La Triple Loi

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Loi Triple. Par John J. Coughlin © 2001-2002, traduction Lune

Provient de waningmoon.com.

Une première allusion de la loi du triple retour peut être trouvée dans le livre de Gerald Gardner High Magic’s Aid (1949). Craignant une réaction du public pour un livre sur la sorcellerie, Gardner a employé le pseudonyme de Scire (son nom de l’Art) et a présenté ses informations, et notamment des parties de véritables rituels d’initiation Gardnériens, sous la forme d’une fiction. C’était par ce livre que Gardner a mesuré l’intérêt et la sincérité de ses étudiants potentiels.
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Comme le livre le mentionne, au cours de l’initiation au deuxième degré au sein de « la fraternité » de l’Art, l’initié(e) rend le nombre de coups de fouet reçus en triple à l’initiatrice(teur) (comme au sein du véritable rituel Gardnérien et Alexandrien). L’auteur fait alors quelques remarques : « Pour cela, il y a une plaisanterie en sorcellerie, la sorcière sait, l’initié non, qu’elle recevra trois fois ce qu’elle a donné, ainsi elle ne frappera pas fort. » [1]

Puisque je ne pourrais trouver aucun développement sur le sens caché de ce commentaire dans les écrits postérieurs de Gardner, je ne peux supposer avec confiance que son intention derrière ce retour de fouet sur l’initiateur était implicitement une déclaration morale ou s’il s’agit d’un acte symbolique mettant sur le même pied d’égalité l’initié et l’initiateur. (Ou probablement, juste pour le fouet, qu’il appréciait selon ce que pensent nombre de personnes. [2])

Stewart Farrar liait cette partie de l’initiation à la Loi Triple, et son travail n’était pas seulement celui d’un bon accordeur d’instruments de la tradition Alexandrienne, mais a également servi de base pour nombre d’autres formes de Wicca prenant leurs racines dans les traditions Gardnériennes/Alexandriennes.

« …Le rituel usant des cordes et du fouet est l’occasion de dramatiser une leçon concernant ce qui est appelé « l’effet boomerang » ; à savoir que tout travail magique, qu’il soit bénéfique ou malveillant, est susceptible de revenir trois fois sur la personne qui le réalise. » [3]

Cependant, même ceux qui ont travaillé étroitement avec Gardner, comme Doreen Valiente, ne pourraient offrir aucune réponse définitive à la déclaration de Gardner sur la Loi Triple. Dans un interview de 1991, Valiente explique : « je pense que le vieux Gérald l’a concoctée pour un de ses rituels et les gens l’ont pris au pied de la lettre. » [4]

Valiente était une des premières initiées et Grandes Prêtresses de Gardner. Il l’a initiée en 1953. On fait parfois référence à elle en tant que « Mère de la Sorcellerie » à cause de son importante collaboration avec Gardner dans la réécriture de ses notes en un Livre des Ombres plus formel. Une de ses contributions les plus célèbres est celle de la forme poétique de la Charge de la Déesse.

Que la Loi du Triple Retour soit devenue un aspect de la Tradition Gardnérienne ne fait aucun doute. Ce concept n’a pas été uniquement enseigné à Buckland, qui a fondé des covens Gardnériens dans tous les États-Unis. Buckland peut calquer cet enseignement de Lady Olwen [5] (Monique Wilson), une grande prêtresse initiée par Gerald Gardner lui-même.

« La loi du Triple Retour était très certainement une partie de ce que Lady Olwen m’a appris (qu’elle avait, bien sûr, appris de Gérald). Maintenant pour être honnête, je ne peux me souvenir si le terme de « LOI triple » a été employé, mais assurément celui de « loi du triple retour » a été utilisé. Mais cela revient, évidemment, au même. »[6]

Bien que Lady Olwen ait enseigné ce qui se rapporte à la « Loi Triple », Gardner n’a jamais fait de semblable référence dans ses correspondances avec Buckland. Buckland correspondait avec Gardner avant même son initiation et plus tard, seulement, fut initié par Lady Olwen, en 1963, finalement après sa rencontre avec Gardner en personne. (Dans la tradition Gardnérienne, on est toujours initié par un membre du sexe opposé, ainsi Gardner ne pouvait initier Buckland lui-même.)

