Retour de la Völva, Reconstruction de la pratique du seidh

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Retour de la Völva, Reconstruction de la pratique du seidh. Par Diana L. Paxson, traduction Fingen

Le texte qui suit fait partie de ceux que je voulais traduire depuis un petit moment. De quoi s’agit-il ? De seidh, simplement. Au gré des « modes » mais aussi des livres qui fleurissent par-ci par-là (encore que le seidh soit largement parent pauvre) on entend tout et n’importe quoi à son sujet. Dire que le seidh est le chamanisme à senteur scandinave ne serait pas faux, mais pas complet non plus.

L’article qui suit et dont vous trouverez l’original ici : http://www.seidh.org/articles/seidh.html, a été publié dans un magazine Moutain Thunder en 1993. L’auteur Diana L Paxon est à l’origine de la reconstruction de seidh en tant que pratique «prophétisante». Elle livre ici les pratiques de son groupe Hrafnar.

Je suis également en train de lire le livre de Jenny Blain : nine worlds in seidh magic, ouvrage qui complète admirablement bien cet article. Si toutefois la prose de Jenny n’est pas si difficile à traduire que les premières pages en laissent augurer, j’en posterai quelques extraits.

Enfin à l’occasion et notamment pour ceux qui ne sont pas familier de la mythologie nordique, j’améliorerai avec des notes ou des compléments certains passages. Plus tard.

Fingen

LE RETOUR DE LA VÖLVA

Reconstruction de la pratique du seidh

Par Diana L. Paxson, traduction & adaptation Fingen (2009)

L’obscurité enveloppe les tentes éparpillées sur l’herbe sèche du terrain du festival répandant une ombre bienveillante ; à l’extrémité de la vallée pentue, les falaises sont bordées des premières lueurs de la lune croissante. Comme la lumière grandit, elle dessine un mélange de toiles et de lueurs sur le visage du peuple assemblé devant elle. Ils contemplent une haute chaise semblable à un trône, mais plus haut, drapée d’une peau d’ours, une personne voilée attend, le corps immobile et le visage dans l’ombre.

« La porte est franchie, la seidhkona (ndt : femme pratiquant le seidh) attend » dit la femme assise sur le tabouret recouvert d’une fourrure en dessous du haut siège.

Après un instant d’hésitation, quelqu’un se lève. Il doit décider s’il doit déménager ou continuer là où il se trouve. Que doit-il faire ? Quel destin contemple la Völva ?

« Parlez maintenant, voyante, dis-nous ce que tu sais. Réponds au demandeur jusqu’à ce qu’il sache tout », dit la leader. Et après un moment, la seidhkona, dont la voix est dure comme si elle venait de très loin, commence à répondre.

Ceci pourrait être une scène issue du monde de nos ancêtres, mais en fait le rituel décrit ci-dessus a eu lieu à un festival païen en Californie du Nord. Pour la troisième année consécutive, un groupe appelé Hrafnar (les corbeaux) a effectué une reconstitution d’un rituel de seidh des anciens scandinaves en tant que service à la communauté. Le groupe a travaillé en plein air, sous la pluie ou sous la lune, dans un bunker souterrain et dans des locaux d’habitation; pour des groupes de quarante personnes ou plus, ou pour seulement deux ou trois. En plus d’aider au développement personnel, notre but a été de démontrer la validité du chamanisme de l’Europe du Nord. Et de servir au mieux la communauté païenne à laquelle nous appartenons comme les Völvas de la Scandinavie ont servi leur peuple. La procédure a connu de nombreux changements dans le temps, mais nous avons appris, si bien que, il semble approprié de partager nos conclusions.

  • Chamanisme scandinave

La forme de divination décrite ci-dessus fait partie d’un ensemble de pratiques dénommées seidh, qui ressemblent fort à d’autres pratiques, qui dans d’autres cultures sont appelées chamanisme. Afin de comprendre ce que Hrafnar essaie de faire, nous devons avoir des connaissances sur le chamanisme en général et comment il a été pratiqué dans l’Europe du Nord.

