Sur la théologie wiccane [partie 4]

Inscription au cours : Wicca fondation

Sur la Théologie Wiccane (Partie 4). Par Rene Delaere et le Dr. David L. Oringderff © 2002, traduction Artus.

Cliquez sur ce lien pour revenir au début de l’article.

Cliquez sur ce lien pour lire mon commentaire.

  • Le caractère arbitraire de « l’éthique » dans un bi-théisme orienté sur l’éthique

Tout bi-théisme orienté sur l’éthique est arbitraire par nature. Comment peut-on être sûr que l’une des deux divinités qui s’opposent est la « bonne ». Prenons comme exemple le christianisme. Sur quel critère peut-on baser sa décision que IHVH est le « bon » gars ? Ce problème est le paradigme central dans la religion des Cathares, des Yezidis et des Satanistes.

Les cathares. Dans le gnosticisme, le concept Platonique abstrait de « sophia » (tempérance) conduit ultimement au concept de Sophia comme une entité divine, en tant que Déesse. Comme la « tempérance » peut être le seul critère ultime par lequel on peut définir le « bien » et le « mal », Sophia doit être le « Bien » suprême. Cependant, le dieu créateur de l’Ancien Testament, IHVH, doit être un dieu « mineur », le démiurge et donc le « Mal ». Même Salomon parle de Tempérance (Sophia) dans les Proverbes, Chapitre 8, il écrit qu’avant la création, Elle était. IHVH, est alors le créateur de l’univers matériel, le Rex Mundi, le Roi du Monde, et donc la création elle-même est « corrompue » par son « mal ». Le bi-théisme Cathare d’origine, orienté sur l’éthique, a donc évolué en bi-théisme orienté sur le genre, dans lequel la Déesse Sophia est le « Bien » et IHVH est le « Mal ». La partie orientée sur le genre introduit la douce Déesse, ce qui explique la nature « douce » par essence des Cathares qui ont été persécutés et assassinés avec brutalité par leurs voisins Chrétiens. La partie orientée sur l’éthique avec l’inhérente « corruption » de la création, transforme les Cathares en personnes qui étaient hostiles à la continuation de la création (par IHVH) et la pro-création. Ils étaient partisans de la fin de la procréation comme seul moyen pour arrêter le travail maléfique du démiurge. Ils s’abstenaient donc d’avoir des enfants, tentant ainsi d’arrêter la prolifération du « mal » créé par IHVH. Ce qui est si remarquable au sujet des Cathares est en fait que le bon gars est Une. Cela montre comment dans un autre environnement strictement patriarcal, le champ morphique de « la Déesse » peut survivre. En effet, il devint assez puissant pour conduire à une expansion de la religion Cathare dans une grande partie de l’Europe, avant d’être éradiquée par les Chrétiens patriarcaux. En fait, en analyse finale, en ce plaçant d’un point de vue Cathare, les Cathares ont eu raison sur la base de leur propre extermination. Mais le champ morphique de la Déesse surgit de nouveau dans la religion Catholique patriarcale à travers le personnage de Marie, qui a accumulé de plus en plus d’attributs « divins » bien que sans jamais lui accorder le statut divin officiel : des dogmes ont été promulgués l’appelant la « mère de dieu » et la « médiatrice de toute grâce ». Il y a aussi les dogmes de son « immaculée conception » et de son « ascension au paradis ».

Il y a un exemple de curieux phénomène de Niveau II dans la chrétienté primitive. Bien qu’étant essentiellement un bi-théisme éthique avec « Dieu » et le « Diable » en tant que divinités antagonistes, la Chrétienté, dans son développement primitif, introduit un concept de Niveau II pour son « Dieu » qui était supposé être l’entité de Niveau I. Ils ont inventé la Trinité du « Père », du « Fils » et du « Sain Esprit » en tant que trois « personnages » de l’entité de Niveau I (qui est fortement patriarcale, tous les trois étant vus comme « masculins »). La chrétienté orientale, qui était d’une orientation très philosophique, voyait le Père comme l’entité de Niveau I, et le Fils et l’Esprit comme deux entités de Niveau II, aspects ou émanations de ce Père, entité de Niveau I. Dans leur conception, IHVH de l’Ancien Testament était le « Fils » en tant que créateur matériel, alors que « l’Esprit » était le créateur spirituel. Jésus était alors vu comme un humain, incarnation du « Fils ». Le schisme précoce au sein de l’Eglise Romaine entre la partie Orientale et Occidentale de l’Empire a été causé par l’incident de « filioque ». L’église Romaine Occidentale voulait inclure le mot « filioque » dans le texte latin du Credo, affirmant que le Saint Esprit était issu du Père ET du Fils (« qui ex patre filioque procedit »). Pour les théologiens Orthodoxes Orientaux, ceci était un non-sens flagrant : comment l’Esprit pouvait simultanément être une extension du « père » et du « fils » (fécondant la vierge Marie) et « être issu » du « père ET du fils ». Pourtant, dans le l’église chrétienne occidentale, le prophète Jésus a été vu progressivement comme le Fils (plutôt que l’incarnation du Fils) et l’entité IHVH de l’Ancien Testament a été vue comme le Père. Le personnage du Père a été perçu comme menant au Fils, qui à son tour conduit à l’Esprit.

Les trinités sont également communes dans de nombreuses religions païennes. Il s’agit cependant généralement de trinités féminines. Elles représentent un niveau intermédiaire entre le Niveau II et le Niveau III. C’est le cas, par exemple de la Wicca avec la Triple Déesse : quand on se concentre sur l’un des « aspects » de la Triple Déesse, on se rapproche du Niveau III, alors que lorsqu’on se concentre sur « l’unité » essentielle des trois aspects, on monte au Niveau II.

