Guérison avec l’aide de Pan

Inscription au cours : Wicca fondation

Guérison avec l’aide de Pan. Par Sienna © 2006, traduction Lune

Je n’ai jamais aimé Pan. Pan était un dieu masculin avec un ego masculin, le dieu le plus vaniteux et insolent depuis Zeus. On peut même dire que je haïssais Pan. Pan n’était pas une gentille déité avec qui jouer quand on est une jeune fille. Il était dangereux, roublard et sans pitié. Ou c’est ce que j’ai cru pendant de nombreuses années.

Pourtant, de drôles de choses surviennent lorsque vous essayez d’éviter une déité. Il semble que cette déité se montre partout où vous allez. Ma résistance à Pan était une véritable énigme pour les gens qui me connaissaient. Ils me donnaient des bois de cerf sans raison, si ce n’est qu’ils pensaient que j’apprécierais leur cadeau. Différentes personnes m’ont donné des objets d’autel avec des représentations de Pan. Je les acceptais le plus gracieusement possible et une fois à la maison, je les rangeais dans mon coffre en cèdre pour les outils rituels, sans réelle intention de les utiliser pendant la vraie magie.

À une période, il semblait que Son énergie me suivait partout où j’allais. Une virée en voiture dans la montagne s’est terminée sur le bord de la route à cause d’un troupeau de cerfs. Le bouc de quelqu’un a provoqué un incident lorsque je flânais sur un marché de produits locaux. De mon jeu de Tarot sortait de manière répétée, et apparemment au hasard, la carte du Diable,  doté d’un sourire de bouc. Des amis de sexe masculin déclamaient des invocations au Cornu, manifestant magnifiquement Sa présence, et dont l’énergie m’exaspérait au plus haut point.

Mais je continuais de résister. Je refusais d’admettre cette énergie dans ma vie et je n’étais pas prête à Lui permettre aucune sorte de franche manifestation autour de moi. Pourquoi voudrais-je d’un tel dieu, libidineux, égoïste et arrogant dans mon temple ? Je n’ai jamais aimé Pan et je ne pensais pas l’aimer un jour.

Toutefois, comme vous l’avez peut-être deviné, les choses changent. Cela a commencé lorsque mon ami m’a demandé s’il pouvait tenter une invocation au cours d’une réunion rituelle mensuelle que je donnais. Quelle idiote j’ai été, j’ai dit d’accord avant même de savoir qui il allait invoquer. Il a rédigé le script, recruté les gens qui allaient le jouer et me l’a soumis. En haut de la page, en capitales grasses et soulignées trois fois, était écrit : Pan. Eurrrrrrrrk ! Trop tard pour m’en dépatouiller, je me suis dit : « Ok ! Je vais observer tout simplement. »

La nuit du rituel arriva et tout le monde était apparemment prêt. Mais bien sûr, à l’apogée du rituel, quelque chose s’est mal passé. Le groupe a envoyé l’énergie au mauvais moment et au lieu de se manifester dans le prêtre, elle a rebondi dans la pièce. Il est évident pour les païens expérimentés que Pan ne se manifeste jamais comme prévu. Pendant les quelques jours qui ont suivi, l’énergie de Pan s’est manifestée de diverses manières chez tous les gens impliqués dans le rituel, pour la plupart sous la forme d’une libido exacerbée, parfois également comme un puissant appel de la forêt ou la manifestation de quelque chose en rapport avec des chèvres.

Je l’ai ignoré du mieux que j’ai pu. Les jeunes hommes sexy sous le soleil printanier, les fraîches et sombres montagnes à l’horizon, l’intérêt soudain de mon partenaire pour les sources chaudes sauvages, tout ceci m’a nargué pendant des jours après le rituel. J’ai gardé tout cela sous contrôle en riant en apparence, alors que d’autres auraient raconté leurs expériences Pan-esques, une curieuse peur a commencé à naître en moi.

Quelques jours plus tard, je me suis assise pour mon travail solitaire de transe hebdomadaire et j’ai rejoint dans mon temple astral et appelé mon gardien, qui est apparu sous la forme d’une araignée. Je m’apprêtais à effectuer un travail vraiment intense, lorsque j’ai senti une présence dangereuse à l’extérieur du cercle. C’était la première fois que je me sentais menacée en astral et ce qui était encore pire, c’est que je ne parvenais pas à discerner ce que je percevais. J’ai envoyé l’araignée pour voir ce qu’il se passait. Il (ndlt : c’est un mâle ^^) est revenu en se moquant de moi.