Le chamanisme peut avoir la prétention d’être la plus ancienne pratique spirituelle encore en usage parmi les hommes. Activités à l’évidence analogues à celle des chamanes dont on peut voir les peintures rupestres du paléolithique. Les pratiques chamaniques ont survécu à tous les peuples du monde habité, avec une remarquable similitude aussi bien au niveau de la pratique que du symbolisme et dans des endroits aussi disparates que la Sibérie et la Terre de Feu. Une telle dispersion donne à penser que le chamanisme a été pratiqué par l’homo sapiens à un stade très précoce de son développement avant sa dispersion dans les différentes cultures. Avec une telle histoire, vaste et étendue, on pourrait s’attendre à trouver des traces de pratiques chamaniques dans les cultures pré-chrétienne de l’Europe du Nord.

Une analyse minutieuse des sources vikings et celtiques suggère que c’est effectivement le cas. Pour le lecteur familier de la littérature chamanique, la plupart des prouesses magiques attribuées aux druides ou en vieux norrois vitkis ou Völvas rappelle fortement les pratiques chamaniques. Les sagas islandaises sont riches en terme de magie de toute sorte, y compris les voyages de l’esprit, le travail sur le temps, la guérison, la prophétie et le changement de forme. Certaines des pratiques scandinaves peuvent être tirées des Saami (Lapons) ou des Finlandais, mais aussi de légende celte ou grecque et de croyances indo-européennes.

  • Seidh

La pratique pour laquelle nous avons le plus d’informations est appelée seidh (nominatif en vieux norrois : seidhr), qui peut provenir d’un mot qui signifie parler ou chanter ou apparenté au verbe « bouillonner » dérivé du rituel de l’ébullition du sel (Grimm III: 1047) Selon Stephen Glosecki :

L’étymologie de seidh suggère un développement indigène, peut être une résurgence d’une pratique indo-européenne. Ce terme mystérieux est apparenté au terme français « séance » , latin sedere, vieil anglais « sittan » et donc un large groupe de terme basé sur la racine indo-européenne « sed- ». Un seidh a été littéralement une séance (ndt en français dans le texte), s’asseoir pour communier avec les esprits.
(Shamanism and old english poetry P 97)

Dans la littérature, le seidh fait référence à toute sorte de pratiques magiques, y compris un acte de divination et de prophétie effectué en transe. D’autres termes pour les praticiens du seidh seraient Seidhkona, spakona, ou pour un homme seidhmadhr. Un terme plus général pour un homme spirituel pratiquant était vikti (en anglo saxon , wicca ou féminin Wicce). À une période antérieure, aussi bien les hommes que les femmes semblent avoir pratiqué cet Art. Dans les hommes ayant pratiqués le seidh sont inclus Ragnvald Rettilbeini (le fils du roi Harald Fairhair qui a été brûlé par Erik Bloodaxe à la demande de son père avec les hommes qui ont pratiqué le seidh avec lui, et Eyvindr Kelda, qui a été noyé par le roi Olaf. Toutefois, la majorité de ceux qui pratiquent le seidh dans les sagas sont des femmes. La forte tradition féminine rend cette forme de chamanisme particulièrement intéressante pour les femmes.

Le seidh a été une spécialité du Dieu Odin. Il est dit que le seidh a été enseigné aux Ases par Freya (Ynglingasaga :4) et une partie des pratiques est probablement originaire du culte des Vanes. D’autre part, Odin est à l’origine une divinité chamanique qui semble avoir acquis cette technique en plus de la maîtrise des runes et d’autres savoirs. Dans la partie sept de l’Ynglingasaga on apprend que :

Odin a un talent qui donne un grand pouvoir et qu’il pratiquait lui même. Il est appelé « seith » et par ce biais il peut connaître le sort des hommes et prédire les événements qui ne se sont pas encore produits, et de ce fait il pourrait infliger un malheur aux hommes, leur faire perdre leur âme ou la santé, ou prendre la sagesse ou le pouvoir de certains hommes pour le donner à d’autres. Mais cette magie est taxée « d’ergi » (un terme signifiant passivité sexuel ou spirituel, utilisé comme une insulte) que les hommes virils jugent honteux de la pratiquer, et ainsi elle a été enseignée à des prêtresses.

