Inanna et l’Arbre Huluppu

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Inanna et l’Arbre Huluppu
Traduction Lune/Arad-Ishtar

« Inanna et l’arbre-huluppu » est le tout premier texte qui parle de Lilith. Il serait sans doute plus juste de dire : le premier texte connu, parvenu jusqu’à nous. Il est tiré de la XIIème tablette (prologue) de l’épopée de Gilgamesh et il daterait de 600 avant JC. Il s’agirait de copies qui auraient été préparées d’après un brouillon original datant de la période Isin Larna, c’est à dire 1950-1700 avant JC. Il se pourrait qu’il soit en réalité bien antérieur à cette date.

J’ai traduit de l’anglais la version du livre « Inanna, queen of heaven and earth » par Diane Wolkstein et Samuael Noah Kramer. A noter qu’il s’agit ici d’un travail de collaboration entre une folkloriste, conteuse et un spécialiste de l’écriture cunéiforme, éminent assyriologue. Alors évidemment, c’est une traduction d’une traduction adaptée… Je n’ai pas les compétences pour traduire le texte original. Il en reste quand même ceci :

Au cours des premiers jours, au cours des tout premiers jours,
Au cours des premières nuits, au cours des toutes premières nuits,
Au cours des premières années, au cours des toutes premières années,

Au cours des premiers jours lorsque tout ce qui est nécessaire fut amené à la vie,
Au cours des premiers jours lorsque tout ce qui est nécessaire fut nourri convenablement,
Lorsque le pain fut cuit dans les sanctuaires du pays,
Et le pain fut goûté dans les maisons du pays,
Lorsque le ciel s’est éloigné de la terre,
Et la terre s’est séparée du ciel,
Et le nom de l’homme fut fixé ;
Lorsque le Dieu Ciel, An, eut remporté les cieux,
Et le Dieu Air, Enlil, eut remporté la terre,
Lorsque, à la Reine du Grand Au-Dessous, Ereshkigal, fut donné le monde-d’au-dessous pour domaine.

Il fit voile, le Père fit voile,
Enki, le Dieu de la Sagesse, fit voile vers le monde-d’au-dessous.
De petites tempêtes de pierres furent lancées contre lui ;
De gros grêlons furent jetés violemment contre lui ;
Telles les tortues qui chargent,
Elles se ruèrent sur la quille du bateau d’Enki.
Les eaux de la mer dévorèrent la proue de son bateau tels des loups ;
Les eaux de la mer frappèrent la poupe de son bateau tels des lions ;

À ce moment, un arbre, un seul arbre, un arbre-huluppu
Fut planté sur les rives de l’Euphrate.
L’arbre fut nourri par les eaux de l’Euphrate.
Le Vent du Sud tourbillonnant se leva, tirant sur ses racines
Et arrachant ses branches
Jusqu’à ce que les eaux de l’Euphrate l’emportent.

Une femme qui craignait la parole du Dieu Ciel, An,
Qui craignait la parole du Dieu Air, Enlil,
Ramassa l’arbre dans la rivière et dit :

« J’emporterai cet arbre à Uruk.
Je planterai cet arbre dans mon jardin sacré. »

Inanna prit soin de l’arbre avec sa main.
Elle arrangea la terre autour de l’arbre avec son pied.
Elle s’interrogea :

« Combien de temps faudra-t-il jusqu’à ce que j’ai un trône resplendissant sur lequel m’asseoir ?
Combien de temps faudra-t-il jusqu’à ce que j’ai un lit resplendissant sur lequel m’étendre ? »

Les années passèrent ; cinq ans, puis dix ans.
L’arbre devint large,
Mais son écorce ne se fendit pas.

Puis un serpent qui ne pouvait être charmé
Fit son nid dans les racines de l’arbre-huluppu.
L’oiseau-Anzu plaça ses petits dans les branches de l’arbre.
Et la sombre jeune fille Lilith bâtit sa maison dans le tronc.

La jeune femme qui aimait rire pleura.
Combien pleura Inanna !
(Pourtant, ils ne quittèrent pas son arbre.)

