La technique du pilier du milieu

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Par V.H. FRATER A.M.A.G. (Israel Regardie). Extrait de « The complete Golden Dawn system of magic ». Traduction par Artus.

NDT : Dans la wicca gardnerienne, la flagellation est la principale technique utilisée pour induire un changement d’état de conscience. C’est un véritable problème, car si cette pratique ne fait pas partie de vos fantasmes, elle fonctionne beaucoup moins bien. Et comme de nombreux groupes trouvent cette pratique déplaisante, ils l’ont rendue symbolique, sans vraiment la remplacer.

Dans la wicca alexandrienne, ce problème a été mieux géré. La flagellation est devenue symbolique. Et pour éviter que la pratique rituelle ne devienne une coquille vide, les alexandriens utilisent la technique « du pilier du milieu » à la fin du rite d’ouverture. Si vous vous êtes un peu intéressé à la wicca traditionnelle, vous avez déjà probablement entendu parler de cette pratique.

En réalité, ce n’est pas la seule pratique que la wicca alexandrienne a empruntée à la Golden Dawn. Les différents rituels du pentagramme, de l’hexagramme et la croix kabbalistique sont également utilisés. Mais j’ai l’impression que la pratique du pilier du milieu reste encore aujourd’hui assez méconnue dans la wicca. C’est ce qui m’a motivé à faire cette traduction.

Cette pratique repose sur un imaginaire un peu bizarre indirectement issu de la théosophie. Dans la kabbale, les séfirot représentent les différents niveaux du monde spirituel. Et dans le yoga, les chakras désignent des centres énergétiques. Les deux concepts n’ont pas grand-chose en commun, mais cela n’a pas empêché la société de théosophie d’en faire un syncrétisme. Il faut dire qu’il existe une symbolique anthropomorphique sur l’arbre de vie. Mais cela ne signifie pas que les séfirot sont des centres énergétiques.

Pour faire un syncrétisme entre la kabbale et le yoga, rapprocher les séfirot des tattvas aurait été plus judicieux puisque les deux représentent une échelle de la réalité. Tout en haut de l’échelle des tattvas, on trouve Paramashiva, la lumière divine absolue. Elle annule tout ce qu’elle touche. Elle est comparable à la lumière de l’einsof dans la kabbale. Puis on trouve Maya, le voile qui rend possible la manifestation en atténuant la lumière absolue. Ce système est assez similaire à celui des séfirot de la kabbale ou des éons de la gnose. Étrangement, les occultistes sont généralement restés bloqués sur les tattvas du bas qui correspondent aux éléments. Dans la Golden Dawn, tattva est synonyme d’élément. Mais ce n’est pas vraiment le sujet.

Malgré sa symbolique bancale, la pratique du pilier du milieu incite à se focaliser sur différents centres énergétiques en vibrant des mots et cela reste une technique comme une autre pour se focaliser vers son monde intérieur et changer d’état de conscience.

J’ai laissé les noms divins et leur prononciation comme dans le texte original. Notez par exemple qu’en anglais, « ee » se prononce « i » et « ay » se prononce « é ».

Tout d’abord, la position des centres, tels qu’ils sont représentés sur le diagramme du portail, doit être mémorisée. L’élève qui a étudié les « Knowledge Lectures » sur la kabbale ne devrait pas avoir de problèmes avec cela. La méditation, car nous pouvons la nommer ainsi, peut être pratiquée en étant assis ou allongé, le dos droit, dans un état de parfaite relaxation. Les mains peuvent être placées sur les genoux avec les doigts entrelacés ou reposer confortablement de chaque côté du corps. La détente de l’esprit doit être induite et quelques minutes seront consacrées à la respiration rythmique, pour provoquer une sensation d’ondulation au niveau du plexus solaire. (NDT La Golden Dawn utilise deux types de respiration rythmique. La première technique est sans rétention, avec une inspiration et une expiration de temps égal, par exemple 4 secondes. La seconde correspond à la respiration « carrée », avec un temps égal pour l’inspiration, la rétention pleine, l’expiration et la rétention vide.)

