Le guide complet pour apprendre à s’en foutre

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Par Julien Smith  Traduction & adaptation : Lune.

Bon, j’ai un aveu à vous faire.

J’ai passé presque toute ma vie (31 ans) à prendre soin de n’offenser personne, à m’inquiéter de savoir si j’étais suffisamment cool pour les autres ou à me demander s’ils me jugeaient.

Je ne peux plus supporter cela. C’est stupide et c’est mauvais pour mon bien-être. Cela a fait de moi un punching-ball : une mauviette nerveuse et superficielle. Mais pire que cela, cela a fait de moi quelqu’un qui ne prend position pour rien. Cela a fait de moi quelqu’un qui se tient au milieu, beaucoup trop souvent, et non pas là où je voulais me tenir, par peur de m’aliéner les autres. Plus jamais ça. Plus aujourd’hui.

Aujourd’hui, mesdames et messieurs, est un autre jour.

Nous allons parler du remède. Nous allons parler de ce qui est nécessaire. Nous allons parler de vérité.

Vous vous demandez si quelqu’un raconte des conneries à votre sujet ? Si vos amis vont vous approuver ? Êtes-vous du genre à éviter les conflits ? Veule ?

Eh bien ! Il est temps pour vous de commencer à vous en foutre.

FAIT NUMÉRO 1. Les gens vous jugent en ce moment même.

Oui, c’est vraiment ce qui se passe là, maintenant. Certaines personnes ne vous aiment pas et devinez quoi ? Vous ne pouvez rien y faire.

Peu importe la coercition exercée, la flagornerie, le nombre de fois où vous céderez à leurs exigences, cela n’y changera rien.

En fait, l’inverse est souvent vrai : plus vous vous battez pour vos convictions, plus ils vous respecteront, que ce soit à contrecœur ou non.

Ce que les gens respectent réellement : c’est lorsque vous fixez une limite et que vous dites : « vous n’irez pas plus loin. » Ils n’aimeront peut-être pas cette attitude, et alors ? Ils ne vous aiment pas de toute façon, pourquoi devriez-vous essayer de plaire à des gens qui, d’emblée, n’en avaient rien à faire de vous ?

Bon. Ensuite, il y a les trolls sur internet. C’est une tout autre chose.

Les gens normaux sont délicats : vous ne les entendez pas quand ils parlent dans votre dos. Mais sur le web, vous le voyez, ce qui change radicalement la donne. Ils ont de l’impact, car ils savent que vous avez votre orgueil, etc. Mais le vrai problème avec les haineux sur internet, c’est qu’ils confirment votre délire paranoïaque selon lequel tout le monde vous hait secrètement.

Heureusement ce n’est pas vraiment le cas. Ainsi, la première grande vérité est que la plupart des gens se fichent que vous existiez. Acceptez ce fait mes amis, car c’est la liberté véritable. Le monde est vaste et vous êtes petit, par conséquent vous pouvez faire ce que vous voulez et choisir de mettre de côté les réflexions de ceux qui vous détestent.

FAIT NUMÉRO 2. Vous n’avez pas besoin que tout le monde vous aime.

C’est complètement fou, je sais. Mais ce n’est pas grave, vous allez vous y habituer.

Voici la prochaine étape : non seulement la plupart des gens ne savent pas que vous existez et certains vous jugent, mais même si c’est le cas, cela n’a absolument aucune espèce d’importance.

Combien est-ce libérateur ! Vous ne vous en rendez peut-être pas encore compte, mais ça va venir. Écoutez bien ceci : quand les gens ne vous aiment pas, dans les faits rien ne se produit. Le monde ne s’arrête pas. Vous ne les avez pas sur le dos. En fait, plus vous les ignorez et vous vous occupez de vos affaires, mieux vous vous portez.

Vous savez lorsqu’on dit : « la meilleure des revanches, c’est une vie bien remplie » ? Eh bien c’est vrai, mais pas totalement.  Une vie bien remplie, c’est génial ! Mais ce n’est pas près d’arriver si vous passez votre temps à vous inquiéter de savoir qui sont vos détracteurs et ce qu’ils pensent. Ce que vous devez faire et vous n’avez pas d’autre choix, c’est de l’accepter et de passer à autre chose.

Donc, vous en foutre est en réalité un précédent nécessaire à la création d’une bonne vie pour vous-même. Ça ne peut pas arriver sans cela. C’est pourquoi vous devez commencer dès aujourd’hui.

FAIT NUMÉRO 3. Ce sont vos proches qui comptent.

OK, vous venez à peine de vous habituer à l’idée que la plupart des gens dans le monde savent tout juste que vous existez et de prendre conscience du fait que ceux qui ne vous aiment pas font partie d’une minorité indécemment minuscule et qu’ils sont insignifiants. Génial ! Vous devez ensuite réaliser que les gens pour qui vous comptez sont ceux sur qui vous devez vous concentrer et personne d’autre.