Tandis que l’oiseau commença à chanter à l’arrivée de l’aube,
Le Dieu Soleil, Utu, quitta sa chambre à coucher royale.
Inanna appela son frère Utu, en disant :

« Ô Utu, du temps où les destins furent édictés,
Lorsque l’abondance inonda le pays,
Lorsque le Père Ciel prit les Cieux et le Dieu Air la terre,
Lorsque Ereshkigal reçut pour domaine le Grand Au-Dessous,
Le Dieu de la Sagesse, le Père Enki, fit voile vers le monde-d’au-dessous,
Et le monde-d’au-dessous se leva et l’attaqua…

A ce moment là, un arbre, un seul arbre, un arbre-huluppu
Fut planté sur les rives de l’Euphrate.
Le Vent du Sud tira sur ses racines et arracha ses branches
Jusqu’à ce que les eaux de l’Euphrate l’emportent.
J’ai ramassé l’arbre dans la rivière ;
Je l’ai apporté dans mon jardin sacré.
J’en ai pris soin, attendant mon trône et mon lit resplendissants.

Puis un serpent qui ne pouvait être charmé
Fit son nid dans les racines de l’arbre,
L’oiseau-Anzu plaça ses petits dans les branches de l’arbre,
Et la sombre jeune fille Lilith bâtit sa maison dans le tronc.
J’ai pleuré.
Combien ai-je pleuré !
(Pourtant, ils ne quittèrent pas mon arbre!) »

Utu, le vaillant guerrier, Utu,
Ne voulut pas aider sa sœur, Inanna.

Tandis que les oiseaux commençaient à chanter à l’arrivée de la deuxième aube,
Inanna appela son frère Gilgamesh, en disant :

« Ô Gilgamesh, du temps où les destins furent édictés,
Lorsque l’abondance inonda le pays,
Lorsque le Père Ciel prit les Cieux et le Dieu Air la terre,
Lorsque Ereshkigal reçut pour domaine le Grand Au-Dessous,
Le Dieu de la Sagesse, le Père Enki, fit voile vers le monde-d’au-dessous,
Et le monde-d’au-dessous se leva et l’attaqua…

À ce moment là, un arbre, un seul arbre, un arbre-huluppu
Fut planté sur les rives de l’Euphrate.
Le Vent du Sud tira sur ses racines et arracha ses branches
Jusqu’à ce que les eaux de l’Euphrate l’emportent.
J’ai ramassé l’arbre dans la rivière ;

Je l’ai apporté dans mon jardin sacré.
J’en ai pris soin, attendant mon trône et mon lit resplendissants.

Puis un serpent qui ne pouvait être charmé
Fit son nid dans les racines de l’arbre,
L’oiseau-Anzu plaça ses petits dans les branches de l’arbre,
Et la sombre jeune fille Lilith bâtit sa maison dans le tronc.
J’ai pleuré.
Combien ai-je pleuré !
(Pourtant, ils ne quittèrent pas mon arbre!) »

Gilgamesh le vaillant guerrier, Gilgamesh,
Le héros d’Uruk, se tint aux côtés d’Inanna.

Gilgamesh attacha autour de sa poitrine son armure de cinquante mines.
Les cinquante mines pesaient pour lui aussi peu que cinquante plumes.
Il leva sa hache de bronze, la hache de la route,
Pesant sept talents et sept mines, sur son épaule.
Il entra dans le jardin sacré d’Inanna.

Il frappa le serpent qui ne pouvait être charmé.
L’oiseau-Anzu s’envola, avec ses petits, vers les montagnes ;
Et Lilith détruisit sa maison et prit la fuite vers des lieux sauvages, inhabités.
Gilgamesh libéra les racines de l’arbre-huluppu ;
Et les fils de la cité, qui l’accompagnaient, coupèrent les branches.

Du tronc de l’arbre il sculpta un trône pour sa sainte sœur.
Du tronc de l’arbre Gilgamesh sculpta un lit pour Inanna.
Des racines de l’arbre elle façonna un pukku pour son frère.
De la couronne de l’arbre Inanna façonna un mikku pour Gilgamesh,
le héros d’Uruk.