  • Les Satanistes

A l’origine, le Sataniste était un Chrétien qui re-lisait avec révolte l’histoire du « Jardin de l’Eden » dans l’Ancien Testament et l’histoire du « Discours sur la Montagne » dans le Nouveau Testament. Il se révolte, pensant que les Juifs et les Chrétiens ont choisi le mauvais côté, celui du « Mal ». Il voit IHVH jaloux, tyrannique et comme une force oppressive, bloquant le chemin du développement et de l’évolution humaine, alors que le Serpent est vu comme un stimulant de ce développement et évolution. Comme les Chrétiens identifient le Serpent à Satan, évidement, celui nommé IHVH doit être « l’Homme du Mal » et Satan doit être le « Seigneur du Bien ». De la même façon dans le Nouveau Testament, ils voient cela confirmé par leur croyance du Darwinisme Social. La raison dicte que la « survie du plus adapté » peut mieux être traduite par « béni soit le fort ». N’importe qui affirmant « béni soit le faible » va à l’encontre de l’évolution et est condamné à perdre la Guerre. Donc le prophète Jésus doit être un défenseur du « perdant », « l’Homme du Mal ». Et si les Chrétiens considèrent la « modestie » comme une vertu, ils concluront que la vraie vertu doit être « l’orgueil ». Ceci souligne encore la nature destructive d’un bi-theisme éthique. Les Satanistes ont de la haine et du dédain pour les Chrétiens et le Juifs, et vice versa. Essayer d’obtenir la modestie « ultime » peut seulement être la preuve d’un « orgueil » malade. Comment être respecté par les autres sans se respecter soi-même, cela en soi demande une certaine quantité « d’orgueil ». L’effort pour réduire la « modestie » ou « l’orgueil » dans leur forme ultime « pure » et cristalline, conduit inévitablement au syndrome Jekyll/Hyde. Les Chrétiens, bien entendu, verront Jekyll comme le bon gars, alors que les Satanistes admireront Hyde. Même les Chrétiens concéderont que n’importe quelle vertu poussée à l’extrême devient un vice. Le Satanisme en tant que Nouveau Mouvement Religieux sera étudié en détails dans une autre section.

Depuis le développement de la psychologie dans notre culture, il y a une tendance à souligner les aspects du Divin de Niveaux II et III. Cependant certaines personnes tenteront d’expliquer le Divin en terme de Niveau II et III seulement. Certains Satanistes affirmeront être « athées », en disant que Satan n’est rien d’autre qu’une partie de leur propre psyché. Certaines écoles de pensée orientale, les hédonistes, et même environ un quart des païens modernes disent la même chose, au moins pour ce qui concerne la forme sous laquelle Dieu existe. Philosophiquement, « la matière est une illusion, seulement l’esprit existe ». Ou plus fonctionnellement, illustré par la fiction de Robert Heinlein, l’Eglise de Tous les Mondes : « Je suis Dieu, Tu es Dieu, Dieu existe seulement en moi et en toi ». Il serait plus correcte de dire qu’ils considèrent le Niveau I comme hors de propos, et réduisent le Niveau II à des proportions strictement humaines.

  • Les Yezidis

Les Yezidis, tout comme les Satanistes, sont généralement et injustement vu par la société dominante, comme des « adorateurs du mal ». Leur religion est née au Kurdistan, à la fois sur l’influence du Christianisme et de l’Islam. « L’Homme du mal », que les Chrétiens appellent « Satan », et les Musulmans « Iblis », est appelé « Jazid » par les Yezidis (Ndt : je ne sais pas où les auteurs ont trouvé cette information, généralement le nom qui lui est donné est Taus-Melek, Aus-Melek ou encore Auz-Melek). Cependant, dans leur croyance, la Guerre entre « Dieu » et Jazid se termine par une réconciliation. Finalement, Jazid, comme n’importe quel être, veut seulement le « bien » (comme nous l’avons démontré auparavant), il se repent et est pardonné. Ensuite, « Dieu » se retire de l’univers créé et place le gouvernement dans les mains de Jazid et six autres anges. Jazid est adoré en tant que « Roi-paon », le « Fier ». Les Yezidis sont uniques dans le fait qu’ils résolvent le problème de la destructivité du bi-théisme éthique en éliminant le Niveau II et le réduisant en Niveau I monothéiste pour toutes les choses pratiques.

Il devrait être évident d’après ces trois exemples qu’aucun n’adore vraiment le mal. Nous devons être conscient, cependant, que le Christianisme et le Satanisme sont équivalents, d’un point de vue théologique ; d’une perspective éthique, ils ne le sont pas. La morale Chrétienne utopiste et irréaliste ordonne de tendre la seconde joue (Les exemples pratiques sont rares ; les exemples d’hypocrisie ne le sont pas). Le Satanisme adhère à une forme de Darwinisme social qui exclu par principe toute forme de compassion humaine, d’une manière qui, pour la plupart des Wiccans, est totalement répugnante et inacceptable émotionnellement. La morale du Satanisme dépasse même la cruauté du « œil pour œil » de l’Ancien Testament. Dans chaque religion où la Déesse a une place importante, le rationnel sera presque toujours tempéré par l’émotionnel (irrationnel). Les circonstances sont toujours pesées en même temps que la lettre de la loi. Ceci explique pourquoi, quand le cœur est concerné, la Wicca est plus proche du Christianisme que du Satanisme. Aucun Wiccan, face au choix entre le prophète de Nazareth et son opposant, n’aura le moindre doute au sujet de qui concordera mieux à notre coven.

Cliquez sur ce lien pour lire la suite de l’article.