La mort et l’après-vie

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La Mort et l’Après-Vie

Je ne pense pas que les peuples primitifs craignaient autant la mort que nombre de gens aujourd’hui. Vivant près de la nature, leurs pouvoirs psychiques étaient plus actifs et ils étaient habitués à l’idée de communiquer avec leurs parents et amis défunts. Ils considéraient cela comme tout à fait naturel. Ainsi, les sorcières, parmi lesquelles cet ancien credo est resté préservé sous une forme fragmentaire, ne considèrent pas le Dieu Cornu sous son aspect de Seigneur des Portes de la Mort comme un être terrifiant et le concept « d’enfer » brûlant, tel que l’envisagent les chrétiens, leur est étranger.

Leur idée d’Après-Vie est plutôt celle d’un lieu de repos et de ressourcement, où les gens attendent leur tour pour renaitre sur cette terre. Bien sûr, il s’agit du concept de réincarnation qui est largement répandu parmi toutes sortes de peuples primitifs. Pour elles, il est logique que la Terre des Morts soit le lieu d’où proviennent les âmes des nouveaux-nés, là où de nombreuses âmes attendent un nouveau corps. Par conséquent, le Seigneur des Portes de la Mort est également la déité phallique de la fertilité, Celui qui ouvre la Porte de la Vie.

C’est pourquoi le dieu des sorcières a été intégré au panthéon romain sous le nom de Janus, le dieu aux deux visages qui était le Gardien des Portes. Diane, son épouse, et lui sont deux des plus anciens dieux de l’Europe Occidentale. Dans le Canon Épiscopi du début du Xème siècle, Diane est désignée comme la déesse des sorcières.1

L’authentique sorcellerie n’est certainement pas de la magie noire parce que les sorcières ne croient même pas au diable et l’invoquent encore moins. L’Ancien Dieu Cornu des sorcières n’est pas le Satan du christianisme et aucun argument théologique n’y changera rien. En fait, c’est la plus ancienne déité connue de l’homme et elle apparait dans la plus vieille représentation d’une divinité qui ait jamais été découverte jusqu’à présent. Il s’agit d’une peinture datant de l’âge de pierre, située dans le recoin le plus profond de la Grotte des Trois-Frères en Ariège. C’est l’ancien dieu phallique de la fertilité qui est apparu à l’aube du monde. Il était déjà incommensurablement ancien avant l’Égypte et Babylone, et vis-à-vis de l’époque chrétienne plus encore. Il n’a pas non plus péri lorsqu’on a crié que le Grand Pan était mort.

Secrètement à travers les siècles, caché de plus en plus profondément au fil du temps, son culte et celui de la Déesse nue de la lune, sa jeune épouse, la Dame des Mystères, de la Magie et des joies défendues, ont perduré, parfois parmi les grands du pays, d’autres fois dans de modestes chaumières, ou encore sur des landes solitaires et dans les profondeurs des bois obscurs, au cours des nuits d’été lorsque la lune est à son zénith. Il en est encore ainsi.2

« Dame Habonde » était Abundia, la Déesse de la Fertilité et « Bensozia » était « Bona Socia », la « Bonne Voisine ». Tous ces termes sont des titres de la Déesse des Sorcières et des euphémismes pour son vrai nom, même si ses disciples, les sorcières étaient appelées « les bonnes damesi« . Parmi les autres expressions utilisées pour désigner la Déesse, il y avait : « la Reine Pédauque4« , la Reine aux pattes d’oie (le terme « patte d’oie » étant lui-même un euphémisme pour son symbole, le Pentagramme) ; et « Frau Hilde » ou « Holda » dans les pays germaniques.

Dans son livre « Asgard and the Gods : the Tales and Traditions of our Northern Ancestors », le Dr W. Wägner dit de Holda :

… que ceux qui étaient infirmes, de quelques manières que ce fut, recouvraient toute leur force et puissance en se baignant dans sa Quickborn (fontaine de vie) et que les vieillards y retrouvaient leur jeunesse perdue.

Il s’agit précisément de la déesse de renaissance et résurrection des sorcières ; et c’est la même histoire qui est contée à propos du chaudron magique de Cerridwen, l’ancienne déesse britannique. Dans les deux cas, le sens profond est le même ; le don de la déesse est la renaissance dans un nouveau corps, la réincarnation. « Avec des membres plus vigoureux et un cerveau plus intelligent, l’ancienne âme reprend la route. » D’ailleurs, il peut s’agir de la signification profonde de l’ancienne légende britannique d’Avalon, la Pommeraie. Tous les vieux contes celtiques parlent de l’après-monde comme d’une pommeraie, mais personne ne semble savoir pourquoi.

Si le lecteur souhaite faire l’expérience de couper une pomme par le milieu, il y verra la réponse : le cœur forme le signe du pentagramme, le symbole de la déesse de renaissance et résurrection. « Avalon » était le lieu où les âmes allaient se reposer entre leurs incarnations sur terre. A ce jour, dans les rituels des sorcières, la prêtresse se tient d’abord les bras croisés sur la poitrine et les pieds joints, afin de représenter le Dieu de la Mort, ensuite elle ouvre les bras et se tient pieds écartés pour représenter la Déesse de la Résurrection. Dans cette position, le corps humain ressemble à la figure du pentacle ou pentagramme. Puisque il s’agit du lieu où la vieille âme fatiguée renaissait dans un corps jeune, avec sa force et son courage renouvelés : Avalon était également appelé en celtique « Tir-nan-Og », la terre des Jeunes.5

Contacter les dieux avait pour but de maintenir le lien avec les forces de vie et celles-ci étaient identiques aux forces de la magie et de la fertilité.6

[…] la Providence des Dieux existe par elle-même et elle étend ses bienfaits sans peine aux objets de sa prévoyance.7

(A comparer avec l’idée des sorcières qui veut que l’homme doit agir afin de « construire un pont », pour ainsi dire, entre les Dieux et lui-même.)8

1 Gardner 2 45

2 Gardner 2 22

3 Ndlt : en français dans le texte.

4 Ndlt : en français dans le texte.

5 Gardner 2 121-122

6 Gardner 2 44

7 Ndlt : citation tirée du texte « Des dieux et du monde » de Flavius Sallustius. Sallustius ou Saloustios était un homme d’État romain et philosophe du IVe siècle.

8 Gardner 2 187