L’achillée millefeuille

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Achillée millefeuille (Achillea millefolium). Par le Dr Wolf-Dieter Storl. Extrait du livre : Witchcraft Medicine: Healing Arts, Shamanic Practices, and Forbidden Plants. Traduction & adaptation : Lune.

Ndlt : je ne suis pas du tout fan de Steiner ni de l’agriculture biodynamique mais à part ça, l’article est intéressant.

L’achillée est l’une des principales plantes sacrées du solstice d’été. Elle est sacrée pour août et il s’agit d’une plante médicinale appréciée. La tisane d’achillée a un goût légèrement amer et piquant, et c’est un diaphorétique doux ; prise dans le cadre d’un traitement, elle aidera le corps à se débarrasser de ses toxines. L’achillée réduit la pression artérielle, désinfecte les voies urinaires, elle est anti-inflammatoire et elle soulage les crampes. En raison de ses principes amers, elle stimule tout le système digestif et accroît la production de bile. En d’autres mots, c’est un véritable fortifiant. Elle était également prise au Moyen-Âge lorsque la peste noire est apparue.

Lorsque l’achillée et le pissenlit fleurissent, c’est pour le bien des humains.

— Dicton populaire.

Le nom scientifique du genre est Achillea et fait référence à Achille, le héros de la guerre de Troie. Sa mère l’a rendu invulnérable aux blessures en le tenant dans le feu céleste durant la nuit et en le guérissant avec l’ambroisie au matin. Seuls ses talons par lesquels elle le tenait sont restés vulnérables. C’est à cet endroit sans défense que la flèche empoisonnée et mortelle de Paris a frappé Achille. C’est sur les conseils d’Aphrodite, la déesse de cette plante au parfum agréable, qu’Achille a placé l’achillée sur sa blessure et a été immédiatement guéri (Birmann-Dähne, 1996: 92).

En tant que jeune guerrier Achille, comme Asclépios et d’autres grands hommes versés dans les arts de la médecine, est entré en apprentissage auprès de l’intelligent centaure Chiron, afin de connaître les plantes qui guérissent les plaies. Chiron a révélé à Achille le pouvoir de l’achillée que le centaure avait employé pour soigner de nombreux camarades blessés. La saga suggère que l’achillée est réellement un remarquable remède pour la cicatrisation des plaies. De nombreux noms communs de la plante le signalent également : soldier’s woundwort [ndlt : herbe aux blessures du soldat], knight’s milfoil [la millefeuille du chevalier], nose bleed [saigne-nez], carpenter’s weed [herbe du charpentier], bloodwort [≈simple pour le sang], staunchweed [≈herbe qui stoppe, sous-entendu, les saignements], Sichelkraut [plante à la faux]. En Russie, on l’appelle herbe coup-de-hache. En France, elle est connue sous le nom d’herbe aux militaires et, en l’honneur du patron des charpentiers, d’herbe aux charpentiers ou d’herbe de Saint Joseph. Selon la légende religieuse, Joseph s’est un jour gravement blessé au travail. Le Christ a pris de l’achillée dans le pré et l’a appliqué sur la blessure. Celle-ci s’est immédiatement arrêtée de saigner et s’est miraculeusement refermée.

Discoride, le « père de la phytothérapie » de la Grèce antique, utilisait « l’herbe aux mille feuilles du soldat » pour les plaies perforantes et les coupures. Hildegarde conservait précieusement la Garwe (mot en vieil allemand qui désigne la plante et qui peut être traduit par « rendre la santé ») pour les blessures internes et externes, pour calmer le flux du sang et des larmes, et comme remède contre les insomnies. La plante contient des acides tanniques, qui ont un effet contractant et astringent, ce qui aide à sécher les plaies et favorise la coagulation. En d’autres termes, les tannins neutralisent les poisons excrétés par les bactéries de la plaie. L’achillée contient aussi de l’azulène, une huile volatile anti-inflammatoire que l’on trouve également dans la camomille.

