Les deux sorcières, un conte de fées moderne

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Les deux sorcières, un conte de fées moderne. Par Mike Nichols, traduction et adaptation Lune

Il était une fois deux sorcières. L’une était une sorcière féministe et l’autre était une sorcière traditionaliste.

Et bien que chacune fût profondément croyante, elles avaient toutes deux des idées plutôt différentes sur la signification de leur religion.

La sorcière féministe tendait à croire que la Sorcellerie était une religion qui convenait particulièrement aux femmes parce que l’image de la Déesse s’y prêtait et était une arme puissante contre la tyrannie patriarcale.

Et il y avait de la méfiance dans le cœur de cette sorcière envers la sorcière traditionaliste. En effet, de son point de vue, la traditionaliste lui semblait subversive et était une menace pour « la cause ».

La sorcière traditionaliste tendait à croire que la Sorcellerie était une religion qui s’adressait autant aux femmes qu’aux hommes, car rien n’est moins indissociable. Et bien que la déesse fut adorée, on prit soin d’honorer le Dieu de la Nature, le Cornu, en toute égalité.

Et il y avait de la méfiance dans le cœur de la sorcière traditionaliste envers la féministe. Ainsi, de son point de vue, la féministe ressemblait à une retardataire et était une menace pour « la Tradition ».

Ces deux sorcières vivaient au sein de la même communauté, mais chacune appartenait à un coven différent. Ainsi, elles ne se confrontaient pas souvent. Aussi bizarres à dire, les quelques fois où elles se rencontrèrent, elles éprouvèrent l’une pour l’autre une sorte d’étrange attraction, au moins sur le plan physique. Qui aurait cru à cette folle attirance ? Folle parce que leurs idéaux étaient deux mondes à part et on aurait pu penser que rien ne les aurait rapprochés.

Au bout d’un an, la communauté décida de tenir une grande réunion (ndt : un grand coven) où tous les covens de la région furent conviés.

Une fois les rituels, les chants, la pratique magique, la fête, la poésie et les danses terminées, tous se retirèrent dans leurs tentes et sacs de couchage. Tous sauf deux personnes.

Elles étaient troublées par leurs différences et ne pouvaient pas s’endormir.

Elles restèrent seules, assises près du feu de camp tandis que d’autres autour d’elles rêvaient déjà. Puis au bout d’un moment, elles se mirent à parler de leurs vues divergentes à propos de la Déesse. Et comme elles étaient toutes deux des sorcières inexpérimentées, elles commencèrent à se disputer sur ce qu’était la « véritable » image de la Déesse.

« Décris-moi l’image que tu as de la Déesse ! » défia la sorcière féministe.

La sorcière traditionaliste sourit, soupira et lui répondit d’une voix passionnée :

« Elle est l’incarnation de la grâce. La quintessence de la beauté féminine. Je la dépeins avec une épaisse chevelure d’un blond argenté, tel un clair de lune, et qui retombe sur ses épaules. Son corps est jeune et voluptueux tel celui d’une toute jeune fille et ses habits sont des plus sensuels et fins comme de la mousseline épousant parfaitement ses formes sveltes. Je la vois danser dans la clairière telle une nymphe de féerie, illuminée par le clair de lune, elle exécute la danse des prêtresses du temple. Elle appelle son amant, le Cornu , d’une voix douce, tendre et sucrée, pareille à la musique cristalline d’une cloche givrée de glace. Elle est Aphrodite, déesse sensuelle de l’amour. Et son amant répond à son appel, parce qu’elle est destinée à être la Grande-Mère. Voici comme je la vois. »

La sorcière féministe partit d’un rire moqueur et dit :

« Ta Déesse est une poupée Barbie cosmique ! L’archétype Junguien d’un leader ! Elle n’est que paillettes et sans substance !

Où est sa Force ? Où est sa Puissance ?

