La tradition Faery (Feri)

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Par Anna Korn. Traduction et adaptation Lune.

Parmi les traits distinctifs de la tradition Faery, on trouve l’usage du « pouvoir faery » qui caractérise la lignée. Il s’agit d’une tradition extatique plutôt que de fertilité. Une importance particulière est accordée à la conscience et à l’expérience sensuelle, comprenant la mystique sexuelle qui ne se limite pas à l’expression hétérosexuelle. En cela, comme c’est l’esprit général de l’exploration spirituelle, la prise de risque est davantage encouragée que dans les autres traditions wiccans qui peuvent avoir des lois spécifiques limitant le comportement. Une certaine amoralité est historiquement associée à la tradition. Nous nous voyons, lorsque nous sommes enchantés, comme des « fey* » (ni noirs ni blancs, en dehors des définitions sociales, sur le chemin de Faeryland – ndlt : littéralement le royaume ou pays des fées, en gros l’Autremonde), soit fous ou poétiques. Nous sommes conscients qu’une grande partie de la réalité est invisible ou, du moins, qu’elle possède des frontières incertaines. Comme dans toute autre tradition de l’Art, nous éprouvons un profond respect pour la sagesse de la nature, un amour pour la beauté et du goût pour la créativité bardique et mantique. Les Dieux ne sont pas de simples concepts ou forces psychologiques issus de l’inconscient collectif. Les Dieux sont réels, ils possèdent un système de moralité différent du nôtre et nous avons des devoirs envers eux. La tradition Faery, comme les autres lignées initiatiques de l’Art qui pratiquent la possession, est une tradition à mystères de pouvoir, de danger, d’extase et de communication directe avec la divinité. Elle contraste avec les traditions qui pratiquent le psychodrame ou la psychothérapie à travers les rituels. Le côté négatif de ce style de pratiques est que nous avons beaucoup d’initiés qui ne sont pas revenus indemnes d’entre les mondes. La tradition n’est pas pour tout le monde et n’est pas faite pour une audience de masse, comme de nombreuses voies païennes.

Elle possède un corpus spécifique de chants et de matériel liturgique, provenant en grande partie de Victor Anderson et de Gwydion Pendderwen, qui fournit un cadre pour les travaux dans le Cercle. D’ailleurs, la créativité poétique est grandement valorisée. Les pratiques magiques de la tradition Faery (ou Feri, comme l’écrivait Victor) sont fortement invocatoires, pour encourager la possession, qui nécessite pour qu’elle se produise une sensibilité ou un talent psychique principalement. Les rites sont stylistiquement divers et peuvent provenir de nombreuses sources. Elle possède une filiation initiatique qui remonte à Victor ou Cora ou Gwydion Pendderwen. Victor nous a parlé d’antécédents à l’actuelle tradition au sein d’un coven auquel il a participé dans les années 1920 et 1930 en Oregon.

Les caractéristiques principales de la tradition sont :

  • la possession de noms secrets,
  • le travail énergétique par l’utilisation des pentacles,
  • la visualisation du feu bleu,
  • un corpus de matériel liturgique et poétique,
  • des déités et des archétypes spécifiques à la tradition,
  • la doctrine des « Trois Âmes »,
  • un cingulum d’une couleur spécifique,
  • un sentiment tribal ou clanique pour le coven,
  • l’utilisation du pentagramme cornu (parfois appelé « inversé »),
  • le respect d’une éthique guerrière [pour donner un exemple, nous sommes instamment priés de ne pas dorloter nos faiblesses, de ne pas soutenir les autres dans leur manque de sincérité ou leur aveuglement, ni de remettre sa propre force de vie à qui que ce soit ou quoi que ce soit] qui conduit à une ouverture intense appelée le « Cœur Noir de l’Innocence ».

La tradition Faery est fondée sur l’égalité entre les sexes et toutes les orientations sexuelles semblent capables d’y trouver leur place. Beaucoup d’entre nous éprouvent un fort sentiment d’identification avec les royaumes de Faery (ndlt : Féerie) et le changement de forme.

Bien que Victor soit universellement reconnu comme l’enseignant fondateur de la tradition, il est possible d’identifier les influences qui l’ont façonnée avant qu’elle n’ait évolué sous sa forme actuelle. Il existe une forte influence de la diaspora africaine, principalement haïtienne/dahoméenne, et la théorie des Trois Âmes est un développement des croyances Huna. Victor n’est pas l’unique source du matériel actuel de la tradition. Chaque initié semble attirer la tradition dans une nouvelle direction et révéler de nouvelles perspectives. Certains pratiquants, tels que Gwydion et Eldri Littlewolf, ont exploré en profondeur des formes chamaniques. Gwydion a également beaucoup travaillé dans le contexte de la religion celtique, apprenant même le gallois au début de son apprentissage wiccan. D’autres influences (méditation Arica, méditation tibétaine et magie cérémonielle) ont été intégrées lorsque Gabriel Caradoc a commencé à enseigner. Victor, Gwydion, Caradoc, Brian Dragon et Paladin ont écrit une liturgie et une poésie rituelle magnifique et sombre. Les cours de Gabriel offraient une excellente formation en visualisation magique et ses étudiants perpétuent ses enseignements. La poétesse Francesca De Grandis et l’auteure-compositrice Sharon Knight ont apporté leur génie au corpus du matériel. Starhawk a utilisé les concepts développés dans la tradition Faery pour exprimer ses pratiques et croyances. Elle a donné les explications les plus claires et largement diffusées à propos des concepts tels que les Trois Âmes ou le Pentacle de Fer (ndlt : voir pentagramme de fer).

* NdlT : Fey peut signifier plusieurs choses. Le terme désigne une personne sensible et plutôt mystérieuse ou étrange, qui présente un aspect ou une qualité surnaturelle, magique ou féérique. Il désigne également une personne qui possède le don de clairvoyance, un extralucide. Bien qu’on utilise l’orthographe fay pour désigner les fées, fey renvoie également aux créatures surnaturelles. Fey qualifie également quelqu’un qui semble ému ou un peu fou, qui agit comme s’il était sous l’effet d’un sortilège.