Rituel des Trois Déesses

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Rituel des Trois Déesses
Par Janet & Stewart Farrar ©, traduction Zagreos

Extrait de la Witches’ Bible, éditions Phoenix.

Les rituels Wicca peuvent être faits pour le culte; pour l’élévation et l’utilisation du pouvoir; ou pour la mise en scène de concepts archétypiques. Certains (tels que l’initiation, l’ Union des Mains * et d’autres rites de passage) combinent plus d’un de ces éléments. Mais voici un exemple de rituel dont l’intention centrale est la mise en scène. De tels rituels servent un propos très constructif, parce qu’ils aident ceux qui y prennent part à visualiser ces archétypes aussi vivement que s’ils étaient réels, et à tisser des liens robustes entre la perception inconsciente qu’ils en ont, et la compréhension consciente qu’ils en ont.

Le concept de la Triple Déesse est aussi vieux que le temps; il surgit encore et encore dans des mythologies largement différentes, et son symbole visuel le plus frappant est la Lune dans ses phases de croissance, de plénitude et de décroissance. Le fait que le cycle lunaire soit reflété dans le cycle menstruel de la femme touche à des aspects profonds et mystérieux du principe féminin, et de la Déesse elle-même. (A ce propos, The Wise Wound le livre de Shuttle et Redgrove – voir Section XV et la bibliographie – fournit une étude sérieuse à tout sorcier homme ou femme.) Toutes les Déesses sont une Déesse – mais elle se montre sous différents aspects, qui sont tous en relation avec les trois aspects fondamentaux qui sont la Pucelle (enchantement, commencement, expansion), la Mère (maturité, réalisation, stabilité) et la Vieille (sagesse, retranchement, repos). Chaque femme, et chaque forme de la Déesse, les contient toutes les trois – à la fois cycliquement et simultanément. Aucune femme qui échoue à saisir cela ne peut se comprendre elle-même; et sans l’avoir saisi, personne ne peut comprendre la Déesse.

Nous avons composé ce rituel alors que nous vivions encore en Angleterre, et la première fois que nous l’avons joué ce fut dans un cadre idéal : la maison en bord de rivière d’un ami dans une région isolée, avec un petit pont menant à une île privée que personne d’autre ne pouvait rejoindre. Sur cette île, dans une clairière cachée par des troncs épais, dans le son de la rivière rapide, nous pûmes allumer notre feu de joie et tenir nos rituels en habits-de-ciel sans crainte d’interruption. Tristement, maison et île ont été depuis longtemps vendues à des étrangers; mais nous nous souvenons de l’endroit avec affection.

A cause peut-être de ce souvenir, nous donnons ici notre Rituel des Trois Déesses dans sa forme pour la pratique à l’extérieur – torches enflammées et tout. Mais bien que ce soit l’idéal, il peut être adapté au travail à l’intérieur.

  • La Préparation

Le Cercle est préparé de la manière normale, mais avec un feu de joie au centre. (A l’intérieur, le chaudron avec une chandelle à l’intérieur.) Hors du Cercle, de préférence au Nord-Est, une allée de trois paires de torches inflammables (des chandelles à l’intérieur), prêtes pour être allumée par les trois Déesses à mesure qu’elles approchent entre elles. Un moyen pour les allumer doit être disponible, et aussi quelque moyen pour que la Vieille puisse éteindre lors de leur départ; pour des torches enflammées, nous utilisons une boîte ouverte d’un côté et clouée au bout d’un manche.

Une cloche raisonnablement sonore, un gong ou une cymbale est prête sur ou près de l’autel.

Trois sorcières sont choisies pour jouer la Pucelle, la Mère et la Vieille. Si elles sont en robes, les trois couleurs traditionnelles sont le blanc pour la Pucelle, le rouge pour la Mère et le noir pour la Vieille. Même si le rituel est en habits-de-ciel, la Vieille seule devrait être vêtue de noir, de préférence avec un capuchon ou un foulard drapé comme un capuchon. Il faudrait faire appel à l’imagination pour parer la Pucelle et la Mère, qu’elles soient en habits-de-ciel ou vêtues, pour faire ressortir la fraîcheur printanière de la Pucelle et la maturité estivale de la Mère.
Le Grand Prêtre conduit le rituel; et comme il est susceptible que la Grande Prêtresse soit l’une des Trois, nous ferons pour cette simple occasion référence à sa partenaire de travail par ‘la Prêtresse’.

Des noms de Déesses adéquats devraient être choisis pour la Pucelle, la Mère et la Vieille, en fonction de l’origine ou de la tradition propre du coven. Ici nous utilisons trois noms irlandais – Brid (prononcer ‘Brîd’) pour la Pucelle, Dana pour la Mère, et Morrigan pour la Vieille. Brid ou Brigid, Déesse de l’inspiration, est l’une de celles dont on fait le plus souvent référence comme étant triple – ‘les Trois Brigid’ – dans la mythologie irlandaise et amène avec elle un petit air de printemps; Dana est le nom irlandais prédominant pour la Déesse-Mère; et la Morrigan, Déesse des batailles et de la destinée, est le plus puissant des aspects de la Déesse sombre.

