Divinité Basque, avatar de Mari ou Maïa ?

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Divinité Basque, avatar de Mari ou Maïa ? Par Ph. Lambert. Article provenant du site : http://www.archeophile.com/forum/

Dans les années 80, j’ai travaillé (pendant un an) sur le chantier d’une église romane, ancienne paroisse rurale isolée, située en bordure de la haute-Lande (St Pau, Meylan). Comme toujours, systématiquement, j’enregistrais alors les histoires, contes et autres légendes des rares personnes âgées de l’endroit, car ces enquêtes sont souvent salutaires pour qui veut gagner du temps sur les chemins de la prospection. L’ancien maire de la commune, monsieur Gilet, aujourd’hui disparu, n’avait rien d’un plaisantin et même était plutôt sérieux. Ami de l’homme politique Jean Cavaillet, il appartenait à une tradition rationaliste républicaine et laïque, autant dire qu’il se méfiait comme du loup de tout ce qui ne semblait pas frapper du sceau de la plus élémentaire des logiques. Pourtant, cet homme intègre me répéta à plusieurs reprises une histoire surprenante, connue par ses enfants, et sur un ton qui trahissait un mélange d’angoisse et de curiosité non satisfaite. Il me raconta que quelques années avant la Guerre (1940), alors qu’il revenait à pied de Saint-Pau par une belle journée d’été, il fut subitement pris dans une tornade de chaleur (tourbillons ascendants) qui agita tout autour de lui la forêt dans un fracas étourdissant et d’une rare violence. Tout à coup, entre deux touffes de genêts balayés par la bourrasque, il vit distinctement une personne dressée habillée en femme, surmontée d’une ….tête de cheval. Notre homme bien surpris se demanda un instant s’il n’était pas en train de perdre la sienne de tête et détourna son regard comme pour exorciser une vision infernale. Il reprit son chemin d’un pas forcé, et là devant lui, encore cette même personne qui le regarda sans dire un mot, puis le suivit à distance sur quelques 200 m avant de disparaître. Bien évidemment, une fois rentré chez lui il évoqua son apparition et surtout son trouble à sa famille, réfutant un « coup monté », car la tête du cheval était bien vivante et en tout point comparable à celle d’un animal bien vivant, « aux naseaux frémissants » dit-il.

J’ai consigné cette histoire, je dois le dire, sans trop y faire attention lorsque un jour, je suis tombé par hasard sur une publication évoquant une très ancienne divinité basque à tête de cheval. Se pourrait-il qu’alors même que cette histoire ressemble davantage à un fait divers digne d’une Pagnolade, qu’elle traduise la subsistance d’un vieux fond de croyances, particulièrement ancien, inconscient (au sens que Jung donne à ce terme, au sens de collectif) puisqu’il n’existe localement pas de traditions orales ou d’écrits relatifs à la connaissance de telles divinités. Anthropologiquement, je trouve cela intéressant, soit l’interprétation d’un phénomène météorologique par un mythe pré-existant dont on ne connait pas soi-même l’existence, serait-ce du structuralisme, ou peut-être une transmission maternelle au-travers de berceuses pour enfant ? Nous sommes en dehors de l’archéologie mais pas tout à fait, ce monsieur, décédé à plus de 97 ans n’a jamais su pour sa part qu’une telle divinité existait dans le panthéon euskarien : les mythes précèderaient-ils la pensée rationnelle, le produit de la pensée rationnelle ne serait-elle que la forme la plus aboutie du mythe de la connaissance objective… Va savoir à quel étage du mythe nous nous situons, nous autres archéologues, que voyons-nous donc !!!