Les relations sont étranges. Une fois que nous sommes impliqués dans une relation (familiale, maritale ou quelle qu’elle soit), nous commençons rapidement à prendre l’autre personne pour acquise et à chercher à impressionner des étrangers : notre patron, mettons. Ensuite, une fois que nous avons impressionné notre patron, nous commençons à le prendre pour acquis également et ainsi de suite, dans un cycle éternel d’apathie. C’est comme si nous préférions toujours impressionner et charmer ce qui est nouveau, plutôt que travailler sur ce que nous avons déjà.

Mais ces gens (vos champions) comprennent votre quête ou votre cause. Vous vous sentez bien à leurs côtés, ils vous font rire. Avec eux, vous pouvez être tout simplement vous-même. Avec eux, vous vous sentez détendu ou à l’aise. Vous partagez des choses en commun. Ils sont importants pour vous. Concentrez-vous plutôt sur eux.

FAIT NUMÉRO 4. Ceux qui s’en foutent changent le monde. Les autres, non.

J’ai donc lu cet horrible livre de Stephen King, intitulé Marche ou crève. C’est l’histoire d’une course au cours de laquelle les gens marchent sans dormir ni se reposer et s’ils s’arrêtent, ils sont tués. (Comme dans tous les livres de Stephen King, en réalité : « il y a un clown, mais il tue ! », « il y a une voiture, mais elle tue ! », etc.)

Je soupçonne ce livre d’être une métaphore de la guerre, mais il a su parfaitement saisir la notion de persévérance. Pour dépasser toute chose, il faut simplement réaliser que votre obstacle est sans importance et qu’il peut être écarté. C’est vrai, que vous courriez un marathon ou tentiez de vous rendre sur Mars.

Si vous mettez de côté les choses qui ne comptent pas ; si vous éliminez ces choses de votre esprit et vous vous focalisez sur ce qui doit être fait ; si vous comprenez que votre temps est limité et décidez de travailler là-dessus maintenant ; alors seulement vous serez capable d’atteindre la ligne d’arrivée. Sans quoi, vous serez découragé de vivre une vie qui ne vous intéresse pas.

Petite parenthèse : vous avez besoin de mieux gérer les échecs et l’obscurité. Vous êtes peut-être actuellement dans une situation difficile, dans laquelle vous vous sentez seul ou minable. Pas d’inquiétudes, on en passe tous par là. Mais c’est le moment de réaliser à quel point ces situations sont banales et vécues même par les personnes les plus heureuses au monde et qui ont le mieux réussi. Ces gens les ont surmontées et vous les surmonterez aussi.

L’œil observe

Vous savez quoi ? En réalité, cela n’a rien à voir avec les autres. Cela ne concerne que vous.

La semaine dernière, j’ai discuté avec Jonathan Fields à propos de l’emploi des jurons (et de la « vraie voix » [ndlt : s’exprimer avec sincérité, avec son cœur, exprimer ses opinions et ses valeurs…]) sur les blogs. Je l’ai observé sur Skype lors de notre discussion et, en fait, je savais précisément à quel moment il était sur le point de dire « putain! », mais s’en empêchait aussitôt. C’était dingue. Alors je lui en ai parlé. « Tu t’en es rendu compte tout à l’heure, non ? »

Tout le monde a un « œil internet » / subit une surveillance internet. Qui observe en permanence. Lentement mis en place par la société dans son ensemble, ainsi que par vos amis et votre famille. Et qui contrôle si vous n’adoptez pas un comportement inacceptable. Si vous le subissez depuis assez longtemps vous finissez par croire que « l’œil« , c’est vous et que vous êtes « devenu raisonnable » ou toute autre sorte de rationalisation.

Mais cet œil, ce n’est pas vous du tout. C’est une prison et vous justifiez son existence en lui obéissant. Il est puissant parce que vous le laissez être puissant.

Mais le secret, ce qui est étonnant, c’est qu’il ne peut rien faire pour vous arrêter, même s’il le voulait. C’est un œil. Il ne peut que regarder. Toutes les autres parties restantes de vous-même sont libres d’agir comme elles l’entendent.

Comment retrouver votre estime de soi en cinq étapes faciles

ÉTAPE 1. Faites des choses que vous considérez comme embarrassantes.

Ma petite amie et moi sommes passés chez Vibram Fivefingers en prévision d’une grande randonnée. Avez-vous déjà vu leurs chaussures ? Elles sont géniales pour les genoux et ne provoquent pas d’ampoules, mais ce sont les chaussures les plus laides que l’on puisse imaginer. Hier, j’en ai porté avec un joli nœud papillon pour Pâques. J’avais l’air d’un fou.

Comme je l’ai dit au début de cet article, je suis profondément conscient du jugement d’autrui et je peux en être très contrarié : comme la plupart des gens, même si je pense qu’ils ne l’admettent pas. Mais alors que je passais devant des gens dans ma tenue de clown-techno, absolument personne ne m’a regardé. Personne ne s’en souciait et il m’est lentement apparu que même si les gens me regardaient bizarrement, ils poursuivaient leur chemin. Plus tard, ils m’oublieraient complètement.

Vous devez essayer cela. Trouvez vos filtres internes et brisez-les, un à un. Remarquez comment la société, tel un océan, lisse les vagues que vous provoquez, jusqu’à ce que vous soyez éliminé ou deveniez la norme. Faites avec.

ÉTAPE 2. Acceptez l’embarras ou composez avec.

Tout le monde sait que les interviewers obtiennent de meilleurs résultats lorsqu’ils se taisent et qu’ils laissent les silences pousser politicien ou célébrité à parler.

Vous éprouvez peut-être de l’inconfort avec le silence. Je sais que c’est encore le cas pour moi. Mais j’y travaille et je dois dire que cela procure beaucoup plus de sérénité que d’essayer de remplir les blancs par un babillage sans intérêt. C’est un type d’embarras avec lequel vous devez apprendre à vivre et à être à l’aise.

Il existe un autre genre d’embarras social : vous vous retrouvez dans cette situation d’entre-deux quand vous avez peut-être mal agi ou que vous avez été lésé, mais que vous ne dites rien. J’ai reçu quelques dures leçons au cours de ma vie et j’ai réalisé qu’une discussion sur une vérité inconfortable procure une liberté bien plus appréciable que le confort que l’on peut retirer en l’évitant.

Quelqu’un m’a dit récemment que la méthode des Clinton pour gagner le respect en politique est la suivante : si quelqu’un vous attaque, répliquez deux fois plus durement. Cela vaut beaucoup mieux que d’éprouver de la gêne. C’est clair, ce n’est pas un comportement passif-agressif et vous savez où vous en êtes. Commencez à mettre cela en pratique tout de suite.

ÉTAPE 3. Refusez les limites.

Cette vidéo a été tournée en 1970, juste quand le Front de Libération du Québec a assassiné le ministre Pierre Laporte et mis son corps dans le coffre d’une voiture. La phrase « regardez-moi faire » de Trudeau est l’une des plus célèbres de l’histoire politique canadienne. Les journalistes ont essayé de le prendre au piège en le poussant à choisir entre état policier/sécurité et indépendance/libertés civiles, mais Trudeau a refusé de rentrer dans leurs cases.

Le Parti libéral du Canada n’a désormais plus de couilles, mais pour nous il reste de l’espoir. Allez où vous voulez aller. N’acceptez pas de faire de mauvais choix. Ne laissez pas les gens dicter la façon dont vous devriez vivre votre vie. Et surtout, n’écoutez pas l’œil.

ÉTAPE 4. Dites la vérité.

Vous n’avez pas besoin d’être un connard, mais le monde n’a pas non plus besoin d’une autre personne fuyante, qui évite les conflits. Personne ne veut d’un autre individu qui va dans le sens de tout le monde. Le statu quo se porte très bien sans vous, c’est donc à vous de dire que ce sont des conneries quand vous voyez que c’est le cas.

N’essayez pas non plus de lire dans les pensées. Dire la vérité, c’est voir la vérité et non pas en rajouter une couche avec des émotions supposées ou pour enrober les choses .

ÉTAPE 5. Commencez votre nouvelle vie.

Cette étape ne peut se produire sans les précédentes, mais une fois que vous en êtes arrivé là, vous pouvez commencer à explorer en toute sécurité un tout nouveau monde où tout ce que vous faites est parfait tant que cela ne cause sérieusement de tort à quiconque. Vous voulez explorer de vieux bâtiments abandonnés ? Pas de problème, tant que vous êtes prêt à en assumer les conséquences. Envie de vous faire suspendre à un crochet et d’être fouetté par une dominatrice ? Allez-y, mais soyez prudent.

Une fois que vous vous engagez sur cette voie, vous commencez à découvrir que pratiquement tout le monde est capable de comprendre les choses bizarres que vous accomplissez. En fait, elles vous rendent intéressant et méritent l’attention, alimentant davantage vos projets de domination du monde, si vous en avez.

Mais toutes ces choses fun ne peuvent se produire sans que vous ne reconnaissiez ni dépassiez l’œil. Faire cela est un acte puissant de maîtrise qui crée une dynamique et vous rend fort.

Retrouvez votre estime de soi. Faites-le dès aujourd’hui : essayez immédiatement. Portez quelque chose de moche. Faites quelque chose de stupide. Dites à quelqu’un la vérité.

Ça n’a aucune putain d’importance.

Ce texte a été écrit par Julien Smith. Cofondateur et PDG, @Breather. Auteur best-seller du New York Times. Également l’enfant illégitime de Tony Hawk et Topher Grace. http://breather.com — http://juliensmith.com