De la brume et du brouillard

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Par Juliette Nicolas.

La brume et le brouillard. Ces manteaux nuageux qui longent la terre et le ciel.

Dès l’aube, nous pouvons observer dans les terres reculées, mais aussi en ville ou près de la mer, ces masses de nuées qui semblent vouloir aspirer tout ce qui se dresse sur son passage.

Le brouillard est victime de jugements négatifs stéréotypés, jouant sur la corde de la tristesse et de l’absence d’espoir. Il est évident que toutes ces idées préconstruites influencent notre vision que l’on porte à ce phénomène. Le brouillard a souvent été apparenté à un vide tortueux ou à une enveloppe qui nous enchaîne dans nos propres tourments.

Pourquoi investir des valeurs négatives à l’inévitable ? Nous percevons le monde par le prisme de notre esprit, lui-même bâti sur des socles sociétaux ancrés depuis la nuit des temps. Comparer les phénomènes naturels de façon aride nous déracine de nos fondations alors que le brouillard est un sol fertile pour nos pensées. C’est pourquoi il serait judicieux de se réapproprier la beauté de la brume et des nuages qui serpentent notre vie. Ici, la magie nous permet de transmuter ces codes imposés pour créer notre propre vision du monde et de la nature.

Qu’elle soit physique ou symbolique, la brume est en fait un équilibre. Cette recherche nous place dans une zone d’inconfort spirituelle et mentale qui nous effraie et qui nous pousse à choisir une forme de complaisance dans la facilité. Le sentier de l’équilibre est jonché de nombreuses gouttes en suspens dans l’air, de toutes les particules qui nous permettent d’évoluer. Certaines d’entre elles nous terrifient, ce qui peut nous amener à reculer dans notre recherche d’harmonie.

Que l’on se penche sur le brouillard. Ces nuages, provoqués par la chaleur de la terre et la froideur du ciel, incarnent l’osmose des deux mondes enlacés. Autrement appelé « Fumée de mer » par les marins, le brouillard impose son empire sur le large jusqu’à nos rives côtières. La beauté de ce phénomène surpasse grandement les clichés qui le vallonnent.

De même, on retrouve dans la culture celte et même dans la littérature médiévale (1) la symbolique du brouillard dans le cadre naturel comme le seuil du Sidh. En effet, ce phénomène envahit les pages d’un ancien temps en tant que signe d’équilibre entre la vie et la mort, réunies sous une seule bannière magique.

Il est primordial dans nos vies d’harmoniser notre part chaleureuse et froide, d’équilibrer la tristesse et la joie. Alors, plongez avidement dans cette zone fraîche, cotonneuse et douce, autant pour l’âme que pour le corps. Contemplez la beauté des nuages caresser les arbres, les monts et les collines. Rêvez la douceur du brouillard courir sur les courbes de Mère Nature. Observez l’horizon face à la mer se dissiper par cet entre-deux mondes.

Travailler avec la brume et le brouillard est un excellent moyen de s’harmoniser, de se projeter dans l’équilibre de la nature et dans la déité du monde du milieu. Ils nous permettent de nous mettre seul face à nos peurs, mais aussi à nous orienter vers nos désirs et nos espoirs. Cette silhouette grise dissimule le monde qui nous entoure pour nous permettre de créer une nouvelle réalité et des idées novatrices pour nos vies.

Ne prenez pas peur de la brume quand celle-ci se trouve face à vous, car du Vide naît le Plein.

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(1) Les Quatre branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen Âge, traduction du moyen gallois, présenté et annoté par Pierre-Yves Lambert, éditions Gallimard, collection « L’aube des peuples », Paris, 1993