« Pan est là-bas », a-t-il dit.

« Pan ? » j’ai paniqué. « Que veut-il ? »

« Je ne sais pas ». Il a haussé ‘les épaules’ (de ses huit pattes). « Demande-le-lui ».

« Tu es le gardien. Tu vas lui demander. » L’araignée est partie et est revenue en un éclair, comme d’habitude en astral.

« Il veut te parler. Il veut s’excuser. »

J’étais abasourdie. À présent, je pouvais voir à travers la brume à l’extérieur du cercle et bien sûr, il y avait Celui aux pieds de bouc, un géant dominant mon temple, accroupi sur un genou, il me regardait tel un chiot battu. Il était pathétique. Je ne pouvais le croire.

« Des excuses ? Pourquoi ? »

« Demande-le-lui. » Il a pointé une patte vers moi avec condescendance. « En tant que gardien, je vais m’assurer qu’il ne t’arrive rien de mal si tu l’invites dans le cercle. »

« D’accord, bien. Il peut entrer. Mais pas de ce machisme de merde, arrogant et écrasant, OK ? »

À cette pensée, Pan s’est manifesté instantanément, comme cela se produit dans le plan astral, amenant avec lui l’odeur des chèvres. Il avait réduit de taille pour atteindre exactement la mienne, toujours sur un genou, de sorte que je baisse les yeux sur lui. Devant moi se tenait un jeune homme aux pattes soyeuses de bouc et avec de petites cornes. Il était absolument superbe, avec ses cheveux châtains, sa barbe courte et ses grands yeux bruns.

« Je suis désolé, » a-t-il dit, et avant de pouvoir lui demander pourquoi, il a poursuivi. « Je suis désolé pour tous les hommes qui t’ont utilisée et qui t’ont abusée au cours de ta vie. Je suis désolé pour toutes les saloperies que ton père et ton beau-père t’ont dites. Je suis désolé pour tes frères aînés et tes anciens amants. Je m’excuse pour ton ex-mari. Je suis navré pour la méchante façon dont les hommes t’ont traitée toute ta vie. »

Il a continué :

« Tu as placé ce fardeau sur mes épaules et alors je dois remplir mon devoir de dieu et l’accepter. »

Il a tendu le bras et a pris mon menton dans sa main pour que je le regarde dans les yeux.

« Sienna, j’accepte la douleur et la souffrance que tu as focalisées sur moi au nom de tous les hommes. J’en assume la responsabilité et je suis réellement navré que tu aies souffert. »

J’ai eu une prise de conscience et j’ai réalisé qu’il avait raison. J’ai pris toute la négativité que l’on m’avait infligée et je lui ai permis de fausser ma perception de la plus puissante déité masculine que je connaissais. Même si j’ai réalisé que Pan était simplement une forme d’énergie et non la cause de mes souffrances, le fait qu’il ait accepté toute cette négativité et s’est excusé pour cela, m’a donné une nouvelle perspective du dieu. Je suppose qu’il devait y avoir des larmes dans mes yeux alors que j’en prenais conscience. J’étais sans voix. Il a embrassé ma main.

« Je veux que tu saches que je t’aime, » dit-il. « Je te suis depuis que tu es gamine, j’ai attendu que tu t’ouvres à moi. »

Il s’est assis à côté de moi sur mon fauteuil astral qui s’est agrandi pour le recevoir et il a passé un bras autour de moi. Pour la première fois, j’ai remarqué son Phallus. Qui ne semblait pas aussi légendaire que ça, ai-je pensé.

« Je ne vais pas coucher avec toi, Pan. » Me suis-je surprise à dire.

« Sienna, je ne suis pas là pour te baiser. Je suis ici pour te dire que je t’aime et que tu n’as pas à craindre mon aspect chez les hommes qui t’entourent. Ils t’aiment tout autant et ne te blesseront jamais intentionnellement. Et moi non plus. Souviens-toi que je ne peux rien faire de toute façon, à moins que tu ne m’y invites. »

Je ne le croyais pas.