  • Le Rituel

Le Grand Prêtre dresse le Cercle, avec tout le monde à l’intérieur à l’exception de la Pucelle et de la Mère, qui sont à l’extrémité externe de l’allée (hors de vue si possible). Les éléments sont portés autour du Cercle et les Seigneurs des Tours de Garde sont convoqués.

La Prêtresse se tient dos à l’autel. Le Grand Prêtre et la Vieille se font face entre l’autel et la flambée, le Grand Prêtre portant la baguette. Le reste du coven se tient tout autour du périmètre du Cercle tourné vers l’intérieur, mais laissant libre l’extrémité interne de l’allée.

Le Grand Prêtre tourne autour de la Vieille une fois, deosil, lui fait à nouveau face et dit :

‘En chaque homme et chaque femme gît le mystère de la Mère Sombre de toute la création, la souveraine des océans, le centre permanent auquel tous doivent retourner en prélude à leur renaissance. Qu’elle vienne à nous cette nuit, mais de façon à ne pas créer de déséquilibre chez notre Prêtresse —————— [nom sorcier] qui la représentera; car aucun humain ne peut supporter la puissance sans mélange de la Grande Mère dans son aspect sombre; alors que dans l’équilibre de ses Trois Aspects tout est bien. Toi, ——————, représente donc son aspect sombre sans crainte, sachant que ses autres aspects sont aussi présents dans notre Cercle. Avec cette baguette je te protège et te fortifie pour cette tâche.’

Le Grand Prêtre accomplit alors les gestes rituels pour chacune des treize ouvertures du corps de la Vieille tour à tour (voir p. Erreur : source de la référence non trouvée) avec sa baguette. Il utilise alors la baguette pour ouvrir un passage dans le Cercle devant l’allée. La Vieille quitte le Cercle le long de l’allée pour rejoindre la Pucelle et la Mère, et le Grand Prêtre ferme le passage avec la baguette1. Il replace la baguette sur l’autel.

Le Grand Prêtre donne alors à la Prêtresse le Quintuple Baiser (mais l’Attraction de la Lune n’est pas représentée, et la Charge n’est pas prononcée). Il lance alors les invocations ‘Bagabi laca bachahe’ et ‘Grand Dieu Cernunnos’.

Le Grand Prêtre, la Prêtresse et le coven font cercle pour la Rune des Sorciers.

Le coven retourne le long du périmètre.

Le Grand Prêtre et la Prêtresse consacrent le vin (avec seulement un peu de vin dans le calice). La Prêtresse lève le calice et dit :

‘Dana, vieille Terre des étés non-racontés, bien-aimée Terre et ventre du blé doré, cœur chaud et battant de la verte forêt, nourrissant en nous ta chaleur et ton amour; Dame des moissons et notre Mère à tous – tiens-nous sur ton sein, et remplis-nous de ta générosité, toi qui es source de toute vie.’

Elle vide alors le calice sur le sol devant l’autel.

Le Grand Prêtre remplit le calice et le replace sur l’autel.

Le Grand Prêtre fait alors face à l’allée et invoque d’une voix claire :

‘Brid de la Lune montante, fille du Printemps, douce Déesse des fleurs, nous t’appelons. Viens à notre Cercle et apporte-nous le souffle du Printemps. Remplis-nous de ta musique et de tes rires joyeux. Laisse les boutons de fleurs pointer sous tes pieds, et que le chant de l’eau soit ta voix. Viens à notre Cercle, Brid de la Lune montante.’

La Prêtresse sonne la cloche trois fois.

La Pucelle s’approche du Cercle le long de l’allée de torches, et allume la paire la plus proche du Cercle. Elle fait le tour à l’extérieur du Cercle, deosil, et se place derrière la chandelle de l’Est.

Le Grand Prêtre, toujours face à l’allée, invoque :

‘Dana de la Lune pleine, toi Grande Mère, très merveilleuse Dame des Terres de l’Eté; nous t’appelons. Viens sur le vent d’Eté, nous apportant grains mûrs et fruits doux. Remplis-nous de la joie de la maturité; apprends-nous la sagesse de l’accomplissement; baigne-nous dans la gloire reflétée de ton conjoint, le Soleil. Viens à notre Cercle, Dana de la Lune pleine.’

La Prêtresse sonne la cloche sept fois.

La Mère s’approche du Cercle le long de l’allée de torches, allumant la deuxième paire. Elle fait alors deosil le tour du Cercle à l’extérieur et se place derrière la chandelle du Sud.

