Madge Worthington, une extraordinaire grande prêtresse

Inscription au cours : Wicca fondation

Madge Worthington, une extraordinaire grande prêtresse
traduction par Lune & Lughnasadh

Pagan Federation

Madge Worthington est morte le 6 novembre, seulement quelques jours après son quatre-vingt-douzième anniversaires. Cette grande dame était un membre honoraire de la Fédération païenne depuis le début, et elle avait l’habitude d’assister aux conférences et aux rencontres du Concile jusqu’à il y a six ans, lorsqu’elle est devenue trop frêle.

Madge était immensément importante dans le développement de la Tradition Gardnérienne. Elle a été initiée aux alentours de 1964 par son grand prêtre, Athur, qui était lui-même initié par Eleanor (Rae) Bone qui mourut en 2003. Madge et Arthur se rencontraient habituellement dans la maison de ce dernier dans le Whitecroft Way, et de nos jours, ses « descendants magiques » disent être de la lignée de Whitecroft.

Malheureusement, dans ses dernières années, Madge a été progressivement immobilisée par la maladie de Parkinson, et incapable de poursuivre ses grandes passions – l’Art, l’Ecologie et le bien-être des animaux.

Les articles suivants ont été imprimés dans Pagan Dawn (numéro 151, Beltane 2004) en honneur à son quatre-vingt-dixième anniversaire. Dans cette revue, quatre membres de longue date de la Fédération païenne rendent hommage Madge. Malheureusement, deux de ces gens, Harry Green et Maureen Brown, sont tous deux morts depuis la parution des articles et seront là pour accueillir Madge au Pays de l’Été.

Madge et la Fédération païenne
Par Prudence Jones

Dans les débuts de la Fédération païenne, Madge était une brave championne de la Vieille Religion. Tôt après la première édition du The Wiccan (le précurseur de Pagan Dawn), le coven derrière le magazine fut infiltré et Madge et d’autres furent exposés dans un affreux article de journal à sensation. Elle n’est pas partie, c’est une caractéristique de son attitude qui n’est pas récente, malgré l’ostracisme des voisins et l’éloignement de la part de sa famille, mais a continué à s’engager dans The Wiccan et avec son initié, son éditeur, John Score.

Madge entra en contact avec l’Art dans le début des années 60, lorsqu’elle avait la quarantaine. Là, au moins, c’était naturel, une religion orientée vers la vie, non accablée du poids des péchés du genre du christianisme. La beauté et le plaisir étaient sacrés, et les sorciers étaient encouragés à être un avec les flux de la nature – plutôt le genre de Madge. Elevée dans plusieurs parties du Vieil Empire, elle apprit à naviguer sur un canot très jeune. Lorsqu’elle se maria, elle mortifia les mâles plaisanciers en participant à leur course annuelle sur la Tamise et en les battant tous d’une très longue distance.

Après les atrocités des journaux, elle accueillit la rencontre inaugurale du Pagan Front, le 1er Mai 1971, dans sa maison au bord de l’eau. Le Pagan Front deviendra plus tard la Pagan Federation. En avril 1970, elle avait déjà commencé à organiser un groupe de discussion sur la Sorcellerie dans un café de Londres, et bientôt le nouveau Pagan Front encouragea ses membres à former des groupes similaires à travers tout le Royaume-Uni. Ceux-ci sont dûment devenus les rencontres de la Pagan Federation.

L’intérêt principal de Madge durant les années 70 était de diffuser l’Art aux initiés appropriés. Avec Arthur, son grand prêtre, elle initia beaucoup de gens et leur donna l’expérience du travail en coven, pour qu’ils puissent partir et en fonder à leur tour. Tout comme l’initiatrice de son initiateur, Rae Bone, Madge a toujours dit que les ornements de la magie cérémonielle n’était pas important pour l’Art, qui est essentiellement une sorte de canalisation de la force vitale.

Beaucoup de gens sont passés par le groupe de Madge, mais lorsqu’Arthur mourut en 1981, elle se retira progressivement de la Sorcellerie « active » et vécut une vie tranquille en tant que membre honoraire de la Pagan Federation, soutenant ses œuvres de charité envers les animaux, sans être très en vue dans le monde païen. C’est notre plaisir d’offrir maintenant à cette impressionnante et influente femme la reconnaissance qu’elle mérite.

