Initiation

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Retour au menu « Ce qu’à dit Gardner. »  Traduction & adaptation : Lune.

Initiation

Être initiée au sein du culte des sorcières ne prodigue pas de pouvoirs surnaturels à une sorcière. Cependant, des instructions sont données, plutôt en termes voilés, au cours de processus qui développent le don de voyance et divers autres pouvoirs chez ceux qui les possèdent naturellement de manière latente. S’ils n’en possèdent pas, ils ne peuvent les susciter. Certains de ces pouvoirs s’apparentent au magnétisme, au mesmérisme et à la suggestion. Ils dépendent de la possibilité de former une sorte d’accumulateur humain s’il l’on peut dire, en combinant plusieurs volontés humaines par un travail en commun, afin d’influencer à distance personnes ou événements.

Ils possèdent des directives sur la manière d’apprendre à le faire par la pratique. Cela prendrait beaucoup de temps à bien des gens, si j’ai bien compris les instructions. Si ces arts étaient pratiqués plus largement de nos jours, nous appellerions la plupart d’entre eux, spiritualisme, mesmérisme, sixième sens, Yoga ou peut-être Science Chrétienne ; pour une sorcière tout cela est MAGIQUE, et la magie est l’art d’obtenir des résultats. A cette fin, certains procédés sont nécessaires et les rituels se prêtent à leur utilisation. En d’autres mots, ils vous conditionnent. C’est le secret du culte1.

Gomme, dans « Folklore as a Historical Science » (p. 201 et seq)2, souligne l’importance de l’acte de l’initiation tel qu’en usage au sein du Culte des Sorcières. « Il met l’accent sur l’existence d’une caste distincte de l’ensemble de la population , antérieure au temps où ils exerçaient leurs pouvoirs, transmettant siècle après siècle cet acte de l’initiation. Il est clair que les gens qui, de temps en temps, étaient introduits auprès de la caste sorcière en perpétuaient les pratiques et en assumaient les fonctions, même s’ils y entraient en tant que novices et étrangers. Nous parvenons ainsi à ce que l’on pourrait appeler un système artificiel de filiation d’un curieux ensemble de superstitions.

Cela est dû à la croyance médiévale, concernant la perpétuation des pratiques traditionnelles par certaines familles, de la part de groupes de gens qui pouvaient acquérir de telles pratiques uniquement par l’initiation et l’enseignement familial.

Bien entendu, c’est exactement ce qu’il s’est passé. C’est un groupe familial, si vous voulez ; mais toute la famille n’en fait pas partie, seulement ceux qui sont initiés, et des personnes de familles non-sorcières sont parfois présentées et initiées. Bien qu’il soit inhabituel pour les membres du culte aujourd’hui de se considérer comme faisant partie d’une « caste », ils perçoivent plus volontiers celle-ci comme une sorte de « famille » à part. Lors d’une réunion sorcière à laquelle j’ai assisté, il a été question d’une visite à un club nudiste et une femme a dit : « Ça ne me plairait pas. » J’ai demandé : « Pourquoi pas ? » Et sa réponse fut : « Ici, peu m’importe, bien entendu ; mais je ne veux pas me montrer devant d’autres personnes. » Le sentiment précis de « caste3 ».

Que ce soit en Angleterre ou n’importe où ailleurs, les débuts au sein du Culte présentent quelques avantages. Tout d’abord, ses candidats sont recrutés habituellement très jeunes et formés lentement pour qu’ils acquièrent le sens du mystère et de l’émerveillement. Ils savent avoir derrière eux une tradition séculaire. Ils ont probablement vu des choses arriver et savent qu’elles peuvent se reproduire ; au lieu d’éprouver une simple curiosité et la pieuse croyance que « quelque chose pourrait arriver », et d’être inhibés par la croyance, ferme mais inavouée, du type : « à moi, ça n’arrivera jamais. »

Les sorcières me disent que : « La loi a toujours été celle-ci : le pouvoir doit être passé d’un homme à une femme et d’une femme à un homme, la seule exception concerne une mère qui initie sa fille ou un père son fils, car ils sont une part d’eux-mêmes. » (La raison est qu’un grand amour est susceptible de naître entre les personnes qui participent ensemble aux rituels.)

Elles ajoutent que : « Les Templiers ont enfreint cette règle séculaire en passant le pouvoir d’un homme à un autre : cela les a conduit au péché et, ce faisant, à leur chute. » Si cette histoire n’a tout bonnement pas été inventée pour expliquer la chute de l’Ordre, il semblerait que les Templiers aient peut-être connu et utilisé un peu de l’ancienne magie. Est-il possible que les têtes et les crânes, qu’ils auraient vénéré, aient été de simples représentations de la Mort et ce qui se trouve au-delà ?

La raison principale de cette théorie réside dans le fait que les sorcières pensent reconnaître des éléments dans la façon dont les Templiers conditionnaient leurs corps, pareillement à elles pour faire opérer la magie ; cependant, comment procèdent-elles, il m’est interdit de le mentionner4.

Avant une initiation, une charge est lue et commence ainsi :

« Écoutez les paroles de la Grande mère, qui jadis fut aussi appelée parmi les hommes Artémis, Astarté, Athéna, Diane, Mélusine, Aphrodite, Cerridwen, Dana, Arianrhod, Bride et par bien d’autres noms.