Et, Odin peut changer lui-même. Son corps posé comme s’il était en sommeil ou mort, mais il est devenu un oiseau ou une bête sauvage, un poisson ou un dragon, et a voyagé en un clin d’œil vers des terres lointaines, de sa propre course ou de celle des autres hommes. Ainsi, avec de simples mots, il a été en mesure d’éteindre les incendies, de calmer la mer, et tourner le vent de la manière qui lui plaise.

Un passage de la Lokasenna a un intérêt particulier, car si le verbe à la deuxième ligne est soigneusement examiné, il peut apporter la preuve de l’utilisation du tambour chamanique par les Scandinaves. Parlant à Odin Loki dit :

Mais toi tu pratiquas le seidh à Samsey,
Et (ndt : le texte anglais dit beating out alors que Boyer traduit par 🙂 tu battis du tambour comme une Völva,
Comme un sorcier tu passas à travers le monde des hommes,
En femme sage, je crois.

[Note du traducteur : Voici la traduction de Boyer :

« Mais toi, on dit que tu pratiquas la magie à Samsey,
Et tu battis du tambour comme les sorcières,
Tu allas parmi les peuples, »

M’est avis que c’est couillonnade (ndt: avec une forte suspicion que le texte norrois utilisait le terme d’ergi ici.)]

D’autres pratiques identifiées comme du seidh, notamment celle créer des tempêtes, voyager ou lutter sous une forme animale, l’envoi d’un cauchemar pour tuer quelqu’un par suffocation pendant son sommeil, des sorts d’amour, toutes ces choses dont les chamanes dans d’autres cultures sont crédités ou accusés tout autant. Voyager avec le corps et en transe est une pratique courante dans la littérature scandinave. Les destinations varient, on trouve des références sur le voyage dans Midgard (voyage dans d’autres parties du monde réel) et la recherche du siège de vision d’Odin dans Asgard. Cependant, l’utilisation de loin la plus courante du terme seidh fait référence à un rituel dans lequel la voyante (Völva ou seidkona) est assise sur une plate-forme ou un haut siège (seidhjallr) entre en transe et prophétise pour la communauté. C’est cette pratique que Hrafnar a passé le plus de temps à récupérer.

Le rendu le plus complet d’une session de seidh (en fait de tout rituel scandinave), qui a survécu, c’est l’histoire de la section quatre de la Saga d’Erik le Rouge, dans laquelle une Völva vient dans une des colonies du Groenland afin de prophétiser pour la communauté. L’idée que physiquement surélevée la voyante sera aidée dans sa vision semble être le trépied sur lequel la Pythie de Delphes s’asseyait pour prophétiser et peut être le tronc d’arbre sur lequel la chamane Machi de la tribu Aurakan d’Amérique du Sud montait en vue de déclarer ses visions.

Dans l’ancien temps les machi montaient sur une plate-forme supportée par des arbustes et là, dans une contemplation prolongée du ciel, elle avait ses visions… Lorsque la machi revenait à ses sens, elle décrivait son voyage vers le ciel, et annonçait que le Ciel-Père accordait tous les souhaits de la communauté.
— (Eliade: Shamanism p 325)

Les caractéristiques importantes du rite du seidh dans la Saga d’Erik le Rouge sont celles-ci : La Völva est une prêtresse itinérante à qui on a demandé de venir pour prophétiser pour eux quand la famine actuelle prendra fin. D’autres textes donnent à penser qu’autrefois ces prêtresses voyageaient avec un groupe de jeunes, peut-être en formation, mais à cette période la spakona Thorbjorg était seule. Quand elle est arrivée, elle a eu l’occasion d’apprendre à connaître les lieux, puis elle fut nourrie avec un repas composé du coeur de tous les différents types d’animaux disponibles ( peut être une référence à un sacrifice, dans lequel le reste de la viande aurait été mangée par les autres). Dans la tradition irlandaise, une offre aux Dieux est parfois une condition préalable à la prophétie.