Alors, tournez votre attention vers keter, un peu au-dessus du sommet de la tête. Essayez de l’imaginer comme une sphère d’une brillante lumière blanche. Faites cela doucement, sans forcer. Si au départ, votre esprit vagabonde, comme il le fait habituellement, à moins que vous ayez appris comment bien vous concentrer, attendez un instant et ramenez-le doucement vers la tâche à accomplir. En même temps, vibrez ou fredonnez le nom divin EHEIEH (NDT « Je suis » en hébreu, référence à l’épisode du buisson ardent) en le prononçant eh-huh-yay. Après quelques jours de pratique persistante, vous trouverez qu’il est facile de faire vibrer le nom dans le centre (NDT de keter). Keter, avec son nom divin associé, est le siège de la divinité éclipsante, la yehidah, le génie supérieur et divin dans lequel nous pouvons tous puiser. (NDT Keter signifie « couronne ». Comme une couronne posée sur notre tête, elle nous touche, mais ne fait pas partie de notre être. Concrètement, keter désigne l’expérience spirituelle que nous pouvons atteindre sans en avoir le souvenir. Car tout s’annule dans la lumière de l’einsof qui illumine keter. C’est pour cela qu’il est question de divin éclipsant. Dans la kabbale traditionnelle, la yehidah désigne la racine des âmes qui nous relie tous et qui est constamment unie au divin.)

Le but de cette focalisation et vibration est d’éveiller le centre (NDT de keter) à une activité dynamique. Il se met à vibrer et à tourner au-dessus du sommet de la tête lorsque la lumière et l’énergie commencent à s’écouler vers les séfirot du bas. Même les bouts des doigts et des orteils réagissent à cet éveil à travers de légères sensations de picotement qui se développeront plus tard pour devenir une palpitation puissante. Le nom doit être vibré à voix haute, pendant une longue période jusqu’à ce que la compétence soit acquise. Une fois qu’on a l’image mentale de l’effet désiré, un marmonnement fera l’affaire. Lorsqu’on est assez expérimenté dans cette pratique, le nom peut être chantonné mentalement, pour n’importe quel centre. De nouveau, si l’esprit a tendance à vagabonder, la répétition fréquente de la vibration ou du fredonnement facilitera la concentration.

Gardez l’esprit concentré sur ce point de focalisation, pendant environ cinq minutes, jusqu’au moment où il devrait se mettre à briller et scintiller. Imaginez alors qu’un rayon de lumière blanche émane de ce centre, pour descendre dans le centre de daat, dans le cou. (NDT Dans la symbolique anthropomorphique de l’arbre de vie, daat est associée au cervelet. Mais à cause du syncrétisme bizarre dont je parlais plus haut, elle se retrouve au niveau du chakra de la gorge.) Il se développe ici (NDT le rayon) pour former une autre sphère de lumière blanche, de la taille d’une petite soucoupe. Si la larynx est ressenti comme le centre de la séfirah daat, alors, la distance de ce point aux vertèbres cervicales, à l’arrière du cou, sera son rayon approximatif. Naturellement, cette distance varie selon les personnes. Une technique similaire à celle employée plus haut pour keter sera utilisée pour cette sphère, que nous nommerons, le centre de l’air. Il devrait être fortement et vivement imaginé comme une sphère de lumière blanche scintillante, qui brille de l’intérieur. Le nom divin rattaché à cette sphère est YHVH ELOHIM, prononcé yuh-hoh-voh eh-loh-heem. (NDT Traditionnellement, le tétragramme désigne le divin transcendant et Élohim est le divin immanent. Le nom composé des deux représente l’unité du divin.)

Répétez un certain nombre de fois le bourdonnement vibratoire, jusqu’à ce qu’elle (NDT la sphère) soit ressentie comme une expérience sensorielle claire. Il n’y a absolument aucune confusion possible pour reconnaître la sensation provoquée par son activation. Vous devriez consacrer un temps similaire, pour l’activation de daat ou le centre de l’air, à celui utilisé pour le centre de keter. Lorsque vous vous sentez prêt pour passer à la suite, imaginez que le rayon de lumière blanche descend de la gorge au milieu de la poitrine, dans le centre de tiféret. Alors, ressentez qu’il se développe derrière le sternum pour former un nouveau centre, le centre du feu. Son nom divin traditionnel est YHVH ELOAH ve-DAATH, prononcé Yuh-hoh-voh Eh-loh ve-Dah-ahth. (NDT Eloah est un nom divin parfois utilisé dans la bible, mais jamais associé au tétragramme. On pourrait traduire ce nom par « YHVH, Dieu et connaissance ».) Certains élèves se sont plaints du fait que ce nom est excessivement long et difficile à prononcer. Après une longue période d’expérimentation, je l’ai remplacé par le nom gnostique IAO, (NDT acronyme de Isis, Apophis et Osiris, représente la naissance, la mort et la résurrection.) communément utilisé comme mot de passe de l’Adeptus Minor, pour remplacer les mots hébreux. Sur l’arbre, les deux sont kabbalistiquement attribués à tiféret et sont donc équivalents. Selon mon expérience, ce nom est aussi efficace que le nom divin hébraïque et pour ma propre pratique de cette méditation, il fait maintenant partie intégrante de cette technique.

