Les prières du chamanisme maya d’aujourd’hui

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Par Bruce Love. Extrait du livre Maya Shamanism Today: Connecting with the Cosmos in Rural Yucatan. Traduction & adaptation : Lune.

Les prières des chamanes, en substance, sont de longues listes de noms sacrés, comprenant les dieux Maya, les saints catholiques, les autels sacrés, les sites archéologiques, et les cénotes ou les sources souterraines. On nomme également les participants, les offrandes, le jour et l’heure. Dans le cas du waajil kool, on peut donner la taille du milpa (champs de maïs), par exemple, 60 mecates. Nommer est la clef. Plus le registre d’entités est complet, meilleur en est l’effet.

chamane-mayaUn chamane apprenti asperge le bâalche’ (boisson rituelle à base de miel fermenté et d’épices) sur le chan mesa, le petit autel, sous la surveillance directe de Don Esperidion.

Presque toujours, la Sainte Trinité vient en premier, par exemple, tu kili’ich Kaaba’ Dios Yuumbil, Dios Meejembil, Dios Espiritu Santo, « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Pour donner un exemple de dénomination, dans les prières du waajil kool de Becanchen, Don Ramon prie :

« Je me tiens ici devant le mesa, j’offre ces premiers fruits à… » et ici s’ensuit une récitation des noms des baalamo’ob, « esprits protecteurs », kanaano’ob, « gardiens », iik’o’ob, « vents », meyajo’ob, « spirit workers », jòojaya’ab, « arroseurs », et les petala’ab, « dirigeants ». Les offrandes elles-mêmes sont appelées : boisson à base de maïs, miel fermenté, soupe au pain (breadcrumb soup), pain (layered breads), cigarettes, poulets et dindes.

Ensuite les noms des Saints catholiques, d’abord les femmes, puis les hommes : Santa Ana, Santa Lucia, Perfecto Socorro, Santa Librada, Santa Asuncion, Notre Dame de Fatima, Notre Dame de Guadalupe, Santa Maria et Santa Marta. Les saints masculins sont San Juan Bautista, San Pedro, San Isidro, San Antonio, San José, San Joaquin, San Filip, San Lorenzo, San Buenaventura, San Francisco, San Dimas, San Martin, San Bernardino, l’Archange San Miguel et Nino de Atocha. Il y a aussi les santos sacrés régionaux : Tres Reyes de Tizimin, San Roman Campeche, Santiago Halacho et Santo Cristo Chumayel.

Tous ont été nommés, plusieurs fois, dans le bon ordre, afin de fournir une protection à Luis Xool, le fermier qui produit du maïs, et à sa famille et son milpa. Les prières sont longues et lentes, habituellement juste un murmure. Les paroles elles-mêmes sont sacrées, uuchben z’aan, « paroles anciennes ». Une simple prière peut durer jusqu’à 30 minutes, comprenant habituellement de multiples répétitions de phrases et bouts de phrases.

Les prières sont entrecoupées de phrases en maya, qui connectent les parties entre elles, des phrases comme utia’al bakaan xan qui ne peuvent être traduites directement, mais qui, lorsqu’elles sont répétées encore et encore, forment un rythme liturgique. Les participants extérieurs généralement n’écoutent pas ou n’essaient pas de comprendre les prières. Ils parlent calmement entre eux et s’affairent à préparer les offrandes de nourriture et libations pendant que le j-meen se concentrent sur l’autel, le consacrant grâce à d’anciennes paroles sacrées.