Pour prophétiser, la Völva du Groenland s’assoit sur un siège élevé et un coussin bourré de plumes de poules. Pour lui permettre d’entrer en transe, une chanson, le vardhlokur, a été chantée par une femme qui a convoqué les esprits. En fin de compte, la voyante prophétisa la fin de la famine et répondit aussi à de nombreuses questions pour les membres de la communauté. Elle portait un costume spécial, composé d’un manteau bleu orné de pierres, un collier de perles de verre, un capuchon en peau d’agneau noir doublé d’une peau de chats blanche, des gants en peau de chats et des chaussures en peau de vachettes. Une ceinture soutenait une pochette en peau, contenant du matériel magique et un couteau au manche en ivoire de morse et elle portait un bâton avec un pommeau et une monture en laiton et des pierres. Les aspects les plus importants de cette tenue vestimentaire sont probablement l’inclusion de différents types d’animaux à fourrure en particulier les peaux de chats, sacrées à Freya, et le bâton, qui apparaît au 6ème siècle sur une plaque qui pourrait représenter une prêtresse, et il est parmi les articles interdit des chrétiens. En Laxdaelasaga, un bâton de seidh se trouve dans une tombe qui semble être celle d’une Völva.

  • Le rituel du seidh de Hrafnar

Dans les références sur le seidh prophétique qui ont survécu, l’attention se concentre sur les questions, et au-delà d’une information sur pourquoi une chanson a été chantée, peu est dit sur les techniques utilisées pour réaliser la vision. Toutefois en étudiant les Eddas, nous notons que la Voluspa, Baldersdraumr et la « prophétie de la petite voyante » tous relatent les voyages d’Odin dans le monde d’en dessous pour consulter la Völva. Ces histoires suggèrent deux possibilités, la première est que le lieu ou se réalise la vision prophétique est Hel, la demeure des esprits des ancêtres, et la deuxième est que le processus de questionnement est structuré selon une formule traditionnelle à laquelle la prophétesse étant conditionné à répondre. Dans le seidh pratiqué par Hrafnar, le chant est utilisé pour modifier la conscience et élever l’énergie, le voyage dans le monde d’en dessous amène tout le monde à la source de la connaissance et le questionnement formulé garde l’état visionnaire sous contrôle.

La première étape est la purification par la fumée des herbes sacrées. Aujourd’hui ceci est plus familier dans les traditions des natifs américains, mais la pratique de l’usage du tabac avec des herbes (appelé « recels » ndt: terme que je n’ai pas réussi à traduire) se trouve dans les pays anglo-saxons et dans d’autres sources du folklore européen. Le but est d’aider les gens à se débarrasser des tensions et des préoccupations qui les empêchent de se concentrer sur le travail à faire. Le leader définit l’espace destiné à être utilisé pour la cérémonie. Un ou plusieurs participants peuvent orienter et équilibrer le groupe en honorant les directions et les esprits locaux de la nature. Enfin, les Dieux en général, et particulièrement ceux associés aux divinités du seidh sont invoqués. À la prochaine étape, le groupe se déplace plus profondément dans le monde des mythes scandinaves. Au moment où le voyage commence, tout le monde devrait être rattrapé par la dynamique de la cérémonie.