Puisque Gardner croyait au karma, et que le karma est souvent confondu avec, ou considéré comme la force derrière, la Loi Triple, je pense (c’est mon avis et les preuves directes manquent) qu’au cours de conversations avec ses étudiants, Gardner faisait probablement une simple référence au karma, la « loi triple » était souvent déduite par les initiés (à la fois Gardnériens et Alexandriens) durant leurs élévations au second degré comme étant une loi stricte et une manifestation du karma. Ceux qui ne l’ont pas pris, trop sérieusement, au sens littéral, employaient des variantes telles que la Loi de Retour ou l’effet Boomerang, qui pourraient plus facilement convenir à un contexte occulte général.

« La croyance en la simple loi de cause et effet est populaire parmi les sorcières de toutes traditions ; cependant, cette façon particulière de l’exprimer [La Loi Triple] semble prendre son origine chez les Gardnériens et est particulière à leur tradition anglaise. » [7]

Les Gardnériens qui n’ont pas travaillé avec Lady Olwen ou Raymond Buckland ne mettent pas cette emphase sur un triple retour. Arnold et Patricia Crowther, par exemple, qui ont été initiés en 1960 (Patricia par Gardner et Arnold par Patricia), font très peu référence à l’éthique dans leurs premiers livres publiés dans les années 1970 [8] bien qu’ils aient cru en une forme de retour. « Les sorcières croient en une sorte de Karma, que le mal retourne au scélérat qui l’a envoyé. » [9]

Valiente qui a été initiée par Gardner en 1953 et qui a réécrit beaucoup du premier Livre des Ombres de Gardner, n’a jamais mentionné la Loi Triple dans ses travaux de la première heure et est même allée mettre en doute sa validité dans une interview en 1991 – à une période où la Loi Triple était une croyance ordinaire.

« Personnellement, j’ai toujours été sceptique à propos de cela, car il ne me semble pas qu’elle fasse sens. Je ne vois pas pourquoi il y aurait une loi particulière du Karma pour les Sorcières et une différente pour tous les autres. Je ne suis pas cliente. [10] »

Cependant, à la différence des Crowthers, Valiente, avec plusieurs autres membres, quitte le coven de Gardner aux environs de 1960, et ce en raison de l’habitude de celui-ci à présenter ses opinions personnelles comme des lois. Alors, Valiente a poursuivi son étude de l’Art en effectuant des recherches sur les sources de Gardner et en cherchant d’autres formes traditionnelles de sorcellerie.

Notes de Bas de Page :

[1] Scire (Gardner, Gerald), High Magic’s Aid, 1996, Page 188

[2] Cette idée est examinée en profondeur dans le livre d’Aidan Kelly, Crafting the Art of Magic: Book 1, (Llewellyn, 1991)

[3] Farrar, Janet & Stewart, A Witches Bible Compleat, 1984, page 24.

[4] Doreen Valiente, 1991 Interview avec FireHeart Journal

[5] Il est difficile d’obtenir des informations objectives sur Lady Olwen. Après la mort de Gardner en 1964 et l’héritage de son musée sur l’île de Man, elle vexa nombre de sorcières en vendant le musée, dont les carnets de Gardner, à Ripley’s International. J’ai entendu de nombreuses fois par le bouche-à-oreille, qu’elle avait une propension à faire passer ses opinions personnelles comme des enseignements Gardnériens, mais jamais de la part de quelqu’un qui l’aurait constaté de par sa propre expérience.

[6] Doreen Valiente, 1991 Interview avec FireHeart Journal

[7] Roberts, Susan, Witches U.S.A., 1971

[8] Patricia Crowther y fait référence dans son livre en 1981 : Lid of the Cauldron, mais à l’époque, la Loi Triple circulait déjà.

[9] Crowther, Arnold & Patricia, The Secrets of Ancient Witchcraft, 1974

[10] Doreen Valiente, 1991 Interview avec FireHeart Journal