La chat, familier de la sorcière

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Par Doreen Valiente. Extrait du livre : « An ABC of Witchcraft ». Traduction & adaptation : Lune.

Selon la croyance populaire, le chat est une créature de la sorcellerie et tout particulièrement le chat noir. Nulle représentation artistique de la chaumière de sorcière d’autrefois ne serait complète sans Baudrons ou Grimalkin, le poil soyeux, ronronnant, installé près du feu et qui observe tout ce qui se passe de ses yeux brillants.

Toutefois, le chat de la sorcière n’est pas nécessairement noir. Dans Macbeth, c’est un chat tigré qui miaule de manière significative et son nom « Grimalkin » signifie chat gris. En effet, toute la royale race des chats possède quelque chose de magique et de mystérieux.

Sarcophage de chat, Musée du Louvre. Bois enduit et peint ou doré.

Ils ont probablement hérité cette qualité de l’Égypte antique, où ils étaient des animaux sacrés. Bast, la déesse chatte égyptienne semble avoir été une forme féline d’Isis. Bubastis était sa ville sacrée. Là-bas ainsi qu’en d’autres endroits d’Égypte, des milliers de chats momifiés avec soin et enterrés pieusement ont été découverts. Le British Museum possède un certain nombre de magnifiques reliques du culte des chats de l’Égypte antique : notamment des sarcophages creux ou des statuts aux formes réalistes de chat dans lesquels étaient placés les corps momifiés des animaux domestiques décédés.

Les chats sont connus en Grande-Bretagne depuis les temps anciens. Le chat domestique de l’Égypte antique a été introduit en Bretagne par les Romains. Un certain prince gallois du nom de Hywel instaura une loi spéciale pour la protection des chats. Il était de toute évidence un amoureux des chats. Mais les chats représentés dans les vieilles églises ont généralement un aspect sinistre. De façon grotesque, les démons félins sculptés dans la pierre regardent avec mépris le croyant, en particulier dans certaines de nos églises de la période normande. Il s’agit d’un autre exemple de dieux de l’ancienne religion qui sont devenus les démons de la nouvelle.

Une sorcière nue chevauche un bouc dont elle tient, de la main droite, l’une des cornes, tandis que, de la main gauche, elle tient un chat. Voussoir de droite du portail ouest de la cathédrale de Lyon, XIVe siècle.

Une étrange et célèbre sculpture rattachée à la sorcellerie orne la cathédrale de Lyon, elle représente une sorcière nue  qui tient à bout de bras un chat par ses pattes arrière, tandis qu’elle chevauche un bouc doté de formidables cornes, mais qui possède un visage humain. Son seul vêtement, une cape, flotte au vent derrière elle. D’une main, elle se tient à la corne du bouc et de l’autre elle empoigne le chat.

Les sorcières étaient souvent accusées de se transformer en chat dans le but d’agresser des gens ou pour courir lestement la nuit vers quelque mission mystérieuse. Les habitudes nocturnes du chat, ses yeux semblables à la lune et ses affreux miaulements à la minuit ont tous contribué à sa sinistre réputation. Tout comme la nature électrique de sa fourrure, dans laquelle des étincelles d’électricité statique peuvent être observées lorsqu’on caresse le chat dans l’obscurité.

On disait que, parfois, le diable apparaissait au Sabbat sous la forme d’un énorme chat noir. On peut se demander s’il ne s’agit pas là d’une lointaine réminiscence d’un ancien culte dédié aux chats. On croyait que les dieux païens apparaissaient parfois sous l’aspect d’animaux. Diane prenait la forme d’un chat et Pan d’un bouc. Les divinités des sorcières étaient en fait des aspects de Pan et de Diane, le Dieu Cornu et la Déesse de la Lune. Et dans les légendes et croyances populaires, le chat et le bouc sont les animaux les plus souvent associés à la sorcellerie.

À ce jour, il existe des gens qui ont peur qu’un chat noir croise leur chemin. Bien qu’ils ignorent probablement l’origine de cette croyance, à savoir que l’animal pourrait bien être une sorcière ayant pris la forme d’un chat. D’autres, toutefois, considèrent le chat noir comme un symbole de chance. La vieille comptine populaire nous dit :

Whenever the cat of the house is black,
The lasses of lovers will have no lack.

Dès lors que noir est le chat du foyer,
D’amoureux, les jeunes filles ne viendront pas à manquer.

(Ndlt : bref, les chats noirs apportent l’amour ;o))

Les gens portent des breloques (charmes) et des broches en forme de chat noir. Et dans les années 1920-1930, les théières représentant des chats noirs étaient très en vogue, comme c’est le cas des lampes de table aujourd’hui (ndlt : le texte date de 1973).

Il existe d’innombrables histoires de chat capable de voir des choses invisibles aux yeux humains. En effet, il n’est guère d’authentique amoureux des chats qui ne puisse vous relater une anecdote sur les pouvoirs psychiques ou télépathiques de leur animal. L’auteur de ce livre a entendu parler de deux cas (l’un observé par sa propre mère) de chats capables de projection astrale. C’est-à-dire qu’ils ont été vus en un endroit alors qu’il a été prouvé qu’ils étaient endormis en un autre lieu.

Les chats apprécient clairement les séances spirites, comme je l’ai moi-même observé. L’une de mes amies spirites a tenté de son mieux de faire sortir son chat de la pièce où avaient lieu les séances, car elle croyait que le chat « prenait le pouvoir ». Je ne sais pas vraiment ce qu’elle entendait par là, mais le chat refusait cette exclusion et essayait tous les trucs qu’il connaissait (et les chats en connaissent beaucoup) pour se glisser dans la pièce et participer à la séance.

Cependant, d’autres amis spirites acceptaient la volonté du chat à être présent lors des séances et ce chat en particulier, un énorme matou noir castré, pénétrait majestueusement dans la pièce où se tenaient les séances et présidait la réunion.

L’un ou l’autre de ces chats, s’ils avaient vécu quelques siècles auparavant, auraient été très appréciés en tant que familiers de sorcière. La croyance qui associe au chat des pouvoirs occultes est l’une des survivances les plus fortes de la vieille tradition des sorcières.

« Un sorcier et son familier », gravure d’après un tableau du XVIIe siècle attribué à Jordeans.