Rien de tout cela n’est strictement nécessaire pour la pratique du seidh. Mais les dénonciations des chrétiens sur les pratiques païennes prophétiques indiquent que les Dieux ont été invoqués avant la réalisation de la divination. Plus importante est la fonction psychologique de ces activités. Prendre le temps d’établir un espace sacré prévoit une période de transition pendant laquelle les participants peuvent se libérer des préoccupations de la journée et leur identité du monde moderne et passer dans le monde du mythe nordique. Il est également utile de définir le domaine du rituel, surtout si une cérémonie est réalisée dans le salon de quelqu’un.

Le port de vêtements authentiques permet à tous les participants de faire cette transition psychologique, tout comme le port d’un chapeau ou d’une cape de peau ou des images d’un animal de pouvoir ou d’autres symboles qui aident le chamane dans sa fonction. Une grande partie de ceci pourrait être prise comme du théâtre, mais l’analyse de la littérature chamanique démontre que l’élément dramatique dans la plupart des pratiques traditionnelles est clair.

Il est temps de chanter sur le siège de THUL,
À la source de Urdh puisons la sagesse.

Avec ces mots du Havamal nous entrons dans le coeur du rituel, la préparation de la transe prophétique commence. Le voyage du seidh est alimenté par l’énergie soulevée par la danse et les percussions, le chant et la chanson. Comme dans les sociétés traditionnelles un échange a lieu entre le chaman et la communauté dont l’énergie permet au chamane de voyager plus loin et plus vite pour ramener les connaissances dont ils ont besoin. Les formes que cela peut prendre varient. Le groupe Hrafnar utilise parfois des violons qui jouent de la musique folklorique suédoise pour mettre les gens dans l’ambiance. Le plus souvent on utilise le tambour. Le batteur devrait commencer avec un battement fort pour que tous puissent se balancer, taper des mains, etc.. Et s’il y a de la place, une danse en ligne ou en spirale qui forme un cercle, ou alors seule la voyante peut danser. Ceci est suivi de la puissance des chants de la voyante. Un coup de sifflet marque la fin de la phase préparatoire.

Le guide ou le batteur commence alors à battre plus lentement, et il commence à raconter le voyage. Il commence par des instructions permettant la détente de tous les membres du corps, ainsi que pour rendre la respiration plus profonde et plus régulière. Ensuite les participants sont invités à imaginer un lieu en extérieur qui leur est familier et qui comporte un chemin qui descend dans une forêt. La cime des arbres se courbe pour former un tunnel à travers lequel on passe vers le bosquet sacré. Il s’agit de la frontière entre le monde réel et Midgard qui est le monde du milieu, la version non ordinaire de notre plan normal d’existence. Au centre de l’enceinte sacrée se dresse Yggdrasil, l’arbre du monde. À partir de ce point, le voyage reprend l’imagerie traditionnelle des voyages dans le monde d’en dessous, il se termine pour tous, sauf la voyante, devant le pont, où ils resteront pendant qu’elle prophétise.

Le voyage suit toujours le même schéma général. Comme cela s’effectue à voix haute, tout le groupe entend et se trouve porté sur le chemin. Dans la pratique, chaque participant interprète la narration par le biais de son propre système de symboles, de sorte que le voyage de chacun est différent, cependant la route est toujours essentiellement la même. Comme le groupe a continué de travailler ensemble, les membres ont influencé la vision que chacun a de la route.

Cette vision partagée est l’équivalent d’une culture spécifique de l’interprétation de l’autre monde hérité par les membres d’une société traditionnelle. Il place l’ensemble de groupe dans une position qui facilité la divination. Certains symboles sont universels, mais les visions de chacun dans une culture traditionnelle ont tendance à prendre la forme d’images que d’autres membres de cette culture peuvent reconnaître et comprendre. En fournissant intentionnellement la première partie du voyage avec des images de la culture scandinave, nous augmentons la probabilité que ce qui suit provienne des mêmes strates de l’inconscient collectif, permettant une expérience intégrée et compréhensible.

