou qui n’ont pas le désir de créer d’œuvres artistiques, mais que les hypersigils inspirent tout de même.
Les trois outils
Wachter propose trois outils pour surfer ou naviguer sur la toile de notre destinée. Toile qui n’est pas figée mais vivante, mouvante et malléable.
Ces trois outils sont :
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Le black book (livre noir) : il s’agit d’un journal intime et magique dans lequel nous écrivons ce que nous souhaitons changer ou voir advenir, comme si cela était déjà arrivé. Rien de nouveau sous le soleil, c’est un classique en magie — et même en développement personnel. On pourrait voir dans ce livre noir un journal de manifestation sauce chaote. Mais il s’agit ici d’un travail mieux pensé et plus profond. On fait semblant, on écrit de « vrais mensonges » pour se reprogrammer, mais aussi pour explorer, essayer, se tromper. L’écriture et la démarche sont organiques. On y retrouve la psychologie du « comme si » d’Alfred Adler. Le black book est directement lié aux deux autres outils.
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Le corridor : outil imaginal, le corridor est un espace intérieur que l’on crée par visualisation (au sens large), dans lequel on peut marcher à travers le temps et l’espace. Il permet de visiter ou revisiter des lieux, des périodes et des événements passés ou à venir et d’effectuer des changements profonds. Non pas pour modifier nos souvenirs, mais plutôt nos réactions intérieures face à eux, et ainsi leur influence — ou en y apportant des ressources nouvelles. Le corridor nous permet aussi de nous connecter à des versions futures de nous-mêmes et manifester des changements concrets. On joue ici avec la dissonance cognitive, on travaille sur des boucles de rétroaction. J’y retrouve clairement des techniques de voyages intérieurs, du core-chamanisme, de l’imagination active de Jung. Je reconnais également le travail sur l’ombre de Jung, du recadrage de l’hypnose et de la PNL, des techniques d’autohypnose.
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La fever stone (pierre de fièvre) : le but est de guérir nos traumatismes et héritages psychiques, transmis par nos lignées familiales ou sorcières/spirituelles, la culture, l’environnement, les fausses croyances qui ne nous appartiennent pas et qui ne nous sont pas bénéfiques : pour les transmuter en une puissance créative, une énergie disponible. Là aussi, c’est une pratique similaire aux extractions chamaniques, version solo. Un travail alchimique. Évidemment, un travail sur l’ombre, ainsi qu’un recadrage.
Les trois pratiques s’entrelacent pour créer une dynamique de rétroaction, nous permettant d’intégrer nos récits comme authentiques, à la fois dans le corps, le mental et l’âme. Ce processus engendre une reconfiguration profonde de notre identité, redéfinissant nos possibles, ce qui est atteignable. C’est une reprogrammation magique, mentale et physique.
Wachter ne réinvente pas la roue, certes, mais son approche est intelligemment conçue et particulièrement pertinente. Inspirée des meilleures traditions, sa dirt sorcery m’a immédiatement parlé. Je n’ai jamais réussi à intégrer véritablement le recadrage dans ma pratique, mais ici, sa perspective me semble mieux résonner avec ma sensibilité.
L’auteur tisse un réseau subtil de techniques, philosophies et systèmes, qui dialoguent entre eux et se renforcent mutuellement.
Depuis ma lecture, j’ai expérimenté sa méthode du black book, sans m’encombrer des tralalas rituels, allant à l’essence. Résultats : bluffants. Le principe me semble fonctionner ainsi : j’écris que je vis telle chose, mon inconscient a besoin que ce soit raccord avec ma réalité, et il met tout en œuvre pour me faire agir en conséquence. Bref, j’ai dépassé un blocage. Mémé Ciredutemps dirait que c’est de la têtologie et elle aurait raison. Cependant, j’ai le sentiment que ce n’est pas entièrement ça. Il y a cet arrière-goût typique de magie, ce truc indéfinissable. Disons que tout se met en place pour que cela fonctionne !