Les astrologues ont placé les remèdes pour les plaies sous le règne du guerrier Mars. Mais là où se trouve Mars, sa bien-aimée Vénus n’est jamais loin. Les noms comme virgin’s herb [ndlt : herbe de la vierge], herbe de Notre Dame, Margaret’s herb (Sainte Margaret était invoquée dans le cas de nombreux maux féminins) et sourcils de Vénus (supercilium veneris) témoignent du rôle que joue cette plante médicinale dans la santé des femmes. « L’achillée dans l’organisme est bonne pour toutes les femmes » dit un vieux proverbe de fermier. En tant que plante de Vénus, l’achillée était employée pour assécher et guérir les maladies vénériennes ; Vénus régit les problèmes comme ceux de l’appareil génito-urinaire. L’herboriste anglais Nicholas Culpeper (1616–1664) attribuait également l’achillée à Vénus et décrivait ses caractéristiques comme « astringentes et asséchantes, pour les reins faibles chez les hommes et les écoulements chez les femmes. » L’achillée est utilisée dans les bains de siège chauds (souvent en association avec d’autres herbes pour les femmes, relaxantes et tonifiantes, comme la mélisse et la lavande) afin d’atténuer tensions et crampes abdominales. Quand employée de cette manière, ou en lavement ou encore en tisane, l’herbe régule les écoulements ou les saignements menstruels abondants et prolongés.

Ici, on comprend facilement son autre nom : « sourcils de Vénus ».

Les femmes utilisaient également cette plante de Vénus pour les oracles. Si une fille souhaitait savoir à quoi ressemblerait le jeune homme qui l’épouserait et la libérerait de la garde de ses parents, elle se tournait vers cette herbe. Pour cela, l’achillée était cueillie dans un lieu inhabituel, là où se trouvaient des fantômes, tels qu’à la croisée d’un chemin ou, mieux encore, sur la tombe d’un homme. La fille plaçait l’herbe sous son oreiller et disait à voix basse :

The first yarrow I found there,
In the name of Christ I picked it right,
And as Jesus thought of Mary with love,
Let my beloved appear in my dream tonight !

La première achillée que j’ai trouvée ici,
Au nom du Christ, je l’ai aussitôt cueillie,
Et comme Jésus pensait avec amour à Marie,
Que mon bien-aimé apparaisse dans mes rêves cette nuit !

Dans les îles britanniques, les jeunes filles coupaient l’achillée au clair de lune, avec un couteau à manche noir, elles la plaçaient sous leur lit avant d’aller dormir et disaient :

Thou pretty herb of Venus’ tree,
Thy true name it is Yarrow ;
Now who my bosom friend must be,
Pray tell me tomorrow. (1)

Toi, jolie herbe de l’arbre de Vénus,
Ton vrai nom est Achillée Millefeuille ;
À présent qui doit être mon ami de cœur,
Je t’en prie, dis-le-moi demain.

De tels oracles par l’achillée millefeuille se retrouvent dans de nombreuses cultures. Rudolf Steiner parlait de « l’action du soufre » de cette plante qui permet de canaliser des événements surnaturels et à venir. (Selon les anthroposophes : « L’esprit humidifie son doigt avec du soufre de façon à fonctionner dans le monde physique. ») En Chine, les tiges d’achillée millefeuille sont utilisées avec le Yi Jing depuis des milliers d’années. Les baguettes oraculaires sont lancées d’une manière particulière, créant ainsi une « connexion naturelle » entre la personne en quête de conseils et l’énergie du feng shui, qui révèle des événements futurs. (2)

L’achillée millefeuille était une plante sacrée pour les anciens peuples germaniques. Cette herbe aromatique était généralement dédiée à Freya en tant que plante médicinale et dédiée aux femmes. Ses tendres feuilles font partie des 9 herbes vertes qui étaient consommées au printemps comme plat populaire (les dénommées 9 vertes). Avec cette soupe ou ce petit gâteau consacrés à la Déesse, les humains se relient à la nature régénératrice et rajeunissante. Les œufs, symboles de vie, étaient également décorés de couleurs vives. À cette époque, comme c’est encore le cas de nos jours, on appliquait probablement des feuilles d’achillée sur les oeufs que l’on mettait dans une teinture afin de créer de délicats motifs.

Photo trouvée sur Pinterest. On reconnaît la feuille d’achillée millefeuille sur l’œuf en bas à droite.

L’emploi des feuilles d’achillée millefeuille dans les oracles concernant l’amour est également une ancienne coutume païenne. Afin de s’assurer qu’un petit ami au loin reste fidèle, une fille peut réciter les paroles requises, qui disent quelque chose comme :

Achillée, achillée, si mon bien-aimé est bon ni l’eau ni l’écume ne surgissent, mais du sang rouge.

