L’usage des plantes en sorcellerie

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Par Artus © 2006-2014

Dans l’esprit de la plupart des gens, et il faut bien reconnaitre qu’il existe tout une littérature qui entretient ce mythe, les sorcières utilisaient des onguents à base de solanacées toxiques (belladone, mandragore, datura, morelle, jusquiame, etc.) pour aller au sabbat. Ceci en soit n’est pas complètement faux, mais ce n’est pas aussi simple que cela. On pourrait croire qu’il suffit de se badigeonner d’onguent, d’attendre l’effet psychoactif des plantes qu’il contient, et de se retrouver au sabbat. Je pense qu’en croyant cela, on commet deux erreurs. Les solanacées n’étaient pas utilisées à des doses véritablement psychoactives, et ce n’est pas elles qui étaient le moyen principal pour induire la transe.

Je m’explique.

Déjà les recettes d’onguents que l’on trouve un peu partout dans les livres n’ont rien d’authentique. Elles contiennent souvent des plantes du style datura qui n’existaient pas à l’époque médiévale en Europe [Note de Lune : vraisemblablement le datura aurait été importé des Amériques seulement au XVIe siècle par les Espagnols. C’est le médecin espagnol Francisco Hernandez qui le premier donna une description du Datura, sous le nom de « Toloatzin » – cf. Rerum medicarum Novae Hispaniae thesaurus]. Ce sont probablement des inventions récentes des occultistes du XIXe siècle. Je doute fort que les auteurs de telles formules aient eu une quelconque expérience avec les plantes. Ils auraient été un peu moins dans l’intellect, le mystère et la superstition. Je suis absolument persuadé qu’ils n’ont jamais testé leurs recettes. Et les personnes qui entretiennent ce genre de mythes encore aujourd’hui, en plus d’être des mythomanes, sont des criminels.

J’ai vécu plusieurs expériences avec des solanacées à des doses psychoactives. Dans tous les cas, au plus fort de l’expérience, il ne reste qu’une sorte de trou noir, un peu comme après une grosse cuite, où l’on a fait des choses dont on ne se rappelle pas. Dans tous les rapports d’expérience que j’ai pu lire, on trouve la même chose. Et toutes les personnes qui ont tenté ce genre d’expériences m’ont rapporté la même chose, même lorsqu’il s’agissait de personne très douée pour l’usage des plantes de connaissances. De plus, toutes ne recommandent pas ce genre d’expériences. Beaucoup ont vécu des expériences difficiles ou des intoxications. Personnellement je n’ai rien vécu de tout cela, et pourtant je ne le conseille pas non plus !

Par contre, d’après ces mêmes personnes, et d’après ma propre expérience, ces plantes peuvent être utilisées à des doses très faibles, sans qu’elles soient les maîtresses de la transe, mais juste pour colorer un peu une expérience, lui donner une profondeur ou une richesse particulière. Bien entendu, ces plantes restent dangereuses, et il ne faut surtout pas tenter ce genre d’expériences sans une très bonne connaissance des solanacées. D’autant que si l’on n’a pas une bonne expérience de la transe sans plantes, cela ne sert à rien.

Par contre, on peut tout à fait atteindre les expériences habituellement décrites en combinant un usage léger des ces plantes avec par exemple un rituel, des percussions, une relation sexuelle sacrée, etc. A vrai dire, on peut également y arriver sans plantes, mais avec, c’est plus particulier. En bref, ne jouez pas aux apprentis sorciers, ces plantes n’ont aucun intérêt lorsque l’on débute. Elles ne vous feront pas avancer plus facilement. Elles ne provoqueront pas de jolies expériences clef en main sans que vous vous en soyez donné la peine.