IAO devrait être prononcé Eee Ah-Oh et encore une fois, devrait être vibré ou chantonné avec vigueur. En fait, il est beaucoup plus simple de vibrer ce nom que la plupart des autres et la vibration produite est claire et forte.

Lorsque vous ressentez que vous êtes resté assez longtemps sur ce centre, continuez en envoyant le rayon de lumière vers le bas pour qu’il atteigne la zone pelvienne, là où se trouvent les organes génitaux. Formez ici, de la même manière que précédemment, une sphère de lumière-énergie rayonnante, approximativement de la même taille qu’une soucoupe. Cette fois encore, un nom doit être prononcé pour produire un éveil vibratoire du centre qui doit également être ressenti dans chaque molécule et chaque cellule de cette zone. SHADDAI EL CHAI est le nom divin de yesod, là où ce centre est situé et il est prononcé Shah-die Ale Chye (souvenez-vous que le ch est guttural). (NDT Shaddaï est un nom divin souvent traduit par « Tout Puissant ». Il est souvent accompagné du nom « El » pour former « El-shaddaï ». Pour des raisons archéologiques et étymologiques, shaddaï signifie probablement « montagne », mais il existe une multitude de théories et pas de consensus à ce sujet. El-chaï est un nom divin également utilisé dans la bible qui signifie « Dieu vivant ». La combinaison de Shaddaï et de El-chaï ne se trouve pas dans la bible. Au sujet de la prononciation du ח, translittéré en « ch », elle est similaire au « ch » allemand, comme un « r » un peu raclé. Cette lettre est souvent translittérée « h », parfois « ‘h » pour ne pas la confondre avec un ה.) Laissez l’esprit s’habituer à être concentré sur ce centre pendant quelques minutes, en le visualisant comme une lumière blanche dynamique. Et lorsque l’esprit s’éloigne de sa tâche, ramenez-le en répétant le nom indiqué plus haut.

L’étape finale pour compléter le pilier du milieu est de faire descendre le rayon de lumière blanche du pelvis aux pieds. Là, il se dilate, à partir d’un point situé juste en dessous des chevilles, pour former la cinquième sphère de malkut. Pour des raisons de commodité, il est qualifié de centre de la Terre (NDT l’élément et non la planète) et ainsi, il complète le système des éléments (NDT cela n’a pas été précisé, mais yesod est associé à l’eau). Développez ici un centre blanc brillant ayant environ la même taille que les autres. Comme vous le savez maintenant, le nom divin de malkut est ADONAI ha-ARETZ, prononcé Ah-doh-nye hah-Ah-retz. (NDT Adonaï est la forme emphatique d’adon qui signifie « seigneur » et qui est utilisée pour désigner Dieu. Le nom complet signifie « seigneur de la terre ».) Une méditation fixe et régulière sur cette zone devrait induire l’éveil de ce centre et la vibration du nom devrait stimuler la sensation d’énergie abondante qui s’écoule.

Une fois encore, restez concentré jusqu’à que vous ressentiez l’activation du centre. Lorsque vous avez terminé, ramenez votre imagination vers keter et visualisez le pilier du milieu comme un rayon de lumière argentée parsemé de cinq superbes diamants à l’éclat parfait. Maintenez cette image assez longtemps pour être certain que les centres ont été éveillés.

Pour les élèves avec une bonne capacité d’imagination, la couleur de ces centres peut être changée en accord avec l’attribution des couleurs des éléments utilisées dans l’ordre (NDT l’ordre de la Golden Dawn). Cela signifie que keter reste d’un blanc éclatant, le centre de daat devient lavande, le centre du cœur devient rouge pour symboliser le feu et tiféret, le centre pelvien de l’eau a la couleur bleue, alors que le centre de la terre ou malkut a la couleur brun roux, la couleur riche et profonde de la terre elle-même, la base sur laquelle nous reposons tous. Pour les élèves qui ne possèdent pas la capacité eidétique suffisante et qui trouvent que les efforts répétés n’engendrent pas de bénéfices notables (j’ai connu des élèves très instruits et intelligents qui sont réfractaires à la visualisation et trouvent que cela n’est vraiment pas facile), je suggère qu’ils continuent en utilisant la couleur blanche tout au long de leur pratique.