Il est important de noter que le Hel de la mythologie germanique n’est pas du tout le même que l’enfer de la chrétienté, pour lequel le nom anglais est le même. Bien que la fille de Loki, Hella, qui régit Hel, est en partie une Déesse de la mort et de la décomposition, un côté de son visage est jeune et beau. Hel apparaît comme incluant les horreurs d’une tombe et la beauté des terres éternelles. Les plantes vertes prospèrent ici même quand dans le monde c’est l’hiver. Hel est le monde sous le tertre, le monde des ancêtres.

La topographie de la Terre semble avoir été soigneusement recueillie par les anciens, il y a une constance remarquable dans les comptes rendus des voyages, les obstacles à surmonter, les cours d’eau traversés, les êtres rencontrés sur le chemin. Une tradition si définie suggère des générations de voyages. Ce parcours à travers l’inconscient collectif a été bien étudié.

Bien que l’ensemble du groupe fait le voyage dans le monde d’en dessous, seul le voyant effectue le pas de plus pour passer les portes et après avoir officiellement indiqué sa volonté de le faire. Si la voyante elle-même a guidé le voyage, à ce point une autre personne deviendra la guide. Le chant est chanté par tous sur une mélodie médiévale norvégienne. La musique et les tambours portent la voyante tandis qu’elle visualise le franchissement de la porte qui mène dans le monde d’en dessous. Les expériences individuelles sur cette deuxième phase varient, mais tous conviennent qu’un changement de conscience se produit. Pour certains la stimulation par une question est nécessaire pour que les images se forment, pour d’autres, ils commencent à voir des esprits, ou autre, dès leur arrivée.

Dans les Eddas, Odin commence par incanter un sort pour convoquer la Völva depuis son monticule en indiquant son nom et ses pouvoirs magiques. Il signale sa question en disant: « Ne te tais pas Völva , je veux t’interroger jusqu’à ce que tout soit su (Baldrsdraumar 8). La Völva signale qu’elle a terminé est donnant une réponse et est prête pour en recevoir une nouvelle en disant: « Je te le dis bien, j’en sais encore plus, tu dois savoir cela, veux-tu en savoir plus ? (ndt la version Boyer du Baldrsdraumar ne rend pas ce passage comme ceci, mais comme cela: « De force j’ai parlé, à présent je me tairais) dans la Voluspa: « En savez-vous davantage, ou quoi ? »

Ce modèle est le modèle de l’interaction entre le guide et la voyante au cours de la transe du seidh. Le rôle du guide à ce point est d’agir comme intermédiaire entre le groupe, toujours dans la première phase de la transe, et la voyante. Les gens doivent être avertis que leurs questions doivent être aussi simples et précises que possible. Le guide signale aux participants de commencer et signifie la fin de la séance. Il ou elle entretient des relations avec la voyante pour savoir quand elle est fatiguée et arrêter la session. S’il y a plus de questions que la voyante ne peut gérer, une deuxième ou une troisième est mise en place dans le haut siège si nécessaire et la séquence est reprise à partir du chant.

Certains requérants peuvent avoir des questions concernant la mort ou il peut y avoir des moments ou la voyante sent que les esprits sont désireux de communiquer. Étant donné que nous « envahissons» le monde des esprits pour ce travail, il semble juste que de temps en temps ils soient autorisés à dire leur mot. Le voyant peut entendre et transmettre le message ou dans certains cas permettre à l’esprit de parler à travers lui. Ce type de communication devrait être manipulé avec prudence et une attention particulière doit être portée sur le retour de la voyante à la conscience ordinaire.

Lorsque toutes les questions ont reçu une réponse, le guide ramène la dernière voyante, mais elle peut rester sur le haut siège pour le voyage de retour. Pour le battement du tambour, le guide raconte le retour dans l’ordre inverse de l’entrée. À la fin de la narration, le guide ou un chanteur peut chanter un autre chant pour aider les gens à faire la transition de retour à la réalité ordinaire.

La dernière partie du rituel récapitule les actions de l’ouverture dans l’ordre inverse, et aide les participants à faire la transition du retour. Absorber du sel est utile pour s’ancrer et en distribuer offre une occasion de se rendre compte que tout le monde est revenu à la conscience ordinaire. Nous essayons toujours d’avoir de la nourriture et des boissons pour remplacer l’énergie dépensée. Le climat social du partage de la nourriture créé un environnement favorable dans lequel les personnes peuvent discuter et faire le point sur leurs réponses.

Plus le groupe est servi, plus facile est le partage des tâches pour la cérémonie. Les rôles sont celui de guide de la voyante, un ou plusieurs gardiens qui aident les voyantes à prendre place dans le haut siège et veiller aux différents problèmes de l’ensemble du groupe et les requérants eux-mêmes. Chacune de ces fonctions est importante et chacune exige une préparation et une formation.

L’élément qui fait que chaque voyage chamanique est différent est la présence des personnes avec leurs questions. La technique de Harner dans laquelle un chamane voyage afin d’obtenir une vision pour un client, lui permet de l’interpréter, et lui enseigne à continuer de travailler de cette manière, occupe une position à mi-chemin entre le travail solitaire et le seidh. Le seidh permet à un chamane ou voyant d’utiliser un seul voyage pour voir pour plusieurs personne d’une manière qui recrée l’environnement culturel traditionnel. En fait, seulement s’il existe un certain nombre de personnes cherchant des informations de même nature, élaborer une telle cérémonie prend tout son sens. On pourrait dire par conséquent que juste après la voyante, les requérants sont les participants les plus importants.

Malgré le fait qu’un leader mène le voyage, le rôle du requérant ne doit pas être passif. Plus le nombre de personnes qui partagent la vision est élevé, plus l’intensité semble augmenter. Même un « voyageur » expérimenté peut trouver le voyage plus vivant quand les autres sont présents. La présence d’un groupe fournit automatiquement un réseau de soutien qui permet de valider l’expérience, et l’énergie et l’excitation crée par la puissance des chants permet de porter la voyante vers le deuxième niveau de transe.

Il est de la responsabilité du requérant de cibler la question de manière à fournir une réponse utile, il devrait prendre le temps de réfléchir au choix du sujet et préciser sa façon de le décrire. Les questions doivent être réduites de sorte qu’une vision unique et courte fournira des informations utiles. Elles devraient être sérieuses et importantes au requérant. En posant leurs questions et en interprétant les réponses de la seidhkona, les requérants seraient bien avisés de tenir compte de l’avis de Socrates donné à Xenophon concernant les oracles. Selon le maître, il est stupide de poser des questions dont on peut répondre par la recherche, la raison ou les principes éthiques.

En bref, ce que les Dieux nous ont accordé de le faire par le biais de l’apprentissage, nous devons l’apprendre. Ce qui est caché des mortels nos devrions essayer de le découvrir par la divination à travers les Dieux, pour celui qui est dans leur grâce les Dieux font signe.
— Xenophon, Memorabilia, LCL. trans. O.J. Todd, vol. 4, pp. 5-7

D’anciens écrivains comme Epictète soulignent également la nécessité d’aborder l’oracle avec un esprit ouvert et détaché, déterminé à faire de la réponse une bonne utilisation, quoi qu’elle puisse être.

Chose intéressante, nous avons constaté qu’une vison répond parfois à plusieurs questions. Les visions peuvent stimuler les idées de ceux qui n’en ont pas encore posé ou pensaient ne pas en avoir. D’autres sont simplement « passés» dans une situation confortable ou effectuent leur propre travail spirituel jusqu’au moment du retour.

Plus grand est le besoin du requérant plus puissante sera la vision. Le processus est essentiellement interactif. La voyante et les requérants ont déjà été mis en rapport lors du voyage, la voyante utilise ses compétences pour atteindre un niveau de conscience dans lequel l’information et les images peuvent être accessibles avec une grande efficacité, mais les questions, en particulier celles qui viennent de parfaits étrangers, évoquent des images et valident les compétences de la voyante.

