L’Armée du Ciel & la Charge de la Déesse

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Écoutez les paroles de la Déesse Étoile ; celle dont le corps encercle l’univers et dont la poussière des pieds abrite les armées du ciel.

Extrait de la Charge de la Déesse (1957)

Que sont ces armées célestes qui se tiennent en nuées aux pieds de notre Déesse Étoile ? L’expression « armées du ciel » ou, en anglais hosts of heaven, est employée dans la version de 1957 de la Charge de la Déesse, réécrite par Doreen Valiente. Cette expression semble avoir été empruntée à la Bible mais elle renvoie à un plus lointain passé… Pour en savoir plus, voici l’article Host of Heaven extrait du site Jewish Encyclopedia.

Bonne lecture,
Lune

Host of Heaven צבא השמים

Ce terme apparaît plusieurs fois dans la Bible, mais pas toujours avec un sens défini. Le mot « tsaba » désigne habituellement une armée, et implique ainsi un vaste corps d’hommes organisés et commandés ; cependant, il exprime également la notion d’une foule nombreuse effectivement engagée dans la guerre. Le singulier de « tsaba » a une signification différente de son pluriel tel qu’employé dans l’expression « Yhwh des armées », un nom fréquent bien que relativement tardif pour le Dieu d’Israël. Dans cette expression, il est plus probable qu’il s’agisse d’une référence aux armées d’Israël, avec Yhwh à leur tête, en marche pour le combat. D’autant plus probable que l’expression « armée du ciel » recouvrait, à l’origine, l’idée d’étoiles déployées en ligne de bataille (comp. aux Juges v. 20), avec un fond mythologique, remontant peut-être jusqu’aux conceptions Assyro-Babyloniennes (voir Zimmern in Schrader, « K. A. T. » 3d ed., p. 421).

L’armée du ciel est décrite comme le destinataire de vénération idolâtre (Deut. iv. 19, xvii. 3; II Rois xvii. 16, xxi. 3, 5; xxiii. 4; Jer. viii. 2, xix. 13; Zeph. i. 5). La mention expresse du soleil, de la lune et des étoiles formant « l’armée du ciel » dans ce contexte ne laisse aucun doute sur les corps astraux et leur culte auxquels il est fait référence. Le culte des astres était pratiqué chez les Cananéens, comme le nom de nombreuses villes anciennes l’indique (par exemple, Jéricho = « ville de la lune »), et le caractère astral de la religion Assyro-Babylonnienne est bien authentifié. Le culte de « l’armée du ciel » était en vogue chez les Hébreux, mais qu’il s’agisse d’une imitation des coutumes de leurs voisins ou de l’expression de leur propre religion polythéiste originale (comme le suggère Hommel) ceci demeure du domaine de la conjecture. Certains rois sont considérés comme ayant été particulièrement dévoués à cette forme d’idolâtrie (par exemple, Manasseh et Ahaz; II Rois xxiii. 3, 5, 12). Il y a lieu de se demander si מלכת השמים (Jer. vii. 18, xliv. 17-19, 25) doit être lu « reine du ciel » ou « royaume du ciel. » Si la dernière traduction est acceptée, « armée du ciel » est synonyme ; et même si le signe diacritique indiquant « reine du ciel » est préféré, cette expression jette la lumière sur les connotations de l’autre (Stade « Zeitschrift, » vi. 123 et seq., 289 et seq. ; Schrader « Sitzungsberichte der Berliner Akademie, » 1886, pp. 477-491; « Zeit, für Assyr. » iii. 353-364, iv. 74-76).

Ce qu’implique l’expression dans d’autres passages, pour lesquels on a considéré qu’elle désignait les « anges » (I Rois xxii. 19; II Chron. Xviii. 18), est relatif au sens de regroupement ou rassemblement des étoiles, pour qui les honneurs divins sont rendus individuellement ou collectivement. Les grandes étoiles (= les dieux ; par exemple, Ishtar) « rassemblent » leur cortège d’étoiles plus petites, qui les gardent. Ceci n’est naturellement pas pris en compte dans la phraséologie de la religion plus tardive et pure de Yhwh. Yhwh est accompagné de son « armée » et le terme polythéiste d’origine a été conservé comme une expression poétique (Ps. ciii. 21, cxlviii. 2). Les déités-étoiles originales ayant été considérées comme des guerriers mobilisant leurs forces pour le combat (même Yhwh est un « homme de guerre »), les implications d’une armée disciplinée sous le commandement d’un chef sont naturellement associées à l’expression « armée du ciel » (comp. Josué v. 14; Dan. viii. 10). Dans Isa. xxiv. 21 (Hebr.), « armée d’en haut » est utilisé, le terme véhicule la même idée que « l’armée du ciel » ; le contexte montre que cette variante également, prend ses racines dans quelque conception mythologique, peut-être au sens apocalyptique, comme c’est le cas également dans Isa. Xxxiv. 4. « L’armée des étoiles » (les dieux) est considérée dans la religion plus tardive comme étant l’assemblée des anges.

Bibliographie :
Smend, Alttest.Religionsgesch. Index;
Ewald, Die Lehre von Gott, Index;
Stade, Gesch. des Volkes Israel, ii. 236-238;
Montefiore, Hibbert Lectures, p. 425, London, 1892;
Baudissin, Studien, Leipsic, 1876.

Crédit photo : Thomas Rusch