Elle devait ensuite faire tourner une feuille d’achillée dans ses narines. Si son nez se mettait à saigner, son amoureux était fidèle. Le fait est que les extrémités des feuilles pennées possèdent de petits piquants, ce qui les place certainement du côté de la questionneuse. (3)

Avant que les moines bénédictins n’introduisent le houblon, les Européens du nord utilisaient l’achillée millefeuille et d’autres herbes aromatiques et amères (comme le lierre terrestre, la bruyère et le romarin sauvage) pour la saveur et la conservation de la bière. En tant qu’herbe de brassage, l’achillée était davantage sacrée pour le puissant dieu du tonnerre Thor, seigneur des boissons enivrantes, que pour la belle Freya.

L’achillée millefeuille (Achillea millefolium L.) est l’une des plantes médicinales les plus appréciées dans le monde. Elle contient des amers, flavonoïdes et une huile volatile composée de cinéole et de proazulène. L’herbe aromatique est utilisée comme un amer, comme un remède pour les plaies, comme une plante médicinale pour les femmes. (Gravure sur bois de Tabernaemontanus, Neu vollkommen Kräuter-Buch, 1731.)

(1) Extrait de : Popular Rhymes par Halliwell, cités dans A Modern Herbal de Maude Grieve, p. 864. Publiés à l’origine en 1938, Londres : Jonathan Cape Ltd.; cette édition a été publiée en 1994, Londres : Tiger Books.

(2) L’achillée millefeuille est une plante de pouvoir. Elle a également changé le destin de ma vie. Un ami à qui j’ai rendu visite dans une communauté Camphill (dans le canton suisse de Genève) m’a montré un objet ventru suspendu à la toiture d’un abri de jardin, du côté ensoleillé, sud-ouest. « Je ne sais pas ce qui se passe ici », a-t-il dit quelque peu troublé. « Mais cela me donne la chair de poule. C’est une vessie de cerf remplie d’achillée millefeuille. Elle est enfouie dans la terre durant l’hiver et ensuite elle est mise au compost. Est-ce de la sorcellerie ou quelque chose du même genre ? » En tant qu’ethnologue, j’ai trouvé cela naturellement très intéressant. Je n’arrêtais pas de penser à cette achillée enveloppée dans une vessie de cerf. Comme j’ai pensé que cela pouvait avoir un rapport avec d’anciennes pratiques magiques qui s’étaient transmises, j’ai pris le temps d’effectuer des recherches sur le terrain et je suis tombé par hasard sur le monde de l’agriculture biodynamique initiée par Rudolf Steiner. Il ne serait pas exagéré de dire que la douce achillée, qui va du blanc sale au rose, et qui appartient à la famille des fleurs solaires, avec ses feuilles finement pennées, jouit du statut de plante quasi sacrée au sein de la communauté du village où j’ai effectué mon enquête. Il n’était pas permis de faucher les endroits où l’achillée poussait, car Steiner n’avait-il pas dit que la simple présence de la plante propageait une énergie de guérison ? J’ai découvert que l’herbe était placée dans le compost, car elle contient beaucoup de soufre et que les préparations à base d’achillée aident les plantes cultivées à mieux assimiler les impulsions cosmiques parce que « le soufre apporte le spirituel dans le physique ». Et que ce qui est bon pour l’humus et les plantes du jardin est aussi bon pour les humains. Ainsi, les tendres feuilles étaient cueillies au printemps et ajoutées aux salades. La tisane d’achillée était servie presque à chaque repas du soir. La tisane « permet l’harmonisation du corps astral avec le corps éthérique. »

(3) Une version provenant des îles Britanniques emploie la même méthode :

Yarroway, Yarroway, bear a white blow ;
If my love love me, my nose will bleed now.

Millefeuille, Millefeuille, porte un coup (ndlt : je ne comprends pas vraiment ce passage… ou un souffle ? un éternuement ?) blanc ;
Si mon amour m’aime, mon nez saignera maintenant.

Extrait de : A Modern Herbal, par Maude Grieve (1931 ; réimprimé, Londres : Tiger Books, 1994), 864.