Réflexions sur la pratique en groupe

Inscription au cours : Wicca fondation

Par Artus.

Ces derniers temps, je reçois régulièrement des questions sur l’initiation. Faut-il être initié ? Y aura-t-il une initiation finale dans le cours que je propose ?

Comme c’est un sujet complexe, j’ai décidé de le partager en sous-parties. Avant de parler d’initiation, il est important de parler de la pratique en groupe.

La pratique de groupe est assez problématique par nature. Même si la plupart des gens ne se l’avouent pas ou prétendent le contraire, le plus grand fantasme de tout être humain est de retourner dans le ventre de sa mère, de ne rien faire et d’avoir tous ses besoins satisfaits, sans effort. Comme cela n’est pas possible, le fantasme de substitution est d’espérer que les autres vont satisfaire nos besoins. Au fond, c’est pour cela que les gens créent des groupes spirituels.

La spiritualité nous apprend que tout ce qui vient de l’extérieur est limité par nature. Tout finit par se dégrader et mourir. Et je peux être avec la meilleure personne du monde, elle ne connaît pas parfaitement mes besoins et elle ne saura pas les satisfaire pleinement. C’est pour cela que lorsque nous cherchons le bonheur à l’extérieur, nous sommes constamment frustrés. La spiritualité nous incite à nous tourner vers l’intérieur et à créer notre propre bonheur.

Comme la motivation de créer des groupes est aux antipodes du chemin spirituel, il est difficile de réconcilier les deux. Bien des personnes qui sont attirées par les groupes spirituels sont fortement dépendantes affectivement. Elles n’arrivent pas à s’émanciper de leurs familles. Et elles reproduisent inconsciemment leurs mélodrames familiaux au sein du groupe.

Ensuite, il existe deux sortes de groupes. Ceux qui savent déclencher une dynamique de groupe et ceux qui ne savent pas. J’ai fréquenté divers groupes dans divers milieux spirituels. Dans la majorité des groupes, il ne se passe en réalité pas grand-chose. Cela ne signifie pas forcément que les personnes qui composent ces groupes n’ont pas de vie spirituelle. Mais la mayonnaise ne prend pas et le groupe ne décolle pas.

Tous les groupes de wicca initiatique avec lesquels j’ai pratiqué ne savaient pas déclencher de dynamique de groupe. Je ne vais pas faire de généralités, mais d’après tous les échos que j’ai pu récolter, j’ai l’impression que c’est souvent ainsi. La wicca traditionnelle est plus souvent un genre de club qu’un groupe spirituel. Dans certaines variantes de la wicca (par exemple reclaiming), il existe des groupes qui savent déclencher cette dynamique. Mais j’ai l’impression qu’ils ne savent pas l’utiliser et les gens qui fréquentent ces groupes finissent bien souvent traumatisés à vie de la spiritualité. Encore une fois, je ne souhaite pas faire de généralités. D’autant que je n’ai pas une expérience directe dans ce domaine. Mais je partage les échos que j’ai reçus sur ce sujet.

Le problème est que l’effet de groupe repose en grande partie sur l’hystérie collective et il n’est pas facile à maîtriser. Certaines personnes sont douées pour déclencher des maelstroms émotionnels. Les gens qui participent à ce genre d’expériences se disent qu’il se passe quelque chose de spectaculaire et que cela fonctionne. Mais dans les faits, ces expériences ne conduisent à rien d’utile. C’est souvent plus perturbant qu’autre chose.

Il est possible de profiter de la dynamique de groupe sans sombrer dans l’hystérie collective. Mais c’est quelque chose de rare et de fragile. Pour ma part, j’ai connu cela une seule fois, dans un cercle de tambour, il y a un peu plus de quinze ans. On se réunissait deux fois par mois. Au départ, il ne se passait pas grand-chose de spécial. Mais le groupe a fini par décoller. Au bout d’un an, la personne qui organisait le groupe a déménagé. Il suffisait de continuer de pratiquer ce que nous faisions déjà pour que cela perdure. Mais nous n’avons pas été capables de faire survivre la magie du groupe après ce changement.

Les plus grands spécialistes de cette dynamique de groupe positive sont probablement les moines. Mais même pour eux c’est difficile. Même s’ils possèdent une tradition avec quinze siècles d’expérience, de nombreux groupes sont dysfonctionnels et de nombreux moines ont une vie difficile.

Selon mon expérience, plus nous cherchons la lumière à l’extérieur et plus nous sommes soumis aux ombres. On pourrait croire qu’il est plus facile de pratiquer en groupe. Mais en réalité, c’est extrêmement difficile d’arriver à quelque chose de positif. On pourrait croire que lorsque nous sommes accompagnés, nous sommes protégés. Mais en réalité, c’est beaucoup plus casse-gueule. On pourrait croire qu’en étant plus nombreux, l’expérience sera plus forte. Mais cette force est illusoire. C’est seulement de l’hystérie collective. En spiritualité, il n’y a rien de plus fort que le dévoilement du Soi. Et le meilleur moyen pour atteindre cette expérience est d’être seul et de se tourner vers l’intérieur.

D’ailleurs, pour en revenir aux moines, ils sont parfaitement conscients de tous ces phénomènes. Ils considèrent que les meilleurs mystiques sont les ermites et que la vie en communauté est une de leurs faiblesses.

En conclusion, ce n’est pas la peine d’être plus ermite qu’un moine. Si vous avez besoin d’un groupe pour pratiquer, n’hésitez pas. Lorsque l’on débute, certaines expériences peuvent nous donner la foi en nous montrant ce qu’il est possible d’atteindre. Mais ne vous racontez pas d’histoires. La pratique en groupe n’est ni une nécessité ni une force.