Le Grand Prêtre, toujours face à l’allée, invoque :

‘Morrigan de la Lune déclinante, toi très secrète face de la Déesse; nous t’appelons. Apporte-nous la connaissance de la Roue de Mort et de Re-naissance; accorde-nous ton pouvoir, et la sagesse pour en faire usage justement, car nous savons que mal l’utiliser c’est empoisonner l’âme. Apprends-nous à l’utiliser, non pour blesser, mais pour soigner. Viens à notre Cercle, Morrigan de la Lune déclinante.’

La Prêtresse sonne la cloche neuf fois.

La Vieille s’approche du Cercle le long de l’allée de torches, allumant la dernière paire. Elle fait alors deosil le tour du Cercle à l’extérieur et se place derrière la chandelle de l’Ouest.

Lorsque la Vieille est en place, le Grand Prêtre va chercher la baguette et ouvre le Cercle à côté de la chandelle de l’Est. Il dit :

‘Brid, Déesse-Pucelle de la Lune montante – sois la bienvenue en notre Cercle.’

La Pucelle fait trois pas à l’intérieur du Cercle, et le Grand Prêtre ferme le Cercle derrière elle. Il l’embrasse alors sur les lèvres, prend sa main et la conduit devant l’autel à son extrémité Ouest.

Le Grand Prêtre va au Sud, ouvre le Cercle à côté de la chandelle du Sud et dit :

‘Dana, Déesse-Mère de la Lune pleine – sois la bienvenue en notre Cercle.’

La Mère fait trois pas à l’intérieur du Cercle, et le Grand Prêtre ferme le Cercle derrière elle. Il l’embrasse alors sur la main droite et, tenant toujours sa main, la conduit devant l’autel à son centre, à côté de la Pucelle.

Le Grand Prêtre va à l’Ouest, ouvre le Cercle à côté de la chandelle de l’Ouest et dit :

‘Morrigan, Déesse-Vieille de la Lune déclinante – sois la bienvenue en notre Cercle.’

La Mère fait trois pas à l’intérieur du Cercle, et le Grand Prêtre ferme le Cercle derrière elle. Il l’embrasse alors sur le pied droit, lui prend la main et la conduit devant l’autel à son extrémité Est, à côté de la Mère.

Le Grand Prêtre dépose la baguette sur l’autel et prend l’Epée. Il tourne autour du feu de joie deosil et fait face à la Triple Déesse à travers lui. Il les salue de l’épée (poignée devant le visage la pointe en haut, balayer vers le bas et vers l’extérieur jusqu’au côté droit, de nouveau la poignée devant le visage pointe en haut). Il renverse alors l’épée de façon que sa pointe soit sur le sol juste devant ses pieds, et place ses deux mains sur le pommeau (ou une seule main s’il doit lire le texte). Il dit :

‘Voyez la Déesse aux Trois Formes;
Elle qui toujours est Trois – Pucelle, Mère, et Vieille.
Pourtant toujours elle est Une;
Car sans Printemps il ne peut être d’Été;
Sans Été, pas d’Hiver;
Sans Hiver, pas de nouveau Printemps.
Sans naissance, pas de vie;
Sans vie, pas de mort;
Sans mort, pas de repos et pas de renaissance.
L’obscurité donne naissance à la lumière,
La lumière à l’obscurité,
Chacune ayant besoin de l’autre comme l’homme a besoin de la femme et la femme de l’homme.
Ainsi est-il
Que si elle n’était Pucelle, Mère, et Vieille
La Déesse elle-même ne pourrait exister –
Et tout serait néant,
Silence sans commencement ni fin.

Voyez la Déesse aux Trois Formes;
Elle qui toujours est Trois – Pucelle, Mère, et Vieille.
Pourtant toujours elle est Une;
Elle en toutes les femmes, et elles toutes en elle.
Voyez-la, souvenez-vous d’elle,
N’oubliez aucune de ses faces;
A chaque souffle, tenez ces trois en votre cœur –
Pucelle, Mère, et Vieille;
Regardez ces Trois, qui sont Une, avec un amour sans crainte,
Car vous, aussi, pouvez être complet.’

Le Grand Prêtre tourne alors autour du feu deosil jusqu’à ce qu’il ait atteint l’allée, où il ouvre le Cercle avec son épée. Il dit alors aux Trois :

‘A toutes salut, et soyez bénies.’

La Pucelle quitte le Cercle le long de l’allée, suivie de la Mère, suivie de la Vieille. Le Grand Prêtre salue chacune lorsqu’elle passe, et finalement clos le Cercle derrière elles.

La Pucelle et la Mère poursuivent jusqu’au bout de l’allée, hors de vue si possible. La Vieille éteint les torches lorsqu’elle passe devant elles, et puis suit la Pucelle et la Mère.