Devant mes autels, les jeunes de Lacédémone à Sparte rendaient les sacrifices attendus. Une fois par mois, et de préférence lorsque la lune est pleine, vous vous réunirez en un lieu secret et adorerez mon esprit, Moi qui suis la Reine de toutes les magies… Car je suis une déesse bienveillante, je donne des joies inimaginables sur terre, la certitude et non la foi, alors que vous êtes en vie ; et au-delà de la mort, je donne la paix indicible, le repos et l’extase de la déesse. De plus, je ne demande rien en sacrifice… »

Il m’est interdit d’en dire davantage ; mais si vous acceptez Sa règle, vous avez la promesse de nombreux avantages et vous êtes admis dans le cercle, vous êtes présenté aux Puissants Défunts et aux membres du Culte. S’ensuivent aussi une petite « intimidation », une « épreuve » et un « serment » ; certaines choses vous sont montrées et vous recevez des instructions. Tout est très simple et direct.

Ensuite, il est question de ceci  : certaines personnes naissent avec des dons extralucides. Elles découvrent que certains rituels et processus accroissent ces pouvoirs, et deviennent, de fait, utiles à la communauté. Accomplissant ces rituels et obtenant des bienfaits, obtenant chance et succès, elles sont jalousées et détestées par les autres. A cause de cela, elles se mettent à célébrer leurs rituels en secret. Sachant que le pouvoir qui peut être utilisé pour le bien, peut l’être pour le mal, ces personnes seront éventuellement tentées de l’utiliser contre leurs adversaires, devenant ainsi encore plus impopulaires. En conséquence de quoi, elles seront tenues pour responsables de toutes les calamités et des gens seront torturés jusqu’à ce qu’ils avouent les avoir provoquées. Voilà, en bref, la vérité sur la sorcellerie5.

D’emblée, seuls les candidats issus du sang étaient admis ; c’est-à-dire issus d’une famille de sorcières. Les divers rituels de culte, les secrets des Simples et le Grand Secret de ce qu’ils nomment la magie ont été transmis à ce qui est devenue, plus ou moins, une société secrète familiale6.

A première vue, il semble curieux pour certains que l’Église ne se soit pas opposée à la magie cérémonielle, alors qu’elle persécutait les sorcières. Je pense que la seule réponse est que l’Église pratiquait elle-même ce type de magie et savait que la sorcellerie en pratiquait une forme différente, parce qu’il s’agissait d’une religion distincte. Cela impliquait la transmission d’une tradition de pratiques au sein de certaines familles et de groupes de gens pouvant acquérir la connaissance de ces pratiques uniquement par des initiations secrètes ou des enseignements familiaux ; et l’Église haïssait et redoutaient ces traditions telles de mortelles rivales7.

Il n’existe pas de mot en français correspondant exactement à notre « witch », dont le Vieil Anglais possédait deux formes : « wicca » (masculin) et « wicce » (féminin). Le français utilisait le mot « sorcier8 » à la fois pour sorcerer et witch9, la forme féminine étant « sorcière10 ». « Sorcellerie » peut généralement traduire « witchcraft ». Les dames qui venaient à dos de cheval, comme indiqué ci-dessus, parcouraient vraisemblablement de longues distances. Contraint d’écrire en leurs noms, j’interpréterais simplement leurs propos ainsi, « Si vous voulez revenir, vous devez être l’un d’entre nous, c’est-à-dire être initié et alors vous serez une fée. » Or, en France comme en Écosse, un grand nombre de gens parlaient de « fées » alors qu’il était manifestement question de sorcières. C’était un terme plus poli et, en Écosse, toute communication avec les « fées » était interprétée comme l’aveu de traiter avec les sorcières, c’est-à-dire les « païens », le Peuple de la Lande11, qui pratiquait l’Ancienne Religion et opérait des rites magiques12.

1Gardner 1. 28-29.

3Gardner 2, 126.

4Gardner 1, 69.

5Gardner 1, 21.

6Gardner 1, 33.

7Gardner 2, 188.

8Ndlt : en français dans le texte.

9 Ndlt : Sorcerer désigne un sorcier mâle et witch une sorcière. Le dictionnaire en ligne oxfordlearnersdictionaries donne les définitions suivantes. Sorcerer, un homme doté de pouvoirs magiques qui est aidé par des esprits mauvais. Witch, une femme qui est supposément dotée de pouvoirs magiques, en particulier pour faire le mal.

10Ndlt : En Français dans le texte.

11Ndlt : Heathens, les païens. People of the Heaths, le peuple des landes. Heathen, du Vieil Anglais hǣthen, avec une origine germanique. Relatif au néerlandais heiden et à l’allemand heide. Généralement considéré comme un usage spécifiquement chrétien d’un adjectif allemand qui signifie « habitants de la rase campagne. » Heath désigne une vaste zone de terres nues, incultes et recouvertes d’herbes folles et autres petites plantes sauvages. Une lande.

12Gardner 2, 120.

Travaux cités :

  • Gardner 1 : Gerald Gardner. Witchcraft Today. Lakemont, GA : Magickal Childe, 1954 ; édition de 1988.
  • Gardner 2 : Gerald Gardner. The Meaning of Witchcraft. Lakemont, GA US : Copple House Books, 1959 ; édition de 1988.
  • HMA : Gerald Gardner High Magic’s Aid, London, WC1N 3XX : Pentacle Enterprises, 1949 ; édition de 1994.
  • GGW : Bracelin, J. L. Gerald Gardner :Witch ; Great Britain, Octagon Press, 1960.