La corde

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La corde

Les chroniques de Saint-Denis affirment haut et fort : « dans leurs ceintures était leur mahommerie1. » Cela signifiait prétendument qu’ils étaient secrètement mahométans. Mais les accuser d’embrasser le mahométisme aurait été une charge bien trop accablante et on n’y a même jamais fait allusion. A cette époque, le terme mammot était utilisé pour désigner une poupée ou une idole et le terme mahommerie signifiait « qui concerne les idoles ». On a dit qu’ils employaient ces cordes pour attacher le crâne ou la tête qu’ils adoraient. Ce crâne ligaturé pourrait avoir une signification pour une sorcière.2

Or, tout cela (la grande valeur que les templiers prêtaient apparemment à leurs cordes) pourrait s’appliquer à la corde consacrée que les sorcières possèdent et utilisent de bien des façons. Toutes celles que j’ai vues sont des cordes de couleur, habituellement rouges, bien que j’aie connaissance de l’utilisation d’autres couleurs. Elles les chérissent, comme elles chérissent tous leurs outils de travail, et seraient naturellement très contrariées si on leur enlevait (volait) l’un d’eux.

Il m’est interdit de parler des utilisations que fait une sorcière de sa corde et je doute que l’Église les ait sues ou qu’elle en ait fait mention lors des procès. Ou peut-être savait-elle et n’a-t-elle pas souhaité que ce savoir soit rendu public3.

1 Ndlt : voici le paragraphe complet et exact tiré des Chroniques de Saint-Denis : « Se nul Templier eust entour li sainte ou liée une corroie, laquelle estoit en leur mahommerie ; après ce, jamais leur loy par lui pour morir ne fust recogneuce, tant avoit yleuc sa foy nouvel engendré dun Templier en une pucelle estoit cuit et rosti au feu, et toute la gresse ostee ; et de celle estoit sacree et ointe de leur ydolle. »

2 Gardner 1, 72.

3 Gardner 1, 73.