Roggenwolf & Consorts

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Roggenwolf & Consorts. Par Véro © 2006

Mes diverses lectures et recherches m’ont amenée à être confrontée à ce personnage du Roggenwolf. Tout d’abord c’est le mot en lui-même qui a attiré mon attention, « le loup du seigle ». Mes recherches à ce sujet m’ont amenée à découvrir beaucoup de choses sur les rites liés aux moissons, puisque ce personnage est un esprit des céréales (un céréale killer) et puis forcément j’ai eu accès à divers textes sur les loups-garous et sur les croyances populaires.

Le Roggenwolf est donc un parent de la Kornmutter (la mère de blé) Il aurait 6 pattes, et c’est lui qui fait des méchantes blagues aux moissonneurs.

Wilhelm Emmanuel Johann MANNHARD (1831-1880) a beaucoup écrit sur les légendes et les mythes et particulièrement sur le roggenwolf.

La Kornmutter-kornweib-hafermuhme-alte (mère de blé – femme de blé – tante d’avoine – la vieille) est en fait la terre-mère et son compagnon est le kornmann (homme de blé). C’est pour lui qu’on laisse une partie de la récolte de blé sur pieds, ou qu’on transforme la dernière gerbe en poupée que l’on habille et qui sera l’invitée d’honneur de la prochaine fête des récoltes. Ensuite, on la gardera précieusement à la maison.

Dans de nombreuses régions, on se servait du Rogggenwolf pour faire craindre aux enfants d’aller jouer dans les champs. On leur disait que le loup-garou se cachait dans les épis et on parlait aussi d’une représentation féminine qui « serrait les enfants sur sa poitrine d’acier. » Faut-il comprendre par là qu’elle les insérait dans sa poitrine ? Pourquoi une poitrine d’acier ? Une sorte d’Iron Maiden ? En tout cas, ça devait suffisamment effrayer les enfants pour qu’ils ne s’y risquent pas !

Le loup était omniprésent dans ce qui se disait à la campagne. Beaucoup de dictons paysans mettent en scène le loup. Il est de ce fait une métaphore pour le besoin qu’à la terre de froid en hiver.

Ce qu’on appelle « la lune du loup » détermine la météo du mois de mars à venir. Elle se situe durant le premier mois d’hiver, pendant la période du Sagittaire, entre la Saint-Nicolas et la Chandeleur, en tout cas durant la période où les loups sont les plus affamés et où il était dangereux de sortir.

En Allemagne du Sud, la première dent que faisait un enfant était un Wolfszahn (dent de loup). Le même mot désigne une molaire de cheval qui pousserait mal et l’empêcherait de mastiquer (idem pour les hommes). Un nouveau-né qui aurait déjà une dent aurait le don de repousser le malheur. Avec une vraie dent de loup, trouvée dans la neige, on faisait l’équivalent d’un anneau de dentition ou bien on s’en servait pour entailler la gencive du bébé ou on la lui faisait porter en amulette pour l’aider à faire ses dents.

De « loup » à « loup-garou », il n’y a qu’un pas. Forcément, cette notion est encore plus effrayante !

Mais comme il fallait bien expliquer leur existence, autant y mêler tout ce qui n’est pas très « catholique », ainsi une légende polonaise dit-elle qu’une sorcière pouvait transformer un couple en loups, si elle posait une ceinture en peau humaine sur le seuil de leur maison. Ainsi le couple recevait-il plus tard des vêtements en fourrure et pouvait, à volonté, reprendre apparence humaine.

Les enfants de prêtres deviennent loups-garous pendant 7 ans. Les paysans italiens disent qu’un homme qui dort à la belle étoile un vendredi de pleine lune se transformera en loup-garou ou sera attaqué par un loup-garou.

Celui qui trouverait une ceinture de loup-garou et la ceindrait deviendrait lui-même loup-garou. Ainsi devra-t-il chaque jour, à l’heure où il a fait sa trouvaille, devenir loup et déchirer tout ce qui sera autour de lui. On peut arriver au même résultat avec une ceinture faite de la peau d’un pendu.

Les enfants dont la naissance a été trop facile et sans douleur ou ceux nés la nuit de la Saint-Jean deviendront des loups-garous. Si on a sept filles à la suite, l’une d’elles est un loup-garou.

En Russie, on parle d’un esprit de la forêt qui serait un « berger des loups ». Il monte un cheval blanc et est entouré de loups qu’il nourrit et auxquels il commande. En France aussi, ceux qui ont un regard ou une voix « de loup » sont suspects. Le louvetier devient ici un loup-garou ou un maître sorcier. Il est arrivé que des joueurs de flûte soient accusés d’être louvetiers. Ils devenaient alors chefs de meute, avec le pouvoir de lâcher les loups contre les troupeaux.

En Suède, l’équivalent du louvetier est une vieille femme qui vit seule dans les bois et soigne les loups blessés. C’est la Wolfsmutter (la mère des loups). On la craint, car elle leur commande.

Fort heureusement, on disposait de moyens pour faire cesser les exactions de ces monstres.

Pour tuer un loup garou, il fallait une balle en argent bénie ou les frapper avec une clé ou brûler leur peau de loup quand ils l’abandonnaient durant la journée

Le mythe du loup-garou a toutefois perduré (il suffit de se référer à la littérature ou au cinéma) et certains s’en sont servis pour inspirer la crainte autour d’eux.

Pendant la guerre de Trente Ans, une bande de 3 x 11 paysans, menés par le commandant Wulf, prirent le nom de « Wehrwölfe », ce qui est un jeu de mots, car Wehr est une conjugaison du verbe wehren = se défendre. On retrouve cette racine dans le mot qui désigne une arme à feu (Feuergewehr) ou dans « Wehrmacht », d’ailleurs certaines milices nazies portaient ce même nom de Wehrwölfe.