Je vois la Déesse de manière très différente. Pour moi, elle est l’incarnation de la force, du courage et de la sagesse. Un symbole vivant du pouvoir collectif des femmes du monde entier. Je l’imagine avec des cheveux aussi noirs qu’une nuit sans lune et coupés courts pour un aspect pratique sur les champs de bataille. Elle a le corps musclé d’une femme au sommet de sa forme et sa santé. Et ses habits sont plus pratiques que sensuels, pas de robes moulantes pour cocktail. Elle ne se maquille pas, ni ne se parfume les cheveux, ni ne s’épile les jambes pour satisfaire la vanité des hommes. Elle n’exécute pas de danses érotiques pour attirer un homme à elle. Car lorsqu’elle appelle un mâle, d’une voix dure et provocante, il devra aller à la bataille avec son ego tyrannique masculin. Elle est Artémis la chasseresse et tout homme qui osera poser son regard sur elle, cela lui sera fatal. Et bien qu’elle doive être la mère aux nombreux seins, elle est aussi la Vieille Femme sombre de la Sagesse, qui détruit le vieil ordre. Voici comme je vois la Déesse. »

La sorcière traditionaliste partit d’un rire moqueur et dit :

« Ta Déesse est l’antithèse de la féminité ! Elle est Yawheh se cachant derrière un masque féminin ! N’oublie pas que ce sont ses adeptes qui brûlèrent les sorcières pour avoir fait « le péché » de « peindre leur visage ».

Après tout, les sorcières possédaient les connaissances des Plantes et étaient celles qui développèrent l’art des cosmétiques. Alors qu’en est-il de la beauté ? Qu’en est-il de l’amour et du désir ?

Leur conversation s’emportait et le son de leurs voix réveilla l’aînée du grand coven qui dormait tout près.

L’aînée du coven se mit à la recherche des deux sorcières et se tournant de nouveau, ne disant rien durant un long moment. Alors l’aînée prit la parole et suggéra aux deux sorcières de pénétrer, chacune de son côté, dans les bois afin qu’elles y recherchent, par la magie et la méditation, une « véritable » vision de la Déesse. Elles acceptèrent. Après le temps des invocations, il y eut un moment de calme parfait. Alors on put apercevoir une lueur vacillante provenant de la forêt. Une lumière d’un vert profond nuancée par les denses feuillages. Les deux sorcières accoururent alors vers la source de lumière. À leur étonnement et stupéfaction, elles découvrirent la Déesse. Celle-ci apparut dans une clairière, face aux sorcières, mais de façon à ce qu’aucune des deux ne puisse voir l’autre.

Et la sorcière traditionaliste s’écria « Que t’avais-je dit ?” Au même moment, la sorcière féministe s’écria « J’avais raison !” Et donc aucune des deux sorcières n’entendit l’autre.

À la sorcière féministe, la Déesse était apparue telle la lumineuse matrice de pouvoir et de force, pleine de courage et débordante d’énergie. La Déesse semblait lui offrir ses bras afin de l’étreindre comme une sœur d’armes.

À la sorcière traditionaliste, la Déesse était apparue au zénith de la beauté féminine, elle jouait de la harpe et chantait une chanson sensuelle telle une sirène. Son énergie semblait jaillir vers elle. La Déesse semblait lui offrir ses bras pour l’étreindre de manière charmante (ndt : Attrayante).

Depuis chaque côté de la clairière, les deux sorcières coururent vers l’apparition de la Déesse, toutes deux l’aimant tant, elles désiraient être tenues dans l’extase de Son étreinte divine. Mais juste avant qu’elles ne parviennent jusqu’à Elle, l’apparition s’évanouit.

Elles furent saisies de se retrouver s’étreignant l’une l’autre. Puis, elles entendirent la voix de la Déesse. Et de façon assez curieuse, cette voix sembla être la même à toutes les deux. Elle résonna telle à un rire :-).

Le site de Mike Nichols
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