Souvenirs de Madge
Par Vivianne Crowley

En 1974, Madge devint ma Grande Prêtresse. Le coven Alexandrien, dans lequel j’ai été initiée pour la première fois, traversait une période de turbulences et le reste du coven ne se sentait plus « comme à la maison ». Une copie de seconde main d’un guide sur les sciences occultes donnait l’adresse d’un « groupe de discussion sur la Sorcellerie ». J’écrivis en disant que j’étais intéressée et je reçus une réponse rapide de la part d’Arthur, le Grand Prêtre de Madge, m’invitant à prendre le thé un après-midi dans la banlieue chic du Kent. La porte d’entrée de la maison d’Arthur dans Whitecroft Way (ndlt : nom de la voie) s’annonçait prometteuse en terme de sorcellerie, avec son feuillage envahissant et son heurtoir de porte en fer forgé.

Arthur ouvrit la porte, le sosie de Gerald Gardner plein d’esprit et de vitalité et je réalisais que le « Groupe de Discussion de la Sorcellerie » était un groupe d’un âge très différent des Alexandriens d’où je venais et avec lesquels j’avais travaillé – la plupart des sorcières étaient adolescentes et avaient rejoint le coven, dont l’âge minimum était 18 ans.

Dans le salon d’Arthur, je trouvais le groupe de discussion, présidé par Madge, une femme à la présence extraordinaire et à l’allure aristocratique. Elle mesurait environ 1,80 m et avait des cheveux gris qui lui tombaient jusqu’à la taille, je devinais qu’elle avait la cinquantaine, de ma perspective fantastiquement antique. « Désirez-vous du thé ? » Une autre charmante dame d’un certain âge avec un impressionnant collier en ambre et jais versa du thé dans une tasse de porcelaine chinoise décorée de motifs de saule.

Des sandwichs proprement disposés et coupés en quartier suivirent, puis du gâteau de Battenberg et quelques douces questions de la part de Madge et d’Arthur à propos de mon engagement dans l’Art. D’autres après-midi pour boire le thé suivirent jusqu’à Hallowe’en (la mode d’appeler le 31 octobre Samhain est venue bien plus tard) où je fus initiée au sein du Coven d’Arthur et de Madge. La partie la plus impressionnante de l’initiation fut l’interprétation de la Charge par Madge. Cette interprétation avait une qualité différente de tout ce que j’ai pu entendre auparavant au cours d’un rituel. Plus tard, j’ai compris pourquoi : Madge et Arthur connaissaient les rituels par cœur. Ainsi, ils deviennent pleinement clairs et en intégrant les mots dans nos cœurs et notre esprit, ils deviennent une part de nous et un véhicule pour la transmission de l’énergie. La phrase « mot de pouvoir » prend soudain un sens qu’elle n’avait jamais eu auparavant.

L’initiation s’est terminée par le retirement du bandeau et je me suis retrouvée face à une vraie reine sorcière – Madge, ses gracieux cheveux gris défaits, magnifique avec sa couronne de lune, une véritable représentation de la Déesse. Je ne savais pas que les femmes plus âgées pouvaient être si belles.

Les leçons de ces premières rencontres avec Madge et Arthur sont restées en moi : leur empressement à faire entrer au sein de leur coven une jeune sorcière, le pouvoir du rituel appris plutôt que lu, cet âge, sagesse et dignité ont leur propre beauté, et le pouvoir du chant et de la danse pour faire de la magie.

Madge et Arthur, par leur empressement à accepter les autres, sont devenus les deux initiateurs les plus prolifiques de leur génération. Je n’ai aucune idée du nombre de leur descendants. Certainement des centaines ; peut-être plus de mille. Tout deux ont des enfants physiques. Tout deux ont des enfants spirituels, petits-enfants, arrière petits-enfants, arrière arrière petits-enfants – au moins quatre générations de sorcières à travers le monde – car on trouve leurs descendants à travers toute la Grande-Bretagne, l’Europe Continentale, le Canada et les États-Unis, et dans beaucoup d’autres pays également. Ils sont un hommage vivant à la dédicace de l’Art, à la Déesse et à la renaissance de la Sorcellerie de Madge et de son grand-prêtre Arthur qui s’en est allé au pays de l’été il y a quelques années déjà.

(dernière partie en cours de traduction)