« Écoute, je ne les ai pas invités non plus et ils ont quand même profité de moi ! Ces hommes ont pris des choses qui ne leur appartenaient pas. Ils m’ont enlevé ma dignité, ma capacité à prendre des décisions pour moi-même et mon sentiment de sécurité. Ils se sont servis de ma sexualité, de mes capacités mentales et de mon compte en banque pour leur propre usage sans ma permission. Je ne les avais pas invités à le faire et toi, je t’ai seulement invité dans mon cercle, pas davantage, parce que tu es venu en toquant. »

J’ai repoussé son bras et il s’est éloigné du fauteuil qui s’est rajusté à ma taille.

« Maintenant, je commence à me sentir manipulée. Qu’est-ce que les hommes veulent de moi ? Que veux-tu de moi ? »

Il a soupiré profondément.

« Tout ce que je veux, c’est que tu comprennes que les hommes acceptent ce paradigme, car ils subissent un conditionnement social, tout comme les femmes. On leur apprend à dominer et ils ne savent pas comment agir autrement. Aucune école ne leur apprend la limite entre la manipulation et ne pas faire de mal. Si tu ne t’exprimes pas, ils ne savent pas qu’ils te font du mal. Tu peux me le dire maintenant, mais peux-tu le faire au quotidien ? »

Une fois encore, le dieu avait dit vrai. Encore une fois, j’ai eu une prise de conscience. Je n’ai jamais exprimé mon avis auprès de la plupart des hommes de ma vie. Même ce jour-là où il y a eu des frictions entre mon époux et moi-même, parce que je ne lui avais pas dit ce que je ressentais.

« Il n’y a pas autant d’hommes médiums que tu le voudrais. » A-t-il dit en gloussant.

J’ai à nouveau fait rétrécir le fauteuil astral et je me suis dirigée vers lui.

J’ai mis mon menton dans mes mains et me suis penchée sur mes genoux, en lui tournant le dos pour la première fois. J’ai senti ses mains sur mon dos, il frottait doucement mes épaules comme un ami l’aurait fait. Cela me faisait du bien, alors je ne l’ai pas arrêté. Il m’est apparu que j’aimais énormément certains aspects masculins, c’est pour eux que je me suis laissée manipulée tout d’abord.

« Alors en gros, pendant tout ce temps, tous ces hommes voulaient simplement que je dise ce que je pense ? »

« Oui. »

Un flot chaotique d’énergie émotionnelle s’est abattu sur moi et j’ai fait de mon mieux pour m’en purger, les larmes aux yeux, à la fois astrales et physiques.

Des souvenirs d’interactions avec les hommes, d’aussi loin que je pusse me rappeler, défilés devant moi. J’étais en train de revivre de vieilles expériences et je leur donnais enfin un sens, mon corps physique était agité par les sanglots.

Il m’a prise dans ses bras et m’a laissé pleurer sur son épaule nue. L’étreinte d’un dieu est une sensation merveilleuse et indescriptible. C’est comme d’être aimée par l’univers tout entier. C’est comme de s’enrouler dans une matière douce et moelleuse, qui vous caresse à l’intérieur et à l’extérieur. Naturellement, ce n’est qu’une expérience astrale, mais alors que je pleurais, mon corps physique était envahi d’incomparables sensations d’extase. Et ce n’était qu’un simple câlin.

Lorsque toute l’énergie accumulée depuis des années de mauvaise communication a été libérée, toutes les larmes que j’avais retenues ont été versées, il a continué à m’étreindre. J’ai fermé les yeux et me suis ancrée à la terre, mon corps vibrait encore de l’amour de ce dieu mâle compatissant et compréhensif. J’avais tout faux sur son compte, depuis tout ce temps.

Il a attendu patiemment que je m’écarte ou dise quelque chose, mais tout ce que je pouvais faire, c’était me détendre dans ses bras et respirer profondément. Pour finalement retrouver l’état de transe profonde que je recherchais en traçant le cercle et qui m’a permis de faire le vide dans mon esprit. Lorsque j’ai repris mes esprits, il me tenait toujours dans ses bras. Mon corps vibrait encore de son énergie et j’étais toujours emplie d’extase. Et tout cela n’était qu’un simple câlin.

Comment pouvais-je résister ? Bien sûr, je l’ai invité.

Les choses sont plutôt élastiques sur le plan astral. Les choses se produisent instantanément ; les fauteuils s’agrandissent et rétrécissent selon les besoins ; les dieux peuvent changer leur taille à volonté ou la taille de toute partie d’eux-mêmes.

C’était vraiment légendaire.