Rencontre avec Pan

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Rencontre avec Pan. Par Sir Georges Trevelyan. Extrait du livre « Les Jardins de Findhorn, la communauté de Findhorn », collection Findhorn, éditions Le Souffle d’Or.

Voici le témoignage apporté par R. Ogilvie Crombie, aujourd’hui décédé, l’un des fondateurs de la communauté des Jardins de Findhorn, en Écosse. Roc avait des affinités profondes avec les esprits de la nature, ce qui un jour l’a mené à ceci :

« J’ignorais alors que ces rencontres avec Kurmos (un petit faune) devaient me conduire à quelque chose d’encore plus insolite qui se produirait un mois plus tard, vers la fin avril. Ce fut un soir, alors que je revenais de chez des amis qui habitaient dans la partie sud d’Édimbourg. Il était à peu près 23 heures, et je rentrais chez moi à pied.

Les rues étaient presque désertes et je pensais que la ville était alors bien paisible. Je marchais dans la rue principale d’Édimbourg, la Princes Street. En tournant au coin de la rue qui longe la National Gallery (proche des Royal Botanic Gardens), je pénétrai dans une « atmosphère » extraordinaire. Je n’avais jamais rencontré auparavant une telle ambiance. Comme elle est assez difficile a décrire, je pourrais dire que c’est comme si je n’avais pas eu de vêtements et que je marchais dans un milieu plus dense que l’air, mais moins dense que l’eau. Je pouvais le sentir contre mon corps. Cela me donnait une sensation de chaleur et de picotements, comme un mélange de piqûres d’aiguilles et de choc électrique. Ceci s’accompagnait d’un état de conscience accru et de cette même sensation d’attente que j’avais éprouvée dans les Jardins avant de rencontrer Kurmos.

Je réalisai alors que je n’étais pas seul. Une silhouette, plus grande que moi, marchait à mes côtés. C’était un faune, irradiant une extraordinaire puissance. Je le regardai attentivement. Ce n’était certainement pas mon petit faune devenu grand. Nous continuâmes de marcher côte à côte. Puis il se tourna et me regarda.

– Alors, tu n’as pas peur de moi ?

– Non.

– Pourquoi ce non ? Tous les êtres humains ont peur de moi.

– Aucun mal n’émane de ta présence. Et je ne vois aucune raison pour laquelle tu souhaiterais me faire du mal. Je ne me sens pas effrayé.

– Sais-tu qui je suis ?

À l’instant, je le sus.

– Tu es le grand dieu Pan.

– Alors tu devrais être effrayé. Votre mot « panique » provient de la terreur que ma présence cause.

– Pas toujours. Je n’ai pas peur.

– Peux-tu me dire pourquoi ?

– C’est peut-être à cause de mon affinité avec tes sujets, les esprits de la terre et les créatures qui vivent dans les forêts.

– Tu crois en mes sujets ?

– Oui.

– Aimes-tu mes sujets ?

– Oui, bien sûr.

– Dans ce cas, m’aimes-tu ?

– Pourquoi pas ?

– M’aimes-tu ?

– Oui.

Il me regarda avec un sourire étrange et ses yeux se mirent à briller. Des yeux d’un brun profond et mystérieux.

– Tu sais bien sûr que je suis le diable ? Tu viens tout juste de dire que tu aimes le diable.

– Non, tu n’es pas le diable. Tu es le dieu des forets et des champs. Il n’y a aucun mal en toi. Tu es le dieu Pan.

– Mais l’Église chrétienne primitive ne m’a-t-elle pas pris comme modèle du diable ? Regarde mes sabots fourchus, mes jambes poilues et les cornes sur mon front.

– L’Église a fait des dieux et des esprits païens des diables, des démons et des diablotins.

– Elle s’est donc trompée ?

– L’Église a fait cela avec les meilleures intentions, du moins de son point de vue. Mais elle a eu tort. Les anciens dieux ne sont pas nécessairement des démons.

Nous traversâmes la rue Princes et primes une autre rue. Il se tourna vers moi :

– Dis-moi ce que je sens !

Depuis son arrivée, je m’étais mis à respirer une merveilleuse odeur de forêts de sapins, de feuilles humides, de terre fraîchement retournée et de fleurs sauvages. Je le lui dis.

– Alors je ne sens pas le fauve, comme un bouc ?

– Non, pas du tout. Cela sent une faible odeur un peu comme celle du musc, comme la fourrure d’un chat bien portant. C’est agréable et ressemble aussi a de l’encens. Tu veux toujours te faire passer pour le diable ?

– Je dois savoir ce que tu penses de moi. C’est important.

– Pourquoi ?

– Parce que.

– Tu ne veux pas me dire pourquoi ?

– Pas maintenant. Cela deviendra clair, le moment venu.

Il passa son bras autour de mon épaule. Je sentis vraiment le contact physique.

– Cela ne te gêne pas que je te touche ?

– Non.

– Tu n’éprouves vraiment aucune répulsion ni aucune crainte ?

– Aucune.

– Excellent.

Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi il faisait un tel effort pour provoquer en moi un signe de peur. Je ne me proclame pas être courageux ; il existe beaucoup de choses qui pourraient me faire mourir de peur. Mais, pour une raison ou une autre, je n’avais absolument pas peur de cet être. Une appréhension, à cause de sa puissance, mais aucune peur : seulement de l’amour. »