Le requérant doit donc resté aussi concentré que possible, chanter avec enthousiasme lorsque nécessaire et formuler sa question le plus simplement et clairement possible. Plus le requérant est ouvert à l’expérience, plus puissante est la réponse. Dans certains cas, la réponse peut être quelque chose que le requérant ait dit avant ou une chose qui pourrait être communiqué aussi bien dans un cadre moins élaboré. Le fait que l’information soit communiquée lorsque les deux parties sont dans un état altéré semble lui donner plus d’impact. Les images qui sont le type de réponse le plus commun peuvent avoir un grand pouvoir, et même de simples informations transmises en transe peuvent acquérir une signification profonde. En tout cas, le requérant est plus susceptible de se souvenir et de comprendre les conseils reçus de cette manière.
Le seul équipement vraiment nécessaire pour le seidh est l’esprit. Cependant, comme les chamanes des sociétés traditionnelles, avec Hrafnar nous avons constaté que lorsque l’on travaille en groupe, un certain nombre de techniques dramatiques augmente l’efficacité du processus. Les symboles physiques qui parlent à l’inconscient nous aident à nous convaincre que nous sommes effectivement en train de recréer la spiritualité de nos ancêtres. Ainsi, en plus des recherches sur le processus lui-même, nous avons étudié la culture d’où il était issu et nous avons essayé autant que possible de recréer les vêtements et les objets. L’efficacité de cela peut être jugée par un participant observateur qui ressentirait l’expérience comme on le fait au National Geographic.

  • Résultats

Le seidh ne vise pas à remplacer d’autres pratiques spirituelles ou thérapeutiques. Ses avantages, comme dans toute expérience, dépendront de l’utilisation qui en est faite. Le rituel semble avoir deux effets. Le premier est de fournir des conseils spirituels pour un maximum de personnes en une seule session. Le deuxième est de donner aux gens le sens de la participation à une expérience spirituelle dans la tradition de l’Europe du Nord. Beaucoup de requérants ont signalé que les réponses qu’ils ont reçues sont extrêmement précises, et qu’ils ont reçu un nouvel éclairage de leur situation.

La procédure du seidh de Hrafnar est maintenant relativement bien éprouvée. Autant les femmes que les hommes ont été formés et semblent fonctionner de la même manière. Plusieurs voyants sont capables de gérer une salle de questions avec un minimum d’assistance. D’autres sont capables de prendre plusieurs questions à la fois avec un certain appui. Clairement, la compétence devient plus facile avec la pratique. Le groupe est reconnu comme une ressource à la disposition de la communauté locale, et commence à travailler avec d’autres groupes scandinaves tels que The Ring of Troth. Hrafnar pratique le seidh à plusieurs festivals annuels, ainsi que lors de réunions spéciales. À l’avenir nous continuerons à former davantage de voyants et de leur donner l’expérience dont ils ont besoin pour fonctionner de manière autonome.

Nous avons également commencé à explorer des moyens d’enseignements du seidh à des personnes éloignées. Le présent essai est destiné à servir uniquement comme introduction, ceux qui sont sérieusement intéressés dans l’apprentissage de cette technique sont invités à m’écrire à Box 5521, Berkeley, CA 94705.

  • Bibliographie

– La Saga d’Erik le rouge
– L’Edda poétique
– Mircea Eliade : chamanisme et les techniques archaïques de l’extase.
– Stephen O. Glosecki, Shamanism and Old English Poetry, New York : Garland Publishing, 1989
– Michael Harner, The Way of the Shaman, Bantam, 1980 Michael Harner,
– Roger Lipsey, Have you ever been to Delphi ? Roger Lipsey
– L’Edda de